volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
721 SERMONS. 722*<br />
Et cependant ils cavillent que combien que nostro<br />
Seigneur Iesus Christ ait obtenu pardon, tant pour<br />
la coulpe que pour la peine, neantmoins cela est<br />
réservé: combien qu'ils se contredisent manifestement.<br />
Car de l'autre costé ils disent que nostre<br />
Seigneur Iesus Christ n'a mérité pour nous sinon<br />
occasion de mérite. Or comme il a esté traitté<br />
par ci devant, ils diront bien que de nature nous<br />
sommes si malins, et si débordez que nous ne<br />
saurions faire aucun bien que Dieu accepte:<br />
mais ils disent que quand Iesus Christ marche<br />
devant, il nous donne l'occasion de mériter, et c'est<br />
le premier mérite, disent-ils, en sorte qu'ils ne luy<br />
donnent que quelque petit lopin, et quelque petite<br />
portion, et nous avons le principal. Or si ainsi est<br />
que Iesus Christ nous ait seulement mérité occasion<br />
de mérite, c'est à dire, que par son moyen il nous<br />
faille obtenir paradis, il s'ensuit que tant pour la<br />
peine que pour la coulpe [pag. 177] nous serons<br />
tousiours redevables à Dieu. Et ainsi c'est une<br />
abomination trop enorme quand les Papistes présument<br />
de s'acquiter ainsi envers Dieu par leurs<br />
satisfactions. Et puis comme un mal attire l'autre,<br />
ils se fourrent en un labyrinthe plus profond: car<br />
ils voyent bien que si les hommes s'efforçoyent<br />
cent fois plus qu'ils ne peuvent, neantmoins encores<br />
ne pourront-ils pas contenter Dieu pour toutes leurs<br />
offenses. Pourquoy? Nous faillons entant de sortes<br />
que c'est un horreur. Et qui est-ce qui cognoistra ses<br />
fautes, dit David? Ainsi donc quand nous travaillerons<br />
beaucoup pour nos satisfactions, les Papistes<br />
sont contraints de dire que nous n'en pourrons<br />
point venir à bout. Mais il y a un autre tiers<br />
erreur, c'est assavoir, qu'il y a des indulgences,<br />
des graces, des pardons de pleniere remission, qui<br />
sont pour effacer les offenses de ceux qui les obtienent.<br />
Et encores ce ne leur est pas assez d'avoir<br />
telles indulgences, mais voila le purgatoire qui est<br />
comme la fin et l'accomplissement de tout, tellement<br />
qu'on voit qu'ils sont tellement entortillez en<br />
erreur, qu'ils ne s'en peuvent desveloper. Car<br />
depuis qu'ils se sont une fois forvoyez de la pure<br />
simplicité de l'Escriture saincte, le diable les a<br />
possédez en telle sorte, et leur a baillé tant de<br />
filetz et de licols, qu'il leur est impossible de s'en<br />
[pag. 178] desveloper. Or d'autant plus nous fautil<br />
estre bien attentifs à ceste doctrine par laquelle<br />
toutes satisfactions sont exclues, et sommes renvoyez<br />
à nostre Seigneur Iesus Christ, pour trouver en<br />
luy ce qui nous défaut. Et au reste, notons que<br />
pour bien comprendre que c'est d'estre sauvez par<br />
la pure grace de Dieu, et que la foy nous soit<br />
imputée à iustice, il nous faut venir à la mort: car<br />
quand les Papistes disputent de leur mérites, de<br />
leurs satisfactions et indulgences, ils sont là à deviser<br />
et a iargonner à leur aise: mais quand les hypo-<br />
Calvini opera. Vol. XXIII.<br />
crites se sont enyvrez, voire et endurcis contre<br />
Dieu, et qu'ils se sont fait à croire monts et merveilles<br />
en toute leur vie, le diable les fait bien puis<br />
après remuer, quand il faut venir à bon escient devant<br />
le luge. Car nous voyons comme les hommes<br />
sont estourdis, et cependant que Dieu leur donne<br />
quelque terme ils le forgent tel que bon leur semble,<br />
et le transfigurent à leur apetit : mais quand il<br />
faut partir de ce monde, et qu'il se faut trouver<br />
devant le siege iudicial, qui est mesme terrible et<br />
redouté des Anges, helas ! que peut faire une creature<br />
mortelle en cest endroit? Ainsi donc, quand nous<br />
parlons de ceste certitude de foy, il n'est pas<br />
question d'avoir quelque entree en l'Eglise de Dieu<br />
tant seulement, mais il faut que nous ayons une<br />
espérance invincible pour batailler contre [pag. 179]<br />
toutes les tentations de Satan, et sur tout quand<br />
il est question de respondre devant Dieu, que nous<br />
puissions demourer fermes contre tous effrois, que<br />
nous n'en soyons point agitez. Et ainsi ceste doctrine<br />
ne gist point en speculation, mais en pratique.<br />
Il est vray qn'il nous faut estre enseignez par<br />
l'Escriture saincte, mais iusqu'à ce que Dieu nous<br />
ait adiournez à bon escient, et que nos consciences<br />
soyent là astraintes qu'il faille qu'elles comparoissent<br />
pour ouir la sentence du luge celeste. Or il est<br />
certain que nous ne ferons que nous iouër de toute<br />
ceste dispute. Mais la pratique nous enseignera<br />
ce que i'ay desia dit, c'est assavoir, qu'il nous faut<br />
avoir du tout nostre refuge à la grace de nostre<br />
Seigneur Iesus Christ, cognoissant d'autant qu'il<br />
est nostre advocat, que Dieu n'entrera point en<br />
Jugement avec nous. Et pourquoy? Nous sommes<br />
absous, non point selon que nostre procès le porte,<br />
mais par pure abolition de toutes nos fautes et<br />
iniquitez. Voila donc ce que nous avons encores à<br />
retenir sur ce poinct. Or il semblerait maintenant que<br />
nous ne poussions avoir pleine iustice si elle consistait<br />
en la foy: car la foy comme nous avons dit,<br />
sera tousiours debilei en nous, cependant que nous<br />
vivrons. Et comment est-ce donc que nous obtiendrons<br />
pleine iustice de Dieu? car l'effet [pag. 180]<br />
no peut surmonter sa cause. Si nous n'avions<br />
qu'un demi soleil, nous n'aurions pas tant de clarté<br />
que nous avons: il faut que le soleil soit plein, à<br />
fin que les rayons s'espandent çà et là. Quand<br />
donc la foy est ainsi debile en nous, il semblerait<br />
que nous ne fussions agréables à Dieu qu'en partie,<br />
et que d'autre costé nous fussions réprouvez de luy:<br />
mais notons que la foy ne nous iustifie point de sa<br />
vertu: et voila pourquoy aussi il ne faut point avoir<br />
esgard à la perfection d'icelle, pour dire que nostre<br />
salut soit parfait. A parler proprement, il n'y a<br />
que Dieu seul qui nous iustifie, comme nous avons<br />
allégué le passage de sainct Paul du huitième<br />
chapitre des Romains. Et ce iustifier-la, c'est co<br />
16