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volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE

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727 SERMONS. 728<br />

quand il est dit que Dieu nous reçoit à merci,<br />

d'autant que nous sommes pécheurs: et puis quand<br />

il nous a régénérez par son sainct Esprit, qu'il<br />

approuve le bien qu'il a mis en nous, encores que<br />

ce ne soit quasi rien au pris du mal qui y reste.<br />

Quand donc nous parlerons ainsi, c'est autant<br />

comme si nous disions qu'en premier lieu Dieu<br />

nous est pitoyable, ne nous imputant point nos<br />

fautes et péchez, et nous adoptant pour ses enfans,<br />

nous qui estions perdus et damnez. Apres en second<br />

lieu, qu'il iustifie aussi bien nos oeuvres, d'autant<br />

qu'il use de miséricorde, qu'il ne veut point<br />

iuger à la rigueur, et qu'il ne regarde point quelles<br />

elles sont pour estimer leur mérite ou dignité.<br />

Mais il en use comme Père. Cela, di-ie, n'a nulle<br />

repugnance. Et ainsi combien que nostre Seigneur<br />

Iesus Christ proteste qu'il soit venu pour appeler<br />

les pécheurs, et non pas les iustes, combien que<br />

sainct Paul die qu'il soit venu pour appeler les<br />

pécheurs à salut, et que ce n'est point selon les<br />

oeuvres que nous avons faites que l'héritage des<br />

cieux nous est appresté, mais d'autant que Dieu<br />

nous est humain, d'autant qu'il a voulu desployer<br />

sa bonté infinie envers nous: toutesfois si est-ce<br />

que nous ne laissons pas de recevoir salaire: c'est<br />

à dire, quand nous aurons servi à Dieu, nous serons<br />

rémunérez, comme tant souvent [pag. 190] l'Escriture<br />

en parle. Or en ceste sorte ces deux passages qui<br />

sembleront estre repugn ans n'ont nulle contrariété,<br />

c'est que la iustice nous est réputée par la foy, et<br />

que la iustice à esté réputée à Phinees pour le<br />

zèle qu'il a eu de maintenir l'honneur de Dieu et<br />

de purger le sanctuaire de la polution on laquelle<br />

il estoit. Voila Phinees le sacrificateur qui voit<br />

un acte si infame et si detestable que rien plus,<br />

quand une paillarde est introduite au sanctuaire<br />

pour commettre là une vilainie qui ne se devoit<br />

ouir en Israel. Or Dieu l'arme tellement qu'il fait<br />

execution des deux: et il est dit que cela luy est<br />

réputé à. iustice. Or c'estoit une oeuvre de vertu:<br />

il sembleroit donc qu'il n'est point iustifie par la<br />

foy, mais comme i'ay dit, ceci se peut bien assembler.<br />

Car Phinees a esté Fils d'Abram, il a donc<br />

fallu que Dieu l'ait receu à merci comme les autres.<br />

Mais d'autant que Dieu luy avoit secouru, et d'autant<br />

qu'il s'estoit réconcilié à luy en la grace<br />

qu'il donnoit à tous ses eleus, mesmes sous l'ancien<br />

testament, voila comme cest oeuvre est tenu pour<br />

iuste devant Dieu. Et pourquoy? D'autant qu'il<br />

y avoit encores de l'imperfection et débilité, il<br />

falloit que Dieu le supportast comme i'ay desia dit.<br />

Ainsi revenons à ce que dit S. Paul au premier<br />

chap, des Colos. c'est que nous travaillions vertueusement<br />

pour servir à Dieu [pag. 191] à cause de<br />

l'Espérance, laquelle nous est réservée au ciel, voire<br />

de laquelle nous avons tesmoignage en l'Evangile.<br />

S. Paul monstre là quand les fidèles prenent courage<br />

de s'avancer avec plus grande vehemence et<br />

désir pour servir et honorer Dieu: que voila comme<br />

ils s'employent à charité: voire d'autant qu'ils savent<br />

bien que leur peine ne sera point perdue, ainsi<br />

qu'il en est parlé en l'Epistre aux Hebr. Or comment<br />

le savent-ils? Par le tesmoignage de l'Evangile.<br />

Et en l'Evangile qu'est-ce qui y est dit?<br />

Que Dieu nous sera propice, d'autant que nous<br />

croyrons à son Fils unique. Car la iustice qui<br />

nous est là offerte, dit sainct Paul, a bien tesmoignage<br />

de la Loy: mais elle n'est pas aidée de<br />

la Loy, c'est à dire, par toutes les oeuvres que<br />

nous saurions faire. Mais c'est d'autant que nous<br />

sommes fondez sur la grace de nostre Seigneur<br />

Iesus Christ. Ce passage-la donc, nous monstre<br />

comme les fidèles se peuvent disposer beaucoup<br />

mieux et plus ardemment pour servir Dieu, d'autant<br />

qu'ils savent que leur labeur sera prisé. Et<br />

cependant toutesfois ils ne laissent pas de se reposer<br />

en ceste bonté gratuite qui leur est promise, d'autant<br />

qu'ils ont leur refuge à nostre Seigneur Iesus<br />

Christ. Et voila comme les Papistes s'abusent trop<br />

lourdement. Car de ce mot de Salaire, ils tirent<br />

le mot de Mérite [pag. 192], comme s'ils vouloyent<br />

faire une alcumie. Or il y a longue distance de<br />

l'un à l'autre. Car qu'emporte ce mot de Mérite?<br />

C'est que Dieu s'est obligé envers nous, que nous<br />

dirons, I'ay bien mérité ceci ou cela, i'en suis digne :<br />

et celuy qui ne recognbist le mérite, il est ingrat<br />

s'il ne s'acquite de son devoir envers celuy auquel<br />

il est tenu. Si donc nous pouvons rien mériter<br />

envers Dieu, il s'ensuyvroit qu'il seroit tenu à nous<br />

de son costé, et qu'il nous feroit tort quand il ne<br />

nous payeroit point de ce qu'il nous doit. Or il<br />

est vray qu'il se fait bien nostre debteur, voire et<br />

un debteur volontaire: car il ne trouvera rien en<br />

nous pourquoy il nous soit obligé: mais par ses<br />

promesses il s'oblige. Ainsi donc, de son costé il<br />

y a salaire, lequel il nous donne gratuitement: il<br />

n'y a point de mérite du nostre. Car c'est sauter<br />

du coq à l'asne de venir ainsi de l'un à l'autre, et<br />

conclure que c'est tout un de deux mots, où il y a<br />

telle diversité. Ainsi donc, il ne se faut point esbahir<br />

si les Papistes concluent ainsi leurs argumens<br />

à toutes heures, et qu'ils se tempestent quand on<br />

dit que les oeuvres ne nous peuvent iustifier. Car<br />

eux ils présupposent une chose fausse, c'est assavoir,<br />

que si Dieu rémunère les siens, il faut qu'il<br />

y soit tenu, et qu'il y ait quelque dignité en eux,<br />

et que leurs oeuvres emportent quelque mérite:<br />

Car cela n'est rien du [pag. 193] tout. La raison<br />

ie I'ay monstree, c'est assavoir, quand Dieu nous<br />

a promis salaire, ce n'est pas d'autant que nous en<br />

soyons dignes, mais c'est pouree qu'il luy plait<br />

d'adiouter ainsi grace sur grace, et le tout de sa

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