volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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691 SERMONS. 692<br />
quant au mot de Croire. (Abram donc a creu à<br />
Dieu), c'est à dire, Abram a receu la promesse par<br />
laquelle Dieu luy avoit certifié que Dieu luy estoit<br />
Sauveur» il a ambrasse, nostre Seigneur Iesus<br />
Christ qui luy estoit offert, par lequel il savoit que<br />
nous sommes reconciliez a Dieu, combien que nous<br />
méritons de luy estre ennemis, et qu'il nous face<br />
la guerre mortelle, d'autant que nous sommes<br />
pleins de péché et de corruption. Abram donc s'est<br />
tenu à nostre Seigneur Iesus Christ et a esté pleinement<br />
persuadé que o'estoit le vray bien par lequel<br />
nous sommes conioincts et unis à Dieu, tellement<br />
que nous sommes participans de sa vie et de<br />
tous ses biens. Voila le Croire d'Abram, à fin que<br />
nous ne le prenions [pag. 114] pas si maigrement<br />
comme les Papistes font. Or en somme npus voyons<br />
que jamais on ne cognoistra que vaut ce mot de<br />
Êoy et de Croire, sinon qu'on viene à ceste mélodie<br />
de la Promesse et de la Reception. Et qu'est-ce<br />
que Dieu dit tant souvent par ses Prophètes: le<br />
vous appeleray mon Peuple, et vous direz: Tu es<br />
nostre Dieu? Voila Dieu qui parle le premier, et<br />
c'est à luy aussi: car quelle témérité seroit-ce que<br />
ie m'ingérasse de venir à Dieu et l'appeler mon<br />
Père, moy qui ne suis non seulement qu'un povre<br />
ver de terre : mais qui ne suis que péché et infection<br />
pour estre damné à iamais, lequel Satan possède de<br />
nature, comme nous sommes tous sous sa servitude:<br />
et ce pendant que i'appelle Dieu mon Père?<br />
Et les Anges mesmes n'en sont pas dignes en<br />
eux-mesmes, et ce pendant que i'aille usurper un<br />
tel honneur? Mais quand il a prononcé ce mot:<br />
le suis ton Père, alors ce n'est plus audace et<br />
présomption mauvaise que nous-nous tenions du<br />
nombre de ses enfans, mais c'est une saincte confianoe<br />
par laquelle nous ratifions sa vérité. Et c'est<br />
le plus grand honneur que nous luy sachions faire,<br />
quand il a dit le mot, que nous-nous tenions là et<br />
y acquiescer du tout. Voila, di-ie, le vray croire,<br />
tel qu'il nous est ici monstre pour exemple et instruction<br />
en Abram. Or il est dit que cela luy a<br />
esté réputé à iustice [pag. 115]: et que c'est Dieu<br />
qui luy a réputé. Il nous faut maintenant exposer<br />
ce mot de Reputer, et puis ce mot de Iustice, en<br />
comprenant aussi le nom de Dieu. Ce mot do Reputer<br />
emporte ce que nous disons alouer on mettre<br />
en conte. Comme, quand un homme doit, s'il a<br />
payé, cela luy est aloué: ou bien si en deduction<br />
de ses debtes il monstre, i'ay fait ceci, i'ay fait<br />
cela, et bien tout luy est aloué en sorte qu'il<br />
en est quitte. Or en nostre langage françois Imputer<br />
se prend tousiours en mauvaise part: on ne<br />
dira pas qu'une vertu soit imputée à un homme,<br />
car le mot d'Imputer emporte quelque reproche<br />
et quelque conlpe: on dira, cela luy sera imputé<br />
it faute. Or l'Escriture a un mot commun tant<br />
pour le bien que pour le mal, c'est que Dieu impute<br />
iustice, et n'impute point les péchez. Quand<br />
donc il est dit que la foy a esté imputée ou réputée<br />
à Abram, c'est a dire, qu'elle a abbatu tout ce qui<br />
vient de luy. Mais encores ne saurions-nous pas<br />
quelle est la valleur de ce mot et combien il poise,<br />
sinon par l'opposite. Car quand il est dit que les<br />
péchez nous sont imputez, c'est à dire que les registres<br />
demeurent là, que nos procez soint faicts,<br />
qu'il ne reste que donner sentence et la mettre en<br />
execution. Or mal-heur sur nous cependant que<br />
Dieu nous impute nos fautes. Car il es dit, bienheureux<br />
[pag. 116} sont ceux à qui Dieu n'impute<br />
point les péchez. Et par consequent maudit soit<br />
tout le monde quand Dieu voudra procéder en<br />
façon de iuge, et qu'il voudra faire enqueste de<br />
nostre vie; Qu'est-ce donc que la foy soit imputée<br />
à iustice? C'est qu'elle nous soit allouée d'autant<br />
que nos péchez ne nous sont point imputez, car<br />
l'un ne peut estre entendu sans l'autre : l'imputation<br />
donc de iustice fait qu'il n'y a plus d'imputation<br />
de coulpe pour nous iuger et condamner.<br />
Car l'imputation en iustice vaut autant que absolution<br />
en somme. Voila donc ce mot exposé.<br />
Or regardons qu'emporte Iustice: ce mot n'est pas<br />
une vertu, comme quand on dira qu'un homme<br />
est iuste, quand il se gouvernera sans reproche.<br />
Mais ceste iustice ici, c'est une grace que Dieu<br />
nous fait, d'autant qu'il nous reçoit à merci et<br />
veut estre reconcilié à nous par sa pure libéralité.<br />
Ce n'est point donc une qualité qu'il nous faille<br />
cercher aux hommes que ceste iustice dont parle<br />
ici Moyse: mais c'est la faveur que Dieu nous<br />
porte, quand il luy plait d'ensevelir nos péchez et<br />
n'y avoir point d'esgard: et au reste nous tenir<br />
comme si nous avions accompli la Loy. Et pourquoy<br />
cela? D'autant que Iesus Christ est iuste, et<br />
la iustice qu'il a parfaite en soy nous est imputée<br />
et alouée. Que tout ainsi qu'il est nostre [pag. 117]<br />
selon qu'il nous est donné de Dieu son Père, et<br />
que iournellement il s'offre à nous par l'Evangile,<br />
ainsi il nous communique sa iustice quand nous<br />
le possédons. Et Dien l'avoue comme si elle estoit<br />
sortie de nous mesmes et de nos personnes. Voila<br />
aussi le mot de Iustice exposé : car maintenant<br />
ie ne fay que desboucher les choses petit à petit, à<br />
fin que nous ayons puis après le vray sommaire<br />
de tout. H nous faut venir au nom de Dieu: car<br />
les hommes nous pourront bien imputer une iustice<br />
pour l'apparence qui sera en nous de sainoteté et<br />
de vertu, on nous pourra applaudir, il y aura donc<br />
des imputations beaucoup, c'est à dire, il y aura<br />
des adveus de iustice et des imputations, nous<br />
serons àbsouts, nous serons mesmes louez et prisez<br />
tant et plus quand on verra que nous aurons cheminé<br />
vertueusement: mais tout cela n'est rien. Il