volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE

669 SERMONS. 67D
toy. 22. Abram respondit, ray levé la main à
VEternel, au Dieu Souverain, possesseur fjag. 70] du
ciel et de la terre. 23. le ne prendray rien de ce
qui est tien, depuis un filet rnsqu'à la courroye du
soulier, afin que tu ne dises point, Tay enrichi Abram.
24. Excepté ce que les serviteurs ou compagnons ont
mangé, et aussi la portion des hommes, assavoir
d'Aner, d'Escol et de Mumré qui sont venue avec
moy: ceux'ci y auront part.
H fut hier exposé tout au long, que Melchisédec,
duquel il a esté ici parlé, a esté figure et
image de nostre Seigneur Iesus Christ, d'autant
qu'il a eu supériorité par dessus Abram qui estoit
père de l'Eglise: et ainsi qu'il est dit au Pseaume,
que le Rédempteur qui devoit venir ne seroit pas
seulement Roy, mais aussi Sacrificateur selon Testât
de Melchisedec. Nous ayons aussi monstre pourquoy
tout cela est dit, et de quoy il nous sert, et
quel profit nous en recevons. Finalement la benediction
aussi a esté declairée, c'est qu'en vertu de
l'office et estât qu'avoit Melchisedec, Abram a esté
bénit, pour monstrer que toutes nos prières seroyent
poluës devant Dieu, et ne pourrions [pag. 7l] rien
obtenir, sinon que Iesus Christ intercedast pour
nous, comme aussi l'office luy est attribué eu l'Es*
criture saincte. Or maintenant il est dit (Qu?Abram
a offert les décimes de tout a Melchisedec). Ceci
monstre encores une dignité sacerdotale qui estoit
en Melchisedec, comme l'Apostre ne l'a pas oublié.
Nous ne pouvons pas recueillir pour certain si ce
mot doit estre entendu de la despouille, ou bien de
ce qu'Abram possedoit. Car puis qu'il n'a rien
fecôu & son profit, il ne semble point qu'il ait voulu
offrir à Melchisedec ce qu'il ne repute point eBtre
sien. Mais il y avoit autre raison et diversité de
faire recognoissance à Dieu, et d'appliquer le bien
à son usage pour s'enrichir. t Quoy qu'il en soit, c'est
assez de nous tenir â ce qui est certain, c'est assavoir
qu'Abram a protesté qu'il recognoissoit Melchisedec
pour Sacrificateur de Dieu : car s'il eust servi
aux idoles, ou bien qu'il eust usurpé quelque dignité
qui ne luy appartint point, Abram eust mal
fait en luy offrant dismes: d'autant que nous savons
que faire öblation aux idoles, c'est leur faire hommage
pour renonoer Dieu: Ainsi donc il a fallu que ceste
offerte d'Abram fust tesmoignage et approbation de
la saorificature de Melchisedec Et voila pourqüoy
l'Apostre aussi faisant comparaison de la sacrificature
ancienne [pag. 72] qui a esté souz la Loy, avec
celle de ûostre Seigneur Iesus Christ, dit, que Levi
qui estoit encores aux reins d'Abram, pource qu'il
est descendu de sa lignée, a esté dismé: c'est à
dire, qu'il a esté assuietü à ce droit. Il est vray
qu'on pourrait alléguer lé semblable de Iuda, dont
nostre Seigneur Iesus Christ est venu: mais la
solution est bien facile, c'est assavoir que Melchisedec
ne peut estre séparé de nostre Seigneur Iesus
Christ, pource qu'il le représente, et que toute l'excellence
qui est en luy depend de ce qu'il est la
figure de Iesus Christ. C'est donc par bonne raison
que l'Apostre monstre que luy, auquel appartient
le droit des dismes selon la Loy, a toutesfois
esté submis à Melchisedec. Ainsi de la il faut conclure,
que nostre Seigneur Iesus Christ est plus
excellent beaucoup que n'a esté Aaron, ne tous
ses successeurs, combien qu'ils fussent là comme
séparez du reng des hommes. Et quand le Sacrificateur
estoit revestu, c'estoit pour monstrer qu'il
estoit comme un Ange de Dieu, pouvant approcher
de saMaiestè: estant médiateur pour effacer les iniquités
et transgressions du peuple. Combien donc
que tout cela fust, neantmoins l'Apostre monstre
que nostre Seigneur Iesus Christ l'a surmonté de
beaucoup en honneur, et qu'il faut qu'il soit exalté
par dessus toutes les figures de la Loy, et qu'on
veoit par [pag. 73] cela qu'il en est la vérité et la
substance. Et que si on prenoit tous les umbrages
qui ont esté en usage pour un temps, qu'ils ne profiteroyent
rien, et que tout seröit frivole sinon qu'on
vienne au vray patron. Notons bien donc quand
Abram a offert tous les dismes a Melchisedec, que
c'a esté desia pour monstrer combien que Dieu
deust establir puis après un estât de Sacrificature
en son peuple, que ce n'estoit point pour deroguer
à la Sacrificature de nostre Seigneur Iesus Christ,
laquelle estoit désia figurée en la personne de Melchisedec,
comme elle a esté desia establie pour lors.
Au reste, quant est d'offrir des dismes aux Sacrificateurs,
nous voyons que desia Abram l'a fait devant
qu'il y eust loy escrite: et n'y a doute que
l'Esprit de Dieu ne l'ait induit et poussé à cela.
Car Moyse ne recite point ici une chose faite à la
volée et sans raison, mais plus tost il declaire
comme Dieu a ratifié l'office de Melchisedec, d'autant
qu'il l'a voulu instituer son Sacrificateur, et
qu'Abram luy en a fait recognoissance. Mais nous
ne pouvons pas recueillir de cela qu'il y en ait eu
loy generale, ne que les fidèles se fussent obligez
à payer les dismes, sinon d'autant que Dieu l'a
aussi institué en sa Loy. Ce qu'il a fait non seulement
afin qu'on luy. fist hommage des biens
de la terre, protestans qu'ils venoyent de sa pure
libéralité: ce n'a pas esté simplement à [pag. 74]
ce que les ministres de l'autel fussent nourriz, c'est
à dire ceux qui servoyent au temple: mais il y
avoit qu'ils estoyent de la race d'Abram. Et ainsi
une partie de la terre leur appartenoit, et devoyent
entrer en possession d'icelle, comme il avoit esté
dit à Abram: Ta semence possédera la terre. Levi
devoit faire un chef en la maison d'Abram, et il en
est exclus: et la maison de Ioseph fait deux testes