volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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729 SERMONS. 730<br />
pure libéralité. H nous faut tousiours retenir cela,<br />
et de fait que seroit-ce si nous attendions rien de<br />
luy selon que nous en sommes dignes? Il faudroit<br />
revenir à ceste inquietude, de laquelle il a esté<br />
parlé ci dessus que nous serions tousiours en doute<br />
et perplexité. Or il faut que nostre fiance soit<br />
certaine. Yoila donc en somme ce que nous avons<br />
ici à retenir. H reste maintenant de venir à la<br />
sentence de S. laques, laquelle semble batailler<br />
contre la doctrine de sainct Paul, et de toute<br />
l'Escriture sainote, selon que desia nous en avons<br />
traité: car sainct laques dit, que nous ne sommes<br />
point iustifiez par la foy, mais par les oeuvres. H<br />
semble bien qu'on ne puisse trouver deux sentences<br />
plus contraires l'une à l'autre, que de dire, que<br />
nous sommes iustifiez sans les oeuvres par la seule<br />
foy, et que nous sommes iustifiez par les oeuvres<br />
et non pas par la foy. Or il est certain toutesfois<br />
que S. laques qui a parlé par l'Esprit de Dieu,<br />
n'est point contrevenant à la doctrine qui a esté<br />
preschee et publiée dés le commencement en l'Eglise,<br />
qui a esté ratifiée par les Prophètes, et que finalement<br />
a esté encores [pag. 194] mieux confermee en<br />
nostre Seigneur Iesus Christ et par ses Apostres.<br />
Mais la solution est bien facile quand nous regarderons<br />
à l'intention de S. laques: car il ne dispute<br />
point là que peut la vraye foy, et ne parle point<br />
du tout de la foy vraye, mais d'une foy feinte et<br />
qui n'a autre chose qu'une image qui trompe et<br />
une illusion. Car il combat contre ceux qui sous<br />
umbre de Chrestienté se veulent donner toute<br />
licence de mal-faire, comme il y en a auiourd'huy<br />
beaucoup, et le diable a tasché d'aveugler les hommes,<br />
à fin qu'ils se pardonassent "tous péchez, et que<br />
sous le nom de Chrestien ils s'abrutissent et fussent<br />
du tout pervertis. Et c'estoit aussi pour diffamer<br />
la doctrine de l'Evangile, à fin qu'on pensasse,<br />
qu'elle estoit pour abolir les bonnes oeuvres, et à<br />
fin qu'on ne s'adonnast point au service de Dieu,<br />
comme les Papistes nous le reprochent encores auiourd'huy.<br />
Or S. laques donc voyant beaucoup de<br />
gens dissolus et profanes qui abusoyent ainsi fausement<br />
du nom de l'Erangile, et qui pretendoyent<br />
le nom de la foy. Voire, dit-il, apportez-moy vostre<br />
foy sans oeuvres, et par mes oeuvres ie vous<br />
monstreray ma foy: en cela il declaire assez qu'il<br />
ne veut point traitter de la foy selon que nous<br />
l'avons définie. C'est que nous serons asseurez de<br />
la bonté de Dieu par sa parole, et que nous<br />
sachions qu'il nous est Père par nostre [pag. 195]<br />
Seigneur Iesus Christ. S. laques ne parle point<br />
de ceste foy* la, et qu'ainsi soit elle ne peut apporter<br />
les oeuvres. Nous avons desia dit, que par la foy<br />
nous recevons l'Esprit de nostre Seigneur Iesus Christ.<br />
Or il ne peut estre séparé de son Esprit: et nous<br />
savons qu'il est dit qu'il ne nous est pas seulement<br />
donné pour iustice, mais aussi pour sanctification,<br />
c'est à dire, à fin que nous soyons purgez de<br />
toutes les meschancetez et cupiditez de nostre chair,<br />
pour estre rendus conformes à la iustice de Dieu.<br />
Ainsi donc, si S. laques eut parlé de ceste vraye<br />
foy, c'eut esté grande folie, de dire, apportez-moy<br />
vostre foy sans les oeuvres, et par les oeuvres ie<br />
vous monstreray la foy. Comme s'il disoit que la<br />
vraye foy est tellement coniointe avec les bonnes<br />
oeuvres, que sans icelles elle est morte, c'est à dire,<br />
elle est nulle, comme il dit puis après. S. Iaq.<br />
donc, monstre bien qu'il ne traitte point de la foy,<br />
laquelle embrasse les promesses de Dieu, et par lesquelles<br />
nous sommes certifiez de nostre salut. Et<br />
en cela les Papistes se sont lourdement abusez encores<br />
de se forger une foy qu'ils appellent informe,<br />
c'est à dire, sans figure et disent, que la Loy d'elle<br />
mesme n'est qu'une masse comme qui prendroit de<br />
la terre ou du mortier et qui la plaqueroit là. Yoila<br />
la foy disent-ils, et puis ils disent quand la charité<br />
est coniointe, alors c'est comme qui feroit un pot<br />
[pag. 196] de ceste masse de terre qui auparavant<br />
n'avoit point eu de forme. Voila l'imagination des<br />
Papistes, et ils monstrent par cela qu'ils ne savent<br />
que c'est de foy. Car c'est un don de Dieu singulier<br />
pleinement. Et puis il est dit, que nous recevons<br />
l'Esprit d'adoption par lequel Dieu nous renouvelle<br />
comme aussi il nous incorpore à nostre<br />
Seigneur Iesus Christ tellement, que nous sommes<br />
faits membres de son corps et nouvelles creatures.<br />
Nous voyons donc que les Papistes ne cognoissent<br />
point ces choses et ne savent point les principes ni<br />
les rudimens de la Chrestienté non plus que des<br />
bestes ni que des chiens. Mais c'est une chose horrible<br />
qu'en toutes leurs escoles ils ne font qu'abayer<br />
de ces choses. Il leur semble qu'ils sont le3 pluB<br />
grands Théologiens du monde, quand ils auront<br />
distingué entre la foy informe et la foy formée. Et<br />
c'est autant comme s'ils disoyent, un Dieu qui n'a<br />
ne vertu ne puissance, et puis un Dieu qui se<br />
monstre puissant et iuste: c'est autant de ce qu'ils<br />
ont forgé ainsi une double foy. Et pourquoy donc<br />
est-ce que S. laques use ici de ce mot? Et pourquoy<br />
est-ce que nous usons du mot d'Eglise? du mot<br />
d'Evesque ? du mot de service de Dieu ? do devotion ?<br />
de zèle? Quand nous parlons des Papistes nous ne<br />
leur accordons pas qu'à la vérité il y ait Eglise<br />
entr'eux, à laquelle il falle obéir. Il n'y a sinon<br />
quelques ruines d'Eglise et quelques traces [pag. 197]<br />
du service qui a esté institué du service de Dieu:<br />
mais l'Eglise est où Dieu habite par sa parole.<br />
Apres en parlant d'eux nous prenons des mots qui<br />
sont honorables: et toutesfois ce n'est pas que nous<br />
entendions qu'ils usurpent ces titres-la à bonnes enseignes.<br />
Mais on ne s'arreste pas tousiours aux<br />
mots. Ainsi S. laques ne s'est point arresté au