volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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709 SERMONS. 710><br />
quelque gloire. Or ceste malheurté-la (dit S. Paul)<br />
monstre qu'il faut que nous venions tous nuds devant<br />
Dieu et vuides, à fin que nous soyons enrichis<br />
de sa pure et gratuite bonté. Au reste quand<br />
il parle des oeuvres de la Loy, c'est pource que<br />
s'il y avoit quelque mérite, ce seroit à cause de la<br />
paction que nous avons desia alléguée, Qui fera<br />
ces choses, il vivra en icelles. Prenons le cas qu'il<br />
n'y eust jamais nulle Loy publique : tant y a que<br />
pour cela les hommes ne seront point plus agréables<br />
à Dieu. Et de son costé il ne nous peut<br />
rien devoir: car il est dit que quand nous aurons<br />
fait tout ce qui nous est commandé encores faudroitil<br />
confesser que nous sommes serviteurs inutiles.<br />
Et pourquoy? Sommes-nous en nostre liberté?<br />
T a-il rien en nous qui nous appartiene et qui<br />
nous soit propre? Ainsi donc encores ne pouvonsnous<br />
alléguer aucun mérite, quand nous aurions<br />
[pag. 152] accompli la Loy en perfection. Et dont<br />
est-ce donc que despend la confiance que les<br />
hommes prenent en toutes leurs oeuvres? De ceste<br />
promesse, Qui fera ces choses il vivra en icelles.<br />
Car Dieu s'est là obligé de son bon gré, combien<br />
qu'il n'y fust point tenu par raison. Ainsi donc<br />
quand sainct Paul parle des oeuvres de la Loy, il<br />
monstre, combien que Dieu ait promis à ceux qu'il<br />
a promis, que tous ceux qui accompliront tout ce<br />
qu'il a commandé en la iustice de Loy, qu'ils seront<br />
reputez iustes, et qu'ils auront la vie éternelle: toutesfois<br />
les oeuvres de la Loy ne peuvent rien faire.<br />
Et pourquoy? d'autant qu'elles nous laissent tousiours<br />
en condamnation: car nous ne cessons de<br />
l'offenser, et celuy qui sera le plus iuste, ne pourra<br />
pas toutesfois s'aquitter de la centiesme partie. Et<br />
qui sera-ce donc sinon que nous baissions tous la<br />
teste, et que nous venions nous iecter tous aux<br />
pieds de nostre iuge pour luy demander pardon? ainsi<br />
qu'il sera déduit plus au long. Or revenons a ce<br />
passage qui depend de ce que i'ay desia touché,<br />
c'est que Iesus Christ nous est proposé et mis en<br />
avant pour nous iustifier de toutes les choses dont<br />
la Loy de Moyse ne nous a peu iustifier. Car il<br />
sembleroit bien que tant aux ceremonies qu'à tout<br />
le reste de la Loy, les hommes eussent quelque aide<br />
pour se faire valoir devant [pag. 153] Dieu, et luy<br />
estre agréables: car s'ils avoyent failli, les Sacrifices<br />
estoyent remèdes propres, ils avoyent l'aspersion<br />
du sang pour se nettoyer, ils avoyent aussi les lavemens<br />
qui servoyent de satisfaction envers Dieu,<br />
et puis tant d'autres promesses. Il sembloit donc<br />
que ce fust pour estre approuvez de Dieu: rien,<br />
mais au contraire il a fallu que Iesus Christ soit<br />
venu pour nous iustifier des choses dont la Loy ne<br />
nous pouvoit iustifier. Et qu'est-ce à dire nous iustifier<br />
des choses? C'est à dire nous en absoudre.<br />
Nous voyons par ce passage-la ce que i'avoy'dit au<br />
paravant, c'est que la iustice dont Moyse parle ici,<br />
n'est pas une chose qui reside en nos personnes,<br />
mais la remission gratuite de Dieu, quand il nous<br />
est propice et favorable, et qu'il nous aime, combien<br />
que nous n'en soyons pas dignes: car ce qui est ici<br />
declairé par Moyse ne se trouvera pas en tous hommes,<br />
mais en Iesus Christ nous trouverons dequoy<br />
estre iustifiez. Et comment? C'est que le diable<br />
nous accuse et que Dieu soit 'prest à nous iuger<br />
et condamner: voila nostre Seigneur Iesus Christ<br />
qui respond pour nous comme nostre pleige. Voila<br />
son obéissance qui nous sert de manteau pour couvrir<br />
toutes nos rebellions et iniquitez. Il a satisfait<br />
pour nous, et nous a acquitez de toutes nos debtes<br />
par le mérite de sa [pag. 154] mort, et puis il<br />
a espandu son sang pour nostre lavement: brief,<br />
nous trouvons en la personne du Fils de Dieu tout<br />
ce qui est requis pour nous rendre agréables, d'autant<br />
que nos péchez ne nous sont plus imputez.<br />
Voila donc en somme ce que nous avons encores<br />
à retenir sur ce passage. Or il reste de passer plus<br />
outre, c'est assavoir, quand Dieu nous a ainsi receus<br />
à merci pour un coup, comment il continue<br />
à nous tenir et avouer pour iustes tout le temps<br />
de nostre vie, et en la mort mesmes:. car c'est le<br />
principal où il nous faut venir, toutesfois cela ne se<br />
pourra pas traitter maintenant. Il suffira donc à<br />
fin que les choses soyent bien retenues, d'avoir cognu<br />
quelle ouverture il nous faut avoir pour estre participai<br />
du salut. éternel qui nous a esté apporté<br />
par le Fils de Dieu, c'est que nous sachions combien<br />
nostre condition est miserable, et que ce ne<br />
soit point pour le confesser de bouche, et pour en<br />
avoir quelque imagination volage; mais que nous<br />
soyons navrez d'une telle tristesse que nous soyons<br />
confus devant Dieu iusques à nous hair et nous<br />
despiter contre nous mesmes. Quand nous serons<br />
ainsi nos iuges, voila comme nous serons absouts<br />
de Dieu. Quand nous serons ainsi morts en nousmesmes,<br />
voila comme nous trouverons nostre vie en<br />
Iesus Christ. Car il ne [pag. 155] suffit point que<br />
nous cognoissions que nous sommes povres malades,<br />
et que nous sommes povres et indigens: mais il<br />
faut que nous soyons morts du tout, à fin que nous<br />
soyons vivifiez parla seule grace de nostre Seigneur<br />
Iesus Christ. Et sur cela que* nous venions à ceste<br />
humilité que l'Esçriture requiert de nous, qui est<br />
pour rendre à Dieu l'honneur qui luy appartient.<br />
Ce n'est point sans cause que David dit que le Sacrifice<br />
que Dieu demande, est un coeur humble et<br />
abatu: car autrement nous ne pouvons avoir accez<br />
à luy, iusques à ce que nous soyons pleinement<br />
anéantis. Ainsi donc il faut qu'il y ait une telle<br />
affection que nous soyons angoissez en nos destresses,<br />
et alors nous confesserons à bon escient que nous<br />
ne sommes point iustes. Alors aussi nous serons<br />
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