volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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671 SERMONS. 672<br />
au lieu: o'est assavoir Ephraim et Manassé. Voila<br />
Levi qui est privé de son heritage : si est-ce que<br />
desia il lui estoit assigné de Dieu. C'est done<br />
pourquoy ses successeurs sont recompensez aux décimes.<br />
Qr Dieu l'a ainsi fait, pour deux raisons: la<br />
premiere, afin qu'ils ne fussent pas distraicts ny<br />
du service qui leur estoit commis en charge, ny<br />
aussi de la doctrine. Car Dieu n'a pas eleu les<br />
sacrificateurs souz la Loy pour faire seulement des<br />
ceremonies: mais ils avoyent l'autre raison, de laquelle<br />
il est parlé au Prophète Malachie, c'est qu'il<br />
les ordonnoit ses ambassadeurs, à ce qu'on interroguast<br />
leur bouche pour avoir une vraye science<br />
et une exposition pure de la Loy. Afin donc que<br />
les sacrificateurs poussent vaquer au service du<br />
temple et à enseigner le peuple: les dismes leurs<br />
estoyent assignées. Four laquelle raison aussi ils<br />
estoyent dispersez par tout le pais. Ils n'avoyent<br />
point de partage propre, pour dire qu'ils deussent<br />
habiter [pag. 75] en une certaine region comme les<br />
autres: mais ils estoyent semez ça et là afin qu'il<br />
n'y eust nul anglet de la terre où Dieu n'eust ses<br />
messagers et procureurs pour retenir le peuple en<br />
bride. Voila (di-ie) la raison pourquoy Dieu a<br />
voulu qu'ils eussent les dismes, et quilz ne fussent<br />
point occupez à cultiver la terre. Il y a la seconde<br />
raison, c'est que s'ilz eussent possédé la terre, Dieu<br />
n'eust pas esté recognu Seigneur et Maistre, comme<br />
il a esté quand les sacrificateurs Levitiques ont esté<br />
comme ses receveurs, qu'il les a là mis en son nom<br />
pour exiger le droit de supériorité et l'hommage<br />
qu'il avoit par dessus la terre: et aussi combien<br />
que les enfans d'Israël receussent ce qui leur estoit<br />
deu par succession et heritage de leur père Âbram,<br />
si est-ce toutesfois que Dieu leur estoit comme<br />
apparu pour monstrer que la terre estoit sienne, et<br />
qu'il s'en estoit retenu la propriété, et qu'ils en<br />
estoyent possesseurs à telle condition, qu'il falloit<br />
qu'ils tinssent leur bien de luy, et qu'ils le monstrassent<br />
ainsi par effet. Ioinct aussi qu'il y avoit<br />
des oblations faites aux povres de ces décimes ici:<br />
car il n'est pas dit que les sacrificateurs deussent<br />
tout gourmander, mais qu'ils se dismeroyent euxmësmes,<br />
pour monstrer qu'ils ne sont pas exemptez<br />
de la Loy commune, mais qu'ils sont redevables à<br />
Dieu du pain qu'ils mangent, et que le tout procède<br />
[pag. 76] de sa pure bonté. Voila donc comme les<br />
décimes que la Loy contient ont esté speciales pour<br />
le peuple d'Israël. Or cependant les décimes ont<br />
esté assez communes entre les Payons, mesmes pour<br />
les Roys, les Princes et seigneurs. Nous voyons<br />
mesmes par les histoires profanes, qu'on les a exigées,<br />
et mesmes qu'il y a eu plus grande rigueur<br />
en aucuns pais, selon la fertilité qui y estoit : car<br />
tel pais est si gras et rapportera tant, que ceux<br />
qui cultivent les terres, ne seront point si chargez<br />
de payer un huitième, que les autres un disme..<br />
Quoy qu'il en soit, ce mot de disme a esté fort<br />
commun et vulgaire à toutes nations: et les Princes<br />
et seigneurs, comme i'ay dit, depuis que l'Evangile<br />
a esté receu ont appliqué une partie des dismes<br />
à nourrir les ministres de la Parole, comme<br />
aussi c'est bien raison, ainsi que dit sainct Paul,<br />
que si ceux qui ont esté ministres de l'autel eh<br />
l'ancien Testament ont esté nourris, ceux qui sacrifient<br />
auiourd'huy à Dieu d'une façon plus excellente,<br />
o'est qui luy acquièrent les âmes pour luy en faire<br />
sacrifice, que coux-la soyent aussi bien substantez:<br />
et combien que Dieu n'ait point qualifié comment<br />
ne de quel revenu on les doit nourrir, si est-ce que<br />
la loy y est. Or donc depuis que Dieu a esté cogneu<br />
par la predication de l'Evangile, et qu'il a esté<br />
dressé quelque ordre et police de Chrestienté [pag. 77],<br />
on a appliqué là une partie des dismes. Et en<br />
cela voyons-nous la fausseté du Pape et de tous<br />
les siens : car quand ils traittent en leurs Canons<br />
du droit des dismes, ils prennent cela comme s'il<br />
leur estoit transféré après que Iesus Christ a mis<br />
fin à la sacrificature de Levi. Cela ne sont que<br />
mensonges et faussetez, et ils falsifient l'Escriture<br />
saincte, et la corrompent meschamment. Car nous<br />
voyons à l'opposite, comme il a esté monstre, qu'on<br />
s'en est passé longtemps, qu'on ne savoit que c'estoit<br />
de payer dismes en vertu de la Loy de Moyse: et<br />
les payoit-on tousiours, ou à l'Empereur, ou à quelques<br />
seigneurs particuliers. Mais maintenant puis<br />
que la chose.a esté ainsi ordonnée (moyennant que<br />
l'abus n'y soit point, et qu'on ne face point à croire<br />
contre toute vérité, que cela est procédé de l'Escriture<br />
saincte: mais qu'on le prenne pour une police)<br />
qu'on retienne la reigle que met S. Paul: c'est<br />
assavoir de ne frauder un boeuf, quand il travaille<br />
pour nostre nourriture: par plus forte raison ceux<br />
qui annoncent la doctrine de salut, qui sont ordonnez<br />
en un estât si excellent, ce n'est pas raison qu'on<br />
les prive de leur boire et de leur manger, mais<br />
qu'ils doivent bien estre salariez. Or comme i'ay<br />
dit, quand les dismes et choses semblables sont<br />
appliquées à bon usage : il ne faut point aller cercher<br />
par le menu pourquoy cela se [pag. 78] fait.<br />
Comme il y a des phantastiques qui voudront renverser<br />
tout le monde, qui diront, O ce n'est pas<br />
maintenant la saison de payer les dismes: et puis<br />
qu'on a abusé d'une telle chose, il ne faut plus que<br />
cela demeure. Il faudroit donc tout racler à leur<br />
dire: car il leur -semble que la Chrestienté gist en<br />
faisant changer dé couleur au soleil et à la lune.<br />
Mais comme i'ay dit, s'il y a chose qui soit à<br />
corriger, qu'il y ait quelque opinion fausse que les<br />
papistes ayent introduite, que cela soit aboli. Et<br />
cependant qu'on se tienne à ce qui est bien institué :<br />
c'est assavoir que les dismes et choses semblables