volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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677 SERMONS. 678<br />
violence mesohante. Oar on se deffendra contre un<br />
Roy et contre un Prince, s'ils veulent assaillir ceux<br />
qui sont paisibles, et qui ne demandent que de<br />
vivre en amitié. Ainsi donc qu'on ait tousiours ce<br />
regard-la de ne se point faire valoir, et n'appeter<br />
point la substance d'autruy: ou bien quand on<br />
prendra les armes, qu'on regarde ce qui est ici<br />
récité d'Abram [pag. 87], afin que chacun s'y conforme.<br />
Oar le sainct Esprit ne l'a point seulement<br />
voulu louer de ce qu'il n'y a eu nulle avarice en luy,<br />
et qu'il a mesprisé or et argent: mais il nous l'a<br />
proposé comme un miroer, afin que nous appre-<br />
' nions quelle reigle il nous faut ensuyvre pour en faire<br />
ainsi. Nous pourrions avoir des excuses frivoles<br />
pour nous couvrir si nous avons pillé et ravi de<br />
tous costés: mais tout cela ne nous servira de rien<br />
si nous ne nous conformons à l'exemple de nostre<br />
père Abram. Voila donc ce que nous avons à<br />
retenir sur ce passage. Or Abram ne se contente<br />
pas de respondre simplement au roy de Sodome:<br />
mesme il iure, et dit qu'il en a iuré desia, afin<br />
qu'on ne barguigne plus, et que toutes broches<br />
soyent coupées, et qu'on ne dise plus: Et si feras,<br />
il vaut mieux ainsi: il dit: l'ai levé ma main au<br />
Dieu vivant. Or ceste façon de parler, de lever la<br />
main, est d'autant que les hommes, selon qu'ils sont<br />
grossiers et terrestres, ont besoin de s'advertir par<br />
quelque signe quand ils iurent, que c'est comme<br />
appelant Dieu en tesmoin et pour iuge. Il est<br />
vray que le mot l'emporte assez de soy, quand<br />
nous dirons : le proteste devant Dieu, ou Que Dieu<br />
me soit tesmoin, ou Que Dieu me punisse. Quand<br />
nous userons de ces formes de parler, les cheveux<br />
nous doivent dresser en la teste si nous mentons,<br />
ou que nous usions de tromperies. Car Dieu ne<br />
se [pag. 88] renoncera point soy-mesmes pour accorder<br />
à nos mensonges, et il faudroit que sa<br />
maiesté fust anéantie. Car sa vérité luy est aussi<br />
propre que son essence immuable. Les mots donc<br />
emportent assez de soy : mais nous sommes si<br />
pesans, s'il n'y a quelques aides pour nous soliciter,<br />
et quant et quant pour nous faire trembler de la<br />
maiesté de Dieu quand nousiurons, que voila pourquoy<br />
de tout temps l'usage a esté entre les hommes<br />
de lever la main, et Dieu les a conduicts à cela.<br />
On,a donc levé la main en serment: solennel, comme<br />
en faisant nos prières. Quand nous lèverons les<br />
mains, c'est autant comme si nous appellions Dieu<br />
à ce qu'il luy plaise descendre du oiél pour nous<br />
secourir : non pas qu'il change de lieu ne de place,<br />
mais qu'il espande sa vertu tellement que nous la<br />
sentions nous estre présente au besoin. Voila donc<br />
comme par la cérémonie et le geste extérieur nous<br />
monstrous que les prières nous conioignent à Dieu,<br />
et qu'elles font que nous entrions au ciel par foy,<br />
et que Dieu aussi de son oosté descende vers nous,<br />
pour se monstrer prochain. Autant en est-il dit<br />
du serment quand nous levons la main : c'est comme<br />
si nous disions: l'appelle Dieu en tesmoin, et que<br />
ie sois ici devant luy quand ie parle: si ie trompe,<br />
c'est autant comme si i'avois effacé et violé sa<br />
maiesté. Ainsi nous entendons que veut dire ceste<br />
façon de parler [pag. 89]. Et notons bien que le<br />
serment des fidèles doit bien estre poisé deux ou<br />
trois fois: car ceux qui en usent prenant aussi le<br />
nom de Dieu à tout propos, monstrent qu'ils en<br />
sont contempteurs. Que si nous portons reverence<br />
au nom de Dieu telle qu'il mérite, il est certain<br />
que nous ne le prendrons pas ainsi à la volée pour<br />
nous en iouôr comme d'une pelotte: ainsi quand<br />
les sermens trottent en la bouche de beaucoup de<br />
gens, de là on apperçoit leur impieté, et qu'ils<br />
sont gens profanes, et qu'ils ne cognoissent point<br />
Dieu. Or il est vray qu'on n'aura garde de le confesser<br />
: car quand on orra par les marchez et par<br />
les rues qu'on iure sans fin et sans cesse: si on<br />
reprend cela, la response sera: O, de moy, ie ne<br />
laisse pas de craindre Dieu. Voire, mais ils le<br />
veulent donc démentir : car il est certain que nous<br />
monstrerons la crainte que nous luy portons, quand<br />
nous ne prendrons son nom qu'en sobriété, et qu'il<br />
ne sera point profané par nous. Et de fait quand<br />
nous aurons bien regardé quelle est la cause du<br />
serment, il est certain que nous provocquerons tousiours<br />
Dieu à l'encontre de nous, s'il y a aucun<br />
abuz et corruption. Car les hommes mortels,<br />
comme dit l'Apostre, iurent par un plus grand<br />
qu'eux, et Dieu iure par soy mesme, d'autant que<br />
n'y en a point de plus grand. Il faut donc qu'en<br />
tous sermens le nom de Dieu soit interposé. liest<br />
bien vray [pag. 90] quand on dira: Par Dieu, qu'on<br />
n'exprime point de mot en mot que Dieu punisse<br />
et face vengeance: on ne dira point cela, mais c'est<br />
assez que son nom soit là mis en avant comme<br />
iuge. De quelque façon de parler donc qu'on use,<br />
Dieu n'est point sophiste: et aussi nous negaignerons<br />
rien quand nous voudrons faire des subtilz<br />
envers luy, et il est certain que tousiours la confusion<br />
retombera sur nos testes. Et au reste, encores<br />
quand on veut bien declairer un serment, il<br />
est certain que Dieu sera là nommé, et appelé, pour<br />
tesmoin. Or il ne peut estre tesmoin qu'il ne soit<br />
iuge. Et puis il y a quant et quant les imprecations<br />
qu'on appelle, c'est à dire qu'un homme s'offre<br />
à estre puni selon qu'il l'a mérité, quand il abuse<br />
du nom de Dieu. Et voila pourquoy aussi il est<br />
dit tant souvent en l'Esoriture, que Dieu me faqe<br />
ceci et cela, c'est à dire qu'il me punisse et selon<br />
le corps et. selon l'ame. En d'autres passages cela<br />
n'est point exprimé, mais il y a seulement un Sj,<br />
et le propos est rompu comme en ce passage mesmes:<br />
Pay levé ma main au Dieu vivant si i'en<br />
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