volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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733 SERMONS. 734<br />
encores pour dire en un mot, de ce que nous avons<br />
expliqué de sainct laques, notons que nous sommes<br />
iustifiez et non pas sans oeuvres, et toutesfois nous<br />
sommes iustifiez sans oeuvres. Quand nous disons<br />
que nous sommes iustifiez, et non pas sans oeuvres,<br />
nous séparons ceci. Et comment? Celuy qui est<br />
réputé iuste devant Dieu par la foy, c'est d'autant<br />
que Dieu luy pardonne ses péchez, qu'il met sa<br />
fiance en la mort et passion de nostre Seigneur<br />
Iesus Christ, qui cognoist que par la resurrection<br />
d'iceluy la vie luy est acquise de luy. Donc qui<br />
croit ainsi à Dieu par tel moyen, il n'est pas iustifié<br />
sans les oeuvres. Et pourquoy? Car Dieu luy<br />
donne son S. Esprit [pag. 202], il le reforme tellement<br />
qu'il faut que les bonnes oeuvres soyent coniointes<br />
avec la foy. Or cependant l'autre sentence<br />
est vraye, c'est assavoir, que nous sommes iustifiez<br />
sans oeuvres, c'est à dire, sans aucune aide de<br />
bonnes oeuvres, en sorte que nous demeurons tousiours<br />
redevables à Dieu. Voila donc deux sentences<br />
où les mots ne sont point changez: il semblera<br />
maintenant qu'elles soyent toutes diverses, de dire<br />
que nous sommes iustifiez sans oeuvres, et que nous<br />
sommes iustifiez non pas sans oeuvres. Mais, c'est<br />
à dire, qu'il y a des oeuvres qui toutesfois ne sont<br />
point cause de nostre salut pour faire que nous<br />
méritions rien devant Dieu et qu'il nous accepte selon<br />
nostre dignité: mais c'est d'autant que nostre<br />
Seigneur Iesus Christ, comme i'ay dit, ne nous<br />
apporte point une seule grace et si simple, mais<br />
double, c'est à dire, que d'un costé il couvre toutes<br />
nos iniquitez et offenses par la pureté de son obéissance,<br />
il appaise l'ire de Dieu son Père par le sacrifice<br />
qu'il a une fois offert pour la satisfaction<br />
qu'il a faite de toutes nos debtes. Et cependant il<br />
nous gouverne tellement par son sainct Esprit qui<br />
repose sur luy, et lequel il a receu en toute plenitude,<br />
que moyennant que nous n'abusions point de<br />
la grace qui nous est faite par luy, nous sommes<br />
[pag. 203] affranchis des liens de Satan, pour ne<br />
plus suyvre les concupiscences de nostre chair, et<br />
les désirs d'icelle, comme sainct Pierre dit, qu'il<br />
nous faut bien garder. Voila donc qu'il suffira<br />
pour l'exposition de ce passage. Or Moyse adiouste<br />
consequemment, que Dieu a dit derechef à Abram,<br />
le suis l'Eternel qui fay tiré de Ur de Caldee, pour<br />
t'amener à la terre, à fin que tu la possèdes en<br />
heritage. Ici nous voyons que Dieu réitère ses<br />
promesses pour confermer la foy d'Abram, pour la<br />
nourrir et l'augmenter iusques à ce qu'elle soit venue<br />
à sa perfection. Dont nous avons à conclure,<br />
combien qu'Abram fust le miroir et patron des fidèles,<br />
comment il a esté aussi image de iustice, toutesfois<br />
que sa foy estoit imparfaicte: autrement ceste<br />
promesse qui est ici couchée, seroit superflue. Si<br />
la foy d'Abram, eust esté si bien conformée qu'il<br />
n'y eust que redire, il ne falloit plus que Dieu parlast.<br />
Et pourquoy? Les promesses ont cest usage<br />
et ceste utilité de nous attirer à la foy, quand noua<br />
y serons venus, pour nous conduire au bon chemin,<br />
pour nous donner courage, nous inciter de marcher<br />
tant plus vaillamment, pour nous refraischir<br />
quand nous serons comme lassez, pour nous<br />
augmenter la vertu quand elle nous defaudroit,<br />
et qu'elle seroit [pag. 204] aucunement affaiblie.<br />
Voila, di-ie, pourquoy nostre Seigneur nous testifie<br />
de sa bonté, et qu'il se declaire estre nostre Dieu,<br />
c'est pour commencer la foy en nous, ou bien pour<br />
l'amener à sa perfection. Ainsi il faut conclure<br />
qu'Abram avoit encores besoin d'estre avancé plus<br />
outre. Et par cela nous voyons que combien que<br />
nostre foy ne 'soit point parfaite, que Dieu ne laisse<br />
point pourtant de nous iustifier. Et pourquoy? Car<br />
il ne nous impute point l'infirmité qui y est. Quoy<br />
qu'il en soit, nous sommes admonestez par ce passage<br />
de ne point estre preocupez d'une folle opinion<br />
comme beaucoup de gens qui cuident estre si grands<br />
clers, qu'ils ne daignent plus venir à Pescole de<br />
Dieu. Cognoissons donc, encores que nous eussions<br />
une foy sans comparaison plus grande et plus vertueuse<br />
qu'elle n'est pas maintenant, qu'encores nous<br />
faut-il estre escoliers tout le temps de nostre vie,<br />
que la parole de Dieu retentisse en nos oreilles, et<br />
que la memoire de ce que nous pourrions oublier<br />
nous soit refraischie, que ce qui n'estoit pas bien<br />
enraciné en nostre coeur soit mieux imprimé, qu'après<br />
que Dieu aura mis sa semence en nous qu'il nous<br />
arrouse iournellement, comme aussi sainct Paul use<br />
de ceste comparaison-la. Ce ne • seroit point assez<br />
d'avoir ietté la semence en terre [pag, 205] sinon<br />
que Dieu pleut du ciel et qu'il l'arrousat quand le<br />
laboureur aura fait son office pour cultiver la terre,<br />
cela sera inutile sinon que Dieu y donne l'accroissement<br />
d'enhaut. Ainsi est-il quand nous avons<br />
receu la semence de la vie incorruptible, que Dieu<br />
pleut du ciel, c'est à dire, que continuellement il<br />
fait profiter nostre foy: ce qui ne peut estre que<br />
nous ne soyons iournellement enseignez par sa<br />
bouche. Et venons au coutenu de ceste sentence,<br />
le suis le Seigneur qui fay tiré de Ur de Chaldee.<br />
Ceste declaration ici sert à Abram à fin qu'il soit<br />
eslogné de toute idolâtrie et des superstitions ausquelles<br />
il avoit esté auparavant nourri. Car comme<br />
souvent il nous est monstre en l'Escriture saincte,<br />
il ne nous faut point adorer un Dieu en confus, ni<br />
le forger tel que bon nous semble: mais il faut que<br />
nous sachions quel est le Dieu auquel nous avons<br />
nostre refuge, et qu'il soit séparé et distingué en<br />
toutes les imaginations que les hommes se controuvent,<br />
et par lesquelles ils se deçoyvent, et sont deceus<br />
aussi par Satan. Et c'est pourquoy l'Apostre<br />
dit en l'onziesme chapitre des Hebrieux: Quand