volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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703 SERMONS. 704<br />
nom sera magnifié de nous comme il le mérite.<br />
Voila donc les quatre commandemens de la premiere<br />
table. Or quand nous aurons bien espleuohé tout<br />
ce qu'ils contienent, venons à nous, et nous trouverons<br />
qu'au lieu de nous avoir arresté à luy, nous<br />
sommes vagabohs, et que nos pensées et imaginations<br />
nous pourmeinent, et nous tracassent ça et<br />
là. Qu'est-ce quand il est question mesme de<br />
[pag. 139] prier? Car ceste action devroit retirer<br />
les hommes d'ici bas pour les ravir au ciel, d'autant<br />
que nous sommes comme en la presence de nostre<br />
Dieu. Et cependant quand nous, prions combien<br />
aurons-nous encores d'imaginations frivoles qui<br />
nous passent par la teste et qu'il nous faut là<br />
tenir captifs? Puis qu'ainsi est, que sera-ce de<br />
tout le reste de nostre. vie? Ainsi en sera-il de<br />
tous les commandemens de la Loy, quand nous en<br />
ferons comparaison avec nostre - vie. Et pourtant<br />
nous ne trouverons non pas une mort seule, mais<br />
cent mille. Et au reste nous voyons aussi comme<br />
Dieu en sa Loy, nous a voulu toucher au vif: car<br />
il est dit qu'il faut que le coeur soit navré à bon<br />
escient. Car après qu'il a prononcé ceste sentence,<br />
Maudit sera celuy qui n'accomplira toutes les<br />
choses qui sont ioi escrites, il ne se contente point<br />
d'estre iuge, et d'avoir ainsi condamné de sa bouche<br />
les hommes : mais. il veut que le peuple responde<br />
Amen, c'est à dire, que chacun passe condamnation<br />
de son bon gré, et qu'on se tiene pour tout condamnez,<br />
confessant la sentence qu'il a donnée, estre<br />
iuste et equitable. Ainsi donc voila comme la Loy<br />
nous doit faire entrer en l'examen de toute nostre<br />
vie, que nous n'ayons que desespoir en nous, et<br />
que par ce moyen nous soyons solicitez de cercher<br />
nostre Seigneur [pag. 140] Iesus Christ pour le<br />
commencement de nostre iustice. Or maintenant<br />
nous, voyons que ce sont deux choses contraires<br />
comme le feu et l'eau, que nous soyons eBtimez<br />
iustes devant Dieu par nos oeuvres, et que nous<br />
soyons acceptez de luy en vertu de la foy. Car<br />
comme sainct Paul en parle, si nous apportions<br />
rien du nostre, il est certain que Dieu nous seroit<br />
redevable, d'autant encores que nous ne soyons<br />
pas iustes du tout ny ep perfection: quoy qu'il<br />
en soit, si est-ce que le salaire nous seroit deu<br />
pour une portion telle que nous pourrions avoir.<br />
Or il est dit que la foy ne se peut accorder nullement<br />
avec les oeuvres: il faut donc conclure que<br />
quand nous sommes iustifiez par foy, les oeuvres<br />
cessent et sont abatues du tout. Or ceste façon de<br />
parler de prime face sembleroit estre dure, que la<br />
foy ne se puisse, accorder avec les bonnes oeuvres:<br />
car il sembleroit qu'elle nous iustifie à fin de nous<br />
lascher la bride à, toute iniquité. Or c'est selon<br />
une qualité certaine et un regard que sainct Paul<br />
dit cela, comme aussi il parle de la Loy et de la<br />
foy: La Loy, dit-il, ne peut avoir nulle convenance'<br />
avec la foy, ce sont deux choses incompatibles. Et<br />
en quelle sorte? Dieu n'est-il pas autheur de la<br />
Loy comme de l'Evangile? y a-il contrariété ni<br />
repugnance en luy? H est bien certain que [pag. 141]<br />
non, il est immuable. Et pourquoy donc est-ce<br />
que sainct Paul trouve une telle contrariété entre<br />
la Loy et l'Evangile? C'est au regard de nous<br />
iustifier. Autant en est-il entre la foy et les<br />
oeuvres: il y a contrariété entant que les oeuvres<br />
sont mérites. Et qui plus est nous ne pouvons<br />
faire nulle bonne oeuvre sinon par foy, comme<br />
nous l'avons desia touché, et sera encores déduit<br />
plus au long. Car la cause et l'effet ne sont pas<br />
contraires: mais quand nous voulons establir quelque<br />
mérite en nos oeuvres, c'est à dire, que nous voulons<br />
qu'elles doivent valoir pour nous aquerir grace<br />
devant Dieu, et que soyent une satisfaction pour<br />
nos péchez : brief, qu'elles nous servent à salut,<br />
c'est pour ruiner du tout la foy, et par ce moyen-la<br />
elle est anéantie. Ainsi donc nous voyons que non<br />
sans cause sainct Paul conclud que si nous sommes<br />
iustifiez par la Foy, les oeuvres n'y ont aucun<br />
lieu, mais faut qu'elles s'esvanouissent, voire entant<br />
qu'on y pourrait attribuer quelque opinion de mérites,<br />
ou de vertus pour faire que Dieu nous ait<br />
agréables. Or notons quant et quant que Dieu<br />
nous iustifie par sa pure libéralité, et ne cerche en<br />
nous que nos misères pour y subvenir, à fin que<br />
luy seul soit cognu iuste et que la louange de<br />
nostre salut luy soit rendue voire du tout comme<br />
aussi sainct Paul le note très-bien [pag. 142] tant<br />
au premier chapitre des Ephesiens qu'au troisième<br />
des Romains. H dit donc que Dieu a enclos tout<br />
sous péché, à fin que luy seul soit cognu iuste, et<br />
que toute bouche soit close, pource que c'est luy,<br />
seul qui iustifie les pécheurs par la grace de nostre<br />
Seigneur Iesus Christ, et qui nous introduit au<br />
chemin de sa iustice. Comme aussi au troisième<br />
chapitre des G-alates, quand sainct Paul propose<br />
ceste question. Comment est-il possible que Dieu<br />
ait donné sa Loy après la promesse? Car il semble<br />
qu'il ait changé propos, et qu'il se soit ravisé,<br />
d'autant qu'il iustifie gratuitement Abram, et long<br />
temps après il vient publier sa Loy: en icelle il<br />
dit, Quiconque fera ces choses, il vivra en icelles.<br />
S. Paul respond à cela, que la Loy n'est point<br />
donnée pour anéantir la promesse gratuite, mais<br />
pour l'usage que i'ay desia touché et exposé, c'est<br />
qu'il faut que nous soyons enclos sous péché, et<br />
sous condamnation, autrement nous na pourrons<br />
gouster iamais que vaut la miséricorde de Dieu,<br />
et ne la cercherons point, et aussi il nous semblera<br />
que nous n'en ayons nul besoin. Et de fait il y a<br />
deux façons de gens qui mesprisent nostre Seigneur<br />
Iesus Christ, et se priveut de tous les biens qu'il