volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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725 ßERMONS. 72£<br />
qu'elle défaut, en cela elleiustifie. Gomment, d'autant<br />
qu'elle défaut? Ouy bien: car comme i'ay dit,<br />
il n'est point question qu'elle face rien, qu'elle ait<br />
quelque vigueur de soy-mesme, mais elle reçoit<br />
simplement ce qui est donné de Dieu. Ainsi donc<br />
quand il n'y auroit qu'une petite portion de foy<br />
comme une estincelle [pag. 185] par manière de dire,<br />
moyennant que nous prenions ceste conclusion,<br />
que nous n'ayons nulle vie sinon en Iesus Christ,<br />
et qu'il en a la plenitude en soy, de laquelle nous<br />
pouvons puiser et estre rassasiez, il est certain qu'il<br />
suffit. Ainsi donc, que nous apprenions de tellement<br />
croire à nostre Seigneur Iesus Christ, que<br />
quand nous aurons des doutes en nous, toutesfois<br />
ne laissions pas de nous remettre à sa miséricorde<br />
laquelle ne nous peut faillir, et d'y avoir tousiours<br />
nostre refuge, sachans bien qu'il y a perfection de<br />
iustice en luy, et qu'elle y est telle que nous en<br />
serons faits participans, voire quand nous aurons<br />
seulement une petite goûte de foy, comme S. Paul<br />
dit au huitième chap, des Rom. qu'encores que<br />
nous soyons environnez, voire et chargez de ceste<br />
masse de corruption et de péché qui est en nous,<br />
laquelle ne tend qu'à mort, moyennant que Iesus<br />
Christ soit en nous, voila la vie, c'est à dire, que<br />
ce qui est de reste de l'infirmité et de corruption<br />
de nostre chair et autres choses qui pourroyent<br />
empescher nostre salut, le tout sera aboli par<br />
l'Esprit de nostre Seigneur Iesus Christ: que si<br />
nous en avons seulement quelque petite portion, il<br />
ne laissera pas de nous estre pleine vie.<br />
PRIERE.<br />
Or nous-nous prosternerons devant la maiesté<br />
de nostre bon Dieu, en cognoissance de [pag. 186]<br />
nos fautes, le priant qu'il luy plaise nous faire<br />
sentir la vertu qu'il a mise en son Fils unique, et<br />
que ce soit pour nous attirer tellement à soy, que<br />
nous y adhérions du tout. Et que nous apprenions<br />
de nous recueillir sous la fiance qu'il nous en donne,<br />
que nous bataillions contre toute infirmité, et cependant<br />
aussi que toute presumption et tout orgueil<br />
soit abatu en nous, et qu'il ne reste sinon de confesser<br />
comme il est iuste, qu'ainsi il luy apartient<br />
d'espendre sa iustice sur nous, à fin de nous faire<br />
iouir du fruict qui en procède, c'est assavoir, de<br />
l'héritage de la vie celeste. Que non seulement etc.<br />
La Pin.<br />
QUATRIEME SERMON<br />
DE LA IUSTIFICATION,<br />
Genese Chap. 15.<br />
6. Äbram creut à Dieu, et luy reputa cela à<br />
iustice. 7. Et luy dit, ie suis VEternel qui t'ay tiré<br />
d'TJr de Chaldee pour te donner ceste terre, à fin que<br />
tu la possèdes en heritage.<br />
[pag. 187] Nous dismes hier que Dieu ayant<br />
receu les fidèles en sa grace recognoit aussi en<br />
eux ce qu'il y met. Car par la foy nous recevons<br />
le S. Esprit, d'autant que Iesus Christ n'en peut<br />
estre séparé. Il faut donc que nous soyons renouveliez<br />
en croyant à Dieu, car nous appréhendons<br />
sa vertu, laquelle il nous offre de nous communiquer<br />
en son Fils. Or Dieu ne peut pas mespriser<br />
ou reietter ses dons: il faut donc qu'il accepte les<br />
oeuvres qu'il nous a données, non point qu'elles en<br />
soyent dignes, comme il a desia esté exposé: il y<br />
a tousiours quelque vice pour les corrompre, tellement<br />
qu'elles ne seroyent dignes d'estre mises ni en<br />
conte ni en recepte. Et quand Dieu réprouverait<br />
tout ce bien que nous pensons et voulons faire,<br />
nous ne pourrions pas l'accuser de cruauté. Et<br />
pourquoy? Il y a tousiours à redire: mais tant y<br />
a qu'il ne laisse point encores d'accepter ce qui<br />
n'en est point digne, voire d'autant qu'il nous recognoit<br />
pour ses enfans, et nous supporte ainsi qu'il<br />
le dit par son Prophète. Si donc nous demandons<br />
la cause pourquoy Dieu approuve l'affection que<br />
nous avons de le servir, combien qu'elle soit debile :<br />
c'est pource qu'il nous espargne, et qu'il ne veut<br />
point nous avoir ataché, comme gens mercenaires<br />
[pag. 188], gens à loago, mais il se contente de<br />
voir que nous avons une affection franche et liberale,<br />
ainsi qu'un père ne requerra autre chose à son<br />
enfant. Car encores que l'enfant ait gaste la besongne,<br />
tant y a que le père ne laissera pas de se<br />
resiouir quand il voit que vrayement il a voulu<br />
bien faire. Ainsi !nostre Seigneur nous portant<br />
une amour paternelle, oublie tout le mal qui est<br />
en nos oeuvres, et ne le veut point attirer à conte.<br />
Yoila, di-ie, en somme comme outre nos personnes<br />
nous sommes aussi iustifiez en ce que nous faisons,<br />
c'est à dire, Dieu nous tient pour iustes, et nos<br />
oeuvres pareillement. Et voila d'où procède ce<br />
mot de Salaire dont il est tant souvent parlé en<br />
l'Escriture: car non seulement en la Loy, mais<br />
aussi en l'Evangile Dieu declare que ceux qui le<br />
serviront fidèlement ne perdront point leur peine,<br />
et qu'ils ne seront point frustrez de leur attente.<br />
Et pourquoy? Ils ont leur loyer certain qui leur<br />
est réservé au ciel. Et comment cela se peut-il<br />
accorder avec ce que nous avons traitté? C'est que<br />
si nous estions reputez iustes par nos oeuvres, que<br />
la foy seroit anéantie et les promesses seroyent<br />
abolies, comme S. Paul en parle. Or il y aura<br />
bon accord quand l'un dépendra de l'autre. Et si<br />
nous voulons mettre en balance nos oeuvres d'un<br />
costé, et la grace de Dieu à l'opposite, il est certain<br />
qu'il y aura là contrariété [pag. 189]. Mais<br />
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