volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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«99 SERMONS. 700<br />
les concevons point. Voila pourquoy i'ay dit qu'il<br />
68t besoin que Dieu nous condamne par sa parole.<br />
Et voila pourquoy S. Paul assemble tant de tesmoignages<br />
pour monstrer que nous sommes tous<br />
damnez. Chacun comme i'ay dit, le devroit sentir<br />
en soy sans autre iuge : mais pource que nous<br />
sommes si pleins d'infection que nous sommes<br />
doubles, que nous avons tant de boutiques et de<br />
caohettes pour nous détourner de la vraye cognoissance<br />
et pure de nos péchez, voila pourquoy il faut<br />
que la parole de Dieu nous serve de miroir. Or<br />
maintenant si les hommes sont de nature pervers,<br />
et qu'il n'y ait en eux que rebellion et malice et<br />
que toutes leurs affections et pensées soyent d'autant<br />
d'inimitiez contre Dieu, comme S. Paul en parle au<br />
8. chap, des Rom. comment pourrions-nous rien<br />
presenter ni rien offrir à Dieu qu'il trouve bon?<br />
H est vray que nous pourrons • bien avoir quelque<br />
folle outrecuidance, mais ce ne sera tousiours que<br />
pour redoubler le mal [pag. 181]: car l'orgueil est<br />
plus desplaisant à Dieu que tous les autres vices.<br />
Il faut donc que nous cognoissions qu'estans en<br />
nostre naturel, nous sommes tellement ennemis de<br />
Dieu, que tout ce que nous imaginons luy est<br />
contraire, et ne pouvons en toute nostre vie ne<br />
penser, ne dire, ne faire rien qui soit, qui ne soit<br />
pour amasser plus griefve condamnation sur nos<br />
testes. Et voila pourquoy auBsi l'Escriture nous<br />
accompare à des morts, quand nous sommes délaissez<br />
de Dieu, et iusques à tant que nostre Seigneur se<br />
soit declairé nostre vie, nous sommes morts. Et<br />
un mort que pourra-il faire? Et au reste il nous<br />
faut bien appréhender ceci, car autrement iamais<br />
nous ne donnerions ouverture à la bonté de Dieu<br />
telle qu'elle nous est monstrée en nostre Seigneur<br />
Iesus Christ. Il faut que nous soyons désespérez<br />
en nous-mesmes pour mettre nostre fiance en luy.<br />
Nous sommes enclins à ceste presumption qui est<br />
tellement enracinée en nous, que nous voulons<br />
tousiours nous élever. Il faut donc que Dieu nous<br />
ait du tout abatus, à fin que nous soyons redressez<br />
pair sa main, et que nous soyons soustenus de sa<br />
vertu. Davantage nous sommes enflez de vent et<br />
d'une vaine arrogance : or devant que nous puissions<br />
recevoir nulle vraye substance de Dieu il faut que<br />
nous soyons vuides et comme povres affamez. Et<br />
voila pourquoy notamment [pag. 132] il est dit que<br />
Dieu soûle les povres et affligez. |l est vray que<br />
sa bonté s'espand sur ceux qui en sont dignes :<br />
mais quand il est question de recueillir son Eglise,<br />
il faut qu l il la prepare par ce moyen-la et c'est<br />
pour quoy notamment il est dit que l'Esprit de<br />
Dieu devoit reposer sur nostre Seigneur Iesus<br />
Christ, à fin qu'il annonçast aux captifs leur délivrance,<br />
à fin qu'il esclairast les povres aveugles,<br />
et qu'il apportast médecine aux povres malades,<br />
qu'il fortifiast les debiles. Or il accomplit cela en<br />
disant, Tenez à moy vous tous qui estes chargez<br />
et travaillez et ie vous soulageray et vous trouverez<br />
repos à vos âmes. Yoila donc comme l'humilité<br />
nous conduit à nostre Seigneur Iesus Christ, à fin<br />
que nous soyons faicts partioipans de la iusfdoe<br />
qu'il nous a apportée. Or l'humilité n'est pas<br />
comme beaucoup pensent, de faire quelque belle<br />
contenance devant Dieu, mais c'est que nous soyons<br />
tellement desnuez de tout bien, qu'il ne nous reste<br />
sinon de nous ietter là aux piedz de Dieu, et recognoistre<br />
qu'il n'y a rien en nous que toute povreté<br />
et misère, qu'il n'y a plus nulle attente de salut.<br />
Car voila comme nous parvenons à sa miserioorde,<br />
c'est par le sentiment et aprehension de. nos misères.<br />
Et ces deux choses ne se peuvent séparer.<br />
Pourquoy est-ce que Dieu a ainsi pitié de nous, et<br />
qu'il nous subvient? [pag. 133] C'est qu'il regarde<br />
nos misères, et cela l'encline et l'incite à miséricorde.<br />
Et voila pourquoy aussi sainot Paul traittant de<br />
nostre salut dit: Ce n'est point de vous, c'est un<br />
don de Dieu par la foy: car vous estes sa facture<br />
d'autant qu'il vous a créez en Iesus Christ aux<br />
bonnes oeuvres, lesquelles il a apprestees à fin que<br />
vous les faciez. S. Paul exclud là toute l'opinion<br />
que les hommes pourroyent concevoir de leurs propres<br />
vertus, en disant: Or ça si vous attirez quelque<br />
portion de la louange de vostre salut à vous, et<br />
qu'il vous semble encores que vous n'y soyez point<br />
pervenus de vous-mesmès, toutes fois que vous y<br />
ayez aidé, regardez comment cela s'est peu faire?<br />
Car vous avez esté créez hommes mortels, c'est à<br />
dire pécheurs, il n'y a eu en vous que malediction,"<br />
vous estiez bannis et aliénez de Dieu auquel gist<br />
tout bien. H faut dono conclure que vous estiez<br />
comme morts. Ainsi il a fallu une correction nouvelle<br />
et seconde pour vous faire estre quelque chose<br />
devant Dieu. Et ainsi quand vous avez esté régénérez<br />
en Iesus Christ, cela s'appelle une oreation<br />
nouvelle. Tous estes donc la creature de Dieu<br />
chacun de vous quand il vous a formez et appelez<br />
à soy, et il n'y avoit nulle disposition de vostre<br />
part, mais Dieu a préparé les bonnes oeuvres par<br />
son sainct Esprit. Puis [pag. 134] qu'ainsi est donc,<br />
il faut, bien conclure que nostre salut ne vient nullement<br />
de nous, ie di iusques à une seulle goutte,<br />
mais que c'est un pur don de Dieu et qui procède<br />
de sa libéralité. Yoila donc quant au premier<br />
poinct, c'est que pour obtenir merci et grace devant<br />
Dieu, il faut que nous ayons bien cognu quels nous<br />
sommes, et combien nostre condition est miserable<br />
et que nous soyons abatus du tout. Or quand, ie<br />
parle ainsi, ce n'est pas à dire qu'il nous falle avoir<br />
une cognoissance qui voltige en nostre cerveau,<br />
mais il faut que nous soyons navrez mortellement<br />
en nos coeurs, et que nous sentions le iugement de