26.02.2013 Views

volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE

volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE

volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

749 SERMONS. 750<br />

estre prisé et magnifié : mais c'est à fin que nous<br />

apprenions de n'estre point trop délicats. Et quand<br />

il plaira à Dieu de nous [pag. 232] excercer en<br />

quelque sorte que ce soit, que nous soyons traittables<br />

pour nous laisser mener à luy: que nous ayons nos<br />

sens tellement domtez, toutes nos affections tellement<br />

amorties que Dieu seul ait la maistrise, qu'il domine,<br />

et qu'il cheuisse de nous, comme il luy plaist.<br />

Voila, di-ie, ce que nous ayons à retenir. Et ainsi,<br />

quand nous avons à endurer quelque tentation, que<br />

nous aurons soustenu quelque combat, si Dieu puis<br />

après nous espreuve, que nous ne trouvions pas<br />

cela nouveau. Car nous ne le servons point à<br />

ceste condition, qu'après qu'il nous aura traittez<br />

rudement un iour ou un an, nous soyons quittes,<br />

et que nous puissions demander congé: mais au<br />

contraire que nous soyons endurcis par ce que Dieu<br />

continue à nous envoyer de telles espreuves pour<br />

examiner nostre foy: que cela, di-ie, soit pour nous<br />

acquérir habitude: comme nous voyons qu'un vieil<br />

soldat pourra endurer beaucoup mieux que celuy<br />

qui ne fait que commencer. Quand il y aura<br />

quelque novice, il ne sait encores que c'est: il luy<br />

faschera de veiller la nuict, d'endurer froid et<br />

chaud, de soustenir la bataille, d'estre tousiours au<br />

guet: mais celuy qui y sera accoustumé de long<br />

temps sera beaucoup plus robuste. Ainsi faut-il<br />

que quand nostre Seigneur nous a exercez en une<br />

sorte et en l'autre, nous soyons [pag. 233] prests de<br />

tant mieux continuer. Et encores qu'il nous semble<br />

que Dieu nous soit bien rude et aspre, s'il redouble<br />

les coups par manière de dire, et qu'il faille que<br />

nous soyons pressez iusques au bout, et à l'extrémité,<br />

qu'encores nous ne trouvions pas cela estrange.<br />

Et pourquoy? Nous en voyons le patron en<br />

nostre père Abraham, auquel il nous faut estre<br />

configurez. Quant à ce mot de Tenter, nous<br />

savons ce qu'il emporte quand il est attribué à Dieu :<br />

ce n'est pas qu'il nous tente pour nous induire à<br />

mal, car nous y sommes par trop enclins : et comme<br />

dit S. laques, chacun est tenté par sa propre concupiscence.<br />

H ne faut pas que nous cerchions la<br />

cause de tous ces vices ailleurs, car nous en avons<br />

la racine, voire d'héritage et du ventre de nostre<br />

mere. Dieu donc ne nous tente pas en ceste façon-la<br />

pour dire qu'il soit coulpable, et que nous luy puissions<br />

imputer le mal que nous commettons, comme<br />

s'il en estoit autheur: car comme i'ay dit, nous en<br />

trouverons la source en nous, mais Dieu tente les<br />

siens pour les sonder. Ce mot emporte donc Examiner,<br />

Esprouver: non pas qu'il ait besoin de s'enquérir<br />

pour savoir ce qui est en nous, car nous savons<br />

qu'il est appelé luge des coeurs, et que rien<br />

ne luy est incognu, et. que toutes les pensées des<br />

hommes sont desc<strong>ouverte</strong>s devant luy. Nous [pag.<br />

234] avons beau nous colorer, nous avons beau nous<br />

déguiser, et contrefaire en ces feintises: il faut que<br />

tout soit clair et patent devant Dieu. Les livres<br />

ne sont pas encores ouverts: mais tant y a que<br />

Dieu cognoit et iuge ce qu'il manifestera au dernier<br />

iour. Il n'a pas donc besoin qu'il nous sonde et<br />

espreuve, car il sait ce qui est en nous: mais ceci<br />

se rapporte à la probation de nostre foy. Car comme<br />

nous avons declairé, Dieu ne veut pas que ses dons<br />

soyent inutiles: il veut les appliquer en usage, à<br />

fin qu'il en soit glorifié: et que nous ayons aussi<br />

dequoy pour nous conformer tant mieux, voyans<br />

bien comme il nous prise: et selon que nous sommes<br />

patiens, que nous bataillons vaillamment contre<br />

tous les assauts de Satan et du monde : et que nous<br />

expérimentions par cela que Dieu est avec nous,<br />

et qu'il nous aime. Ainsi donc, nous avons dequoy<br />

pour l'invoquer en tant plus grande fiance, et avoir<br />

nostre refuge à luy pour estre appuyez sur sa bonté,<br />

et ne douter point de son secours iusqu'à la fin.<br />

Voila donc, en somme pourquoy Dieu nous espreuve,<br />

c'est assavoir, qu'il veut que les dons qu'il<br />

a mis en nous soyent appliquez et qu'ils servent, à<br />

fin que .sa vertu soit cognue entre les hommes, et<br />

sa puissance, bonté et sagesse: et qu'il en soit glorifiéj<br />

comme il le mérite: et c'est à fin sur tout,<br />

que nous cognoissions sa bonté [pag. 235] paternelle<br />

envers nous, et que nous soyons tant plus incitez<br />

à l'honorer et à nous adonner pleinement a<br />

luy: et cependant que nous ayons aussi dequoy<br />

nous y fier. Voila comme Abraham a esté tenté,<br />

comme aussi auiourd'huy Dieu tente ses fidèles.<br />

Car si nous demourions à nostre aise, et qu'il ne<br />

nous coustast rien de servir à Dieu, quelle approbation<br />

y auroit-il de nostre foy? Et davantage en<br />

quoy pourroit-on discerner les vrais enfans de Dieu,<br />

et ceux qui s'adonnent à luy en simplicité de coeur<br />

d'avec les hypocrites? H faut donc que nous passions<br />

parmi les tentations comme l'or et l'argent<br />

parmi la fournaise. Et voila pourquoy aussi S.<br />

Pierre dit, que c'est bien raison que nostre foy soit<br />

examinee. Car d'autant que l'or et l'argent sont<br />

précieux, il faut qu'ils soyent esprouvez par le feu.<br />

Et tant y a que ce sont des métaux corruptibles:<br />

mais nostre foy qui est beaucoup plus excellente<br />

sera-elle enrouillee, et ensevelie sous terre, et qu'on<br />

ne recognoisse point la gloire de Dieu en icelle?<br />

Non, mais il faut qu'elle soit examinee. Et pourtant<br />

ne trouvons point estrange si nostre Seigneur<br />

nous traitte, en sorte que le diable ait la bride<br />

avallee pour nous induire à mal: que les meschans<br />

aussi nous tormentent, et que nous ayons aussi<br />

d'autres tentations intérieures en nous: brief, quand<br />

nous serons exercez en quelque [pag. 236] façon que<br />

ce soit, cognoissons que nous avons besoin que nostre<br />

Seigneur de son costé nous mette en avant ce<br />

qui avoit esté caché, et incognu. Voila pourquoy

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!