volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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685 SERMONS. 686<br />
de la maison: et si est-il d'une mesme ventrée.<br />
On ne pourra pas trouver diversité entre ces deux<br />
enfans pour préférer Iacob: car ils sont conceuz ensemble,<br />
ils sont nez ensemble : qui plus est, voila<br />
Esau qui est le premier né. Pourquoy donc est-ce<br />
que depuis il est estimé comme estrangier, et qu'il<br />
n'a ne lieu ne place en cest heritage spirituel, lequel<br />
Dieu avoit promis à la lignée d'Abram? La<br />
benediction luy est ostée, et partant il faut que son<br />
frère le plus ieune la reçoyve : il a le droit de primogeniture.<br />
Nous voyons donc en somme, que si<br />
nous prenions ici la semence d'Abram pour tous<br />
ceux qui sont descendus de luy selon la chair, qu'il<br />
n'y auroit nulle raison ny fondement. D'avantage,<br />
combien que toute la lignée de Iacob ait esté<br />
adoptée de Dieu, neantmoins la plus grand part<br />
s'en sont aliénez. Et voila aussi pourquoy Dieu<br />
les désavoue tant souvent par ses Prophètes. Il<br />
faut donc qu'il y ait un chef de ceste semence, ou<br />
nous n'aurons point la vérité de ceste promesse.<br />
Vray est qu'ils n'ont point seulement parlé de<br />
•Iesus Christ, comme aucuns l'ont prins trop cruëment:<br />
mais il nous faut tenir cest ordre, c'est que<br />
Iesus Christ nous soit là mis en avant, et que<br />
nous [pag. 102] soyons recueillis en luy: et ceste<br />
union-la fera que nous serons tenus et reputez enfans<br />
d'Abram. Il n'y auroit point donc de semence<br />
telle qu'il est ici question, si Iesus Christ n'obtenoit<br />
le degré souverain, et jjue nous ne fussions unis en<br />
luy estans membres de son corps, afin d'estre recueillis<br />
en la maison de Dieu, et par consequent<br />
en la maison d'Abram. Or nous voyons que Dieu<br />
diminue ceste semence pour l'augmenter, et c'est<br />
sa façon, laquelle semble estrange au monde:<br />
mais nous y devons estre tous duicts et accoustumez.<br />
Selon l'opinion commune, quand il est question<br />
de semence, le premier ne doit attirer le second,<br />
et puis tout se doit recueillir. Or Dieu procede<br />
par un autre moyen, c'est quand il y aura<br />
semence: voila un grand nombre et une multitude<br />
telle qu'on aura dequoy s'esbair, et Dieu la couppe,<br />
Dieu l'abrège, il la diminue: tellement qu'on vient<br />
iusques là par fois, que tout est quasi consumé,<br />
ainsi qu'il en parle par son Prophète Isaie au<br />
10. chapitre, qu'on n'y voit quasi plus rien: mais<br />
c'est pour la multiplier puis après par dessus tout<br />
sens humain: afin que sa vertu soit tant mieux<br />
cognuë, comme elle est miraculeuse, et que chacun<br />
soit contraint de l'adorer. Car combien que d'Abram<br />
soyent descendus beaucoup de peuples, les douze<br />
Lignées en premier lieu, et puis les Ismaélites<br />
[pag. 103] et Iduméons: tant y a que iamais n'y a<br />
eu une multitude si grande en sa maison, comme<br />
elle a esté par le moyen de nostre Seigneur Iesus<br />
Christ. Car ceux qui n'appartiennent de rien à<br />
Abram selon la chair, ont esté faits ses domesti<br />
ques. Car, comme nous verrons cy après, il a esté<br />
père de tous fidèles en general. Ainsi donc la lignée<br />
d'Abram a esté beaucoup plus grande quand Dieu a<br />
diminué ce qui estoit descendu de luy selon la chair,<br />
que s'il eust laissé ce nombre-la en son entier.<br />
Or par cela nous sommes admonestez de ne point<br />
mesurer à nostre opinion et fantasie les oeuvres<br />
de Dieu : mais donner lieu à sa puissance incomprehensible<br />
, et nous contenter quand il a dit<br />
le mot, qu'il est puissant de l'accomplir, comme il<br />
en sera traitté cy après plus au long. Sur ce que<br />
Dieu a tiré Abram hors de sa loge et de sa tente,<br />
et qu'il luy a fait regarder les estoiles du cjel, il<br />
n'est ia besoin de nous amuser à ceste subtilité<br />
puerile, Que Dieu a comparé l'Eglise aux estoiles,<br />
pource que nous sommes citoyens du Royaume des<br />
cieux, que nous habitons en terre comme pèlerins,<br />
ne faisans que passer outre. Ce n'est pas le sens<br />
du passage. Comme quand il a esté parlé cy<br />
dessus de la poussiere, il y en a qui spéculent que<br />
l'Eglise est là mise souz l'image et figure de la<br />
poudre, et qu'elle sera mesprisée du monde: tout<br />
cela [pag. 104] ne sont que menus fatras, où il n'y a<br />
nulle fermeté. Mais nous voyons pourquoy Dieu a<br />
mis devant à son serviteur Abram les estoiles du<br />
ciel, et les luy a fait regarder: c'est pour luy<br />
faire contempler sa vertu, afin qu'il n'apportast<br />
point ses discours et sa raison propre pour iuger<br />
de la vérité de ceste promesse, laquelle luy estoit<br />
incroyable selon l'ordre de nature. Car iamais la<br />
foy n'aura entrée en nous, iusques à ce que ce<br />
vice soit abatu et corrigé: c'est assavoir de nous<br />
démettre de nostre iugement naturel, et d'estre<br />
vuides de toute nostre sagesse, afin d'attribuer à<br />
Dieu l'honneur qui luy appartient. Or regardons<br />
si ce n'est pas un beau miroir et excellent de la<br />
vertu infinie de Dieu, que ceste multitude infinie<br />
d'estoiles que nous voyons au ciel: car le tout a<br />
esté créé en un moment. Et voila aussi pourquoy<br />
au Pseaume ce miracle est magnifié, que c'est luy<br />
qui conte la multitude des estoiles, et qui leur<br />
impose nom: c'est à dire qu'il les assuiettit à soy<br />
et à son empire. Quand donc nous ouvrons les<br />
yeux pour contempler les estoiles, il nous faut<br />
venir à la creation: car en une minute de temps,<br />
si tost que Dieu a prononcé le mot, voila le ciel<br />
qui est plein de ceste gendarmerie, comme aussi<br />
l'Escriture les appelle. Voila donc les armées<br />
oelestes qui ont esté créées en une minute de<br />
temps, et elles sont tousiours là pour [pag. 105]<br />
rendre obéissance à Dieu. Nous voyons que toutes<br />
estoiles cheminent par compas, et combien qu'il se<br />
face une revolution si grande comme on le voit<br />
d'un costé et d'autre, et que les pianettes pourroyent<br />
remuer le firmament, et que tout cela s'en<br />
pourroit mesler ensemble: toutesfois nous voyons