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681 SERMONS. 682
rien: il n'en est point possesseur pour faire ses
monstres: car ausBi il se contente de sa maiesté
seule qui est infinie, et il a tout bien en soy. Et
encores [pag. 95] qu'il n'eust rien créé, il n'en eust
point esté ny amoindri ny augmenté. Quand donc
il est ainsi appelle, c'est pour monstrer qu'il a tout
en suietion, et qu'il faut que nous respondions devant
luy: et qu'il gouverne tellement le monde,
que rien ne luy est caché: et que son office est de
sonder les pensées, et d'examiner toutes nos paroles
et tous nos faicts, tellement qu'estant possesseur du
ciel et de la terre, il est quant et quant nostre
iuge. Voila donc à quoy ce titre se rapporte, c'est
que nous cheminions ici comme devant Dieu. Nous
aurons beau cercher des cachettes, tant y a que
tout viendra en clarté: et si auiourd'huy nous le
cuidons tromper par nos astuces, il faudra que tout
cela retombe sur nous. Et d'autre costé aussi,
quand Dieu se nomme Possesseur du ciel et de la
terre, nous sommes advertis de l'aimer comme nostre
père nourricier, et de .le craindre comme nostre
iuge. Car il est possesseur du ciel et de la terre,
d'autant qu'il a empire souverain par dessus nous,
et qu'il faut que nous comparoissions devant son
siege Iudioial pour recevoir ce que nous aurons
fait en nos corps, soit bien soit mal. Voila la
possession qu'il a au ciel et en la terre. Or ceste
possession-la n'est point pour soy tant seulement:
car il nous clargit tout ce qu'il nous faut par sa
bonté infinie d'autant qu'il a tout créé en nostre
usage. Et ainsi nous sommes vilains et ingrats
[pag. 96], quand il est ainsi parlé de la vertu et
bonté infinie de nostre Dieu, et que nous la sentions
mesmes par experience, si nous ne sommes
quant et quant solicitez à l'aimer et à nous adonner
à luy. Et mesmes sous ce mot de Ciel, non seulement
les benefices qu'il nous fait par.le soleil et
les estoilles nous sont proposez, mais aussi les
Anges sont ici mis en rang, afin que nous apprenions
de nous conformer à eux. Si les creatures
si nobles n'ont autre regard que de s'appliquer au
service de Dieu: et nous povres vers de terre,
quand nous luy serons rebelles, ou bien que nous
serons comme povres bestes esgarées, et que chacun
s'adonnera à ses appetis et cupiditez, où sera-ce
aller? Ne voila point une confusion trop grande
pour nous, quand les Anges ont ceste humilité que
i'ay dicte, et que de nostre costé nous serons si
pleins d'orgueil et de rebellion? Voila donc ce que
nous avons à retenir en somme, que quand nous
parlerons de Dieu, sa vertu soit tousiours conioincte
avec son essence: que ce mot de Dieu ne nous
passe point par les lèvres comme à beaucoup de
gens, mais que nous sachions que comme il est
l'Eternel, comme il a créé toutes choses, qu'il s'est
réservé aussi la domination et Empire sur nos personnes,
sur tous nos biens et sur toutes creatures : et
qu'il faut que nous cognoissions que nous avons à
rendre conte devant luy, voire [pag. 97] tel conte que
cependant nous sommes exhortez toutesfois de
l'aimer véritablement, et de nous renger en son
obéissance: Car il ne nous veut point seulement
gaigner par force et par violence souz le nom de
sa maiesté, mais par les graces et benefices qu'il
nous élargit, afin que nous soyons comme alléchez
pour venir à, luy: tellement qu'en toutes nos paroles,
nos pensées et nos oeuvres, nous ayons tousiours
esgard à glorifier son sainct nom.
PRIERE.
Or nous nous prosternerons devant la maiesté
de nostre bon Dieu en cognoissance de nos fautes,
le priant nous en toucher tellement, que ce spit pour
nous humilier devant luy et pour nous desplaire en
nous-mesmes, et estre du tout confuz, afin que nous
mettions toute nostre espérance en sa miséricorde,
qu'il nous a monstrée en son Pilz unique, et que nous
y ayons du tout nostre refuge: et puis qu'il nous
a rachetez si chèrement, que nous tachions de nous
dédier du tout à luy en pureté et de corps et d'ame,
et que nous luy facions tel hommage que nous luy
monBtrions que vrayement nous ne desirons point
d'estre à nous mesmes : mais que nous voulons nous
adonner du tout à son service, puis qu'il luy a pieu
nous recevoir à luy. Que non seulement. . . .
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