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volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE

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761 SEKMONS. 762<br />

si enorme et si detestable que rien plus, et<br />

neantmoins qu'il n'a point désisté. Aprenons<br />

à son exemple, que quand en servant à Dieu nous<br />

serons blasmez du monde, qu'on nous crachera au<br />

visage, et que nous serons condamnez au lieu<br />

d'e8tre prisez, que nous ne laissions pas pourtant<br />

[pag. 258] de tou8iours passer outre. Car si nous<br />

n'avons une telle constance, il est certain que nous<br />

servirons à nostre ambition, et recevrons nostre<br />

salaire comme dit nostre Seigneur Iesus Christ.<br />

Quand les hommes nous auront applaudi, et qu'on<br />

aura trouvé bon tout ce que nous aurons fait, et<br />

que nous serons bien aises d'estre ici louez: n'attendons<br />

rien au ciel, car desia nous avons trop regardé<br />

au monde: mais quand nous pourrons estre patiens<br />

iusques là, que si les hommes tournent en mal ce<br />

que nous faisons pour obéir à Dieu neantmoins que<br />

cela n'empesche pas nostre course, et ne la retarde.<br />

Yoila comme nous monstrerons en vérité que c'est<br />

Dieu, auquel nous taschons de nous approuver.<br />

Brief, si nous ne mesprisons tous iugemens<br />

humains, et que nous portions patiemment tous<br />

les opprobres et ignominies et blasmes qu'on nous<br />

pourroit faire, il est certain que nostre foy ne se<br />

declaire pas comme il appartient. Et voila aussi<br />

pourquoy sainct Paul nous exhorte par son<br />

exemple, de cheminer par infamie comme par bonne<br />

renommée, et de bien faire pour mal ouyr: c'est à<br />

dire, que quand nous aurons eu une intention<br />

droicte, et que Dieu nous sera tesmoin que nous<br />

avons désiré de nous conformer à sa volonté: si<br />

les hommes detractent de nous, s'ils [pag. 259] nous<br />

chargent mesmes de crimes faussement imposez,<br />

contentons-nous que Dieu nous accepte et nous<br />

approuve. Or nous avons auiourd'huy besoin de<br />

ceste doctrine autant que iamais: car en general si<br />

nous faisons profession de Chrestienté, il faut que<br />

nous soyons estimez comme hérétiques, comme de<br />

chiens: et que le monde estime que nous ne cerchon8<br />

que troubles, que nous sommes rebelles, que<br />

nous avons quitté Dieu, que nous sommes, brief,<br />

pires qu'apostats. Voila comme les Papistes parlent<br />

auiourd'huy de nous. Or si nous sommes si<br />

délicats, et que nous ayons les oreilles si chatouilleuses,<br />

comme beaucoup qu'on void qui se voudront<br />

retenir en leur bonne reputation, il est certain qu'il<br />

nous faudra là tout plaquer, et Dieu sera comme<br />

abandonné. Ainsi donc, tant plus nous faut-il bien<br />

méditer ceste doctrine, c'est assavoir, qu'il ne nous<br />

chaille en quelle reputation nous soyons devant les<br />

hommes, moyennant que Dieu nous approuve. Or<br />

il y a aussi en particulier, si un homme chemine<br />

en simplicité, l'un se moquera de luy, l'autre l'appellera<br />

hypocrite, et l'autre dira qu'il fait tout pour<br />

son profit. Et voila comme le diable par telles<br />

astuces tasche de nous desbaucher. Il faut donc<br />

que nous apprenions d'avoir tous nos sens tellement<br />

retenus à Dieu, que quand [pag. 260] les<br />

hommes nous blasmeront iniustement nous ne<br />

soyons point destournez pourtant pour fléchir:<br />

mais que nous regardions tousiours le chemin qui<br />

nous est proposé. Voila aussi que nous avons à<br />

recueillir, quelle vertu il y a eu en la foy d'Abraham,<br />

quand il a esté ainsi rassis, qu'il a prémédité<br />

les choses comme s'il eust esté à son aise. Si<br />

nous avons quelque passion, encores que nous<br />

vueillons bien faire, si est-ce que nous vaguerons<br />

souvent, et tellement eslourdis que nous ne saurons<br />

par où il nous faudra commencer ne quel<br />

ordre nous avons à tenir. Nous le voyons en ceux<br />

qui sont les plus magnanimes, qu'encores en perplexitez<br />

ils n'iront pas si posément qu'il seroit<br />

requis. Or il falloit bien qu'Abraham eust un<br />

esprit aresté au milieu de toutes les fantasies qui<br />

luy venoyent au devant, qu'il pensoit, Voici mes<br />

serviteurs qui me pourront empescher en cest acte,<br />

car ils estimeront que ie soye transporté de mon<br />

sens: il faudra au lieu de lier mon fils que ie soye<br />

lié, et qu'ils me ramènent maugré que l'en aye en<br />

la maison, et que ie soye là tenu comme une beste<br />

sauvage, et comme si Dieu m'avoit condamné du<br />

tout. Abraham prevoid toutes ces choses. Ainsi<br />

nous pouvons iuger par là, qu'au milieu de ces<br />

ténèbres il a esté esclairé de l'Esprit de Dieu, tellement<br />

qu'il [pag. 261] a eu tousiours et conseil et<br />

discretion selon qu'il en estoit de besoin. Or par<br />

son exemple nous sommes advertis, quand nous<br />

aurons des passions grandes qui nous pourroyent<br />

e8tonner, en sorte que nous ne saurions de quel<br />

costé nous tourner, que nous prions Dieu qu'il luy<br />

plaise de nous addresser: et s'il y a des confusions<br />

quant à nostre sens naturel, que la clarté de la foy<br />

qui nous est donnée surmonte tellement que nous<br />

sachions quel chemin nous avons à tenir. Or là<br />

dessus Moyse recite, que Dieu a encores envoyé<br />

une torture plus aspre à son serviteur Abraham<br />

que les autres. Car quand il marche avec son fils<br />

Isaac, il luy dit, Mon père. N'estimons pas que<br />

ceci soit eschappé de la bouche d'Isaac de cas<br />

d'aventure: mais Dieu a voulu ainsi gehenner la<br />

foy d'Abraham, comme s'il luy transperçoit le coeur.<br />

Il n'y a rien qui pust apporter une telle angoisse<br />

à Abraham que ce mot qui est tant amiable, de<br />

dire, Mon père. Voila donc comme un glaive qui<br />

est pour navrer mortellement Abraham: et le tout<br />

(comme i'ay dit) vient du conseil de Dieu, lequel<br />

nous a ici voulu donner un patron, et un miroir<br />

de telle constance, que quand nous aurons à<br />

batailler contre toutes les tentations du monde,<br />

nous sachions qu'à grand'peine en aurons-nous la<br />

centième [pag. 262] partie de ce que nostre père a<br />

enduré et qu'il a surmonté. Abraham luy respond:

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