volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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701 SERMONS. 702<br />
Dieu qui nous espovante pour nous rendre du<br />
tout désespérez. Car que savons-nous que c'est<br />
d'avoir nourriture sinon que la famine nous presse?<br />
si nous estions enflez et souls, chacun demoureroit<br />
en tel estât, nous ne cercherions ne pain ne pitance<br />
(comme on dit) mais la famine nous contraint de<br />
cercher pasture: quand nous sommes malades, nous<br />
venons au remède, mais si un homme estoit insensible,<br />
et qui ne fust point touché d'aucune passion<br />
de son mal, il mouroit cent fois sans demander<br />
secours ne sans l'appeter. Il faut donc comme i'ay<br />
desia dit que la cognoissance de nos misères nous<br />
touche tellement que nous soyons vrayement à la<br />
mort, et que nous sentions la [pag. 135] mort de<br />
laquelle parle l'Escriture à fin d'aspirer à la vie<br />
que nostre Seigneur Iesus Christ nous présente<br />
par son Evangile, est c'est pourquoy tant souvent<br />
l'Escriture nous redargue de nos offences, et nous<br />
fait comme nostre procez criminel. Car Dieu ne<br />
prendrait point plaisir à nous manier en telle sorte,<br />
n'estoit qu'il cognust la nécessité. Ainsi donc<br />
autant qu'il y a de menaces en l'Escriture saincte<br />
et de sentences de condamnation et de reproches<br />
et de choses semblables, ce sont autant de coups<br />
de marteau que Dieu nous donne sur la teste, à<br />
fin de nous amener à l'humilité de laquelle nous<br />
sommes bien loin iusqu'à ce qu'il nous ait amortis<br />
en telle façon, voire par violence. Voila donc pour<br />
un item. Et au reste il nous faut venir à deduction<br />
plus ample de ce qui a esté dit, c'est que iusques<br />
à tant que nous ayons contemplé nos misères en<br />
la parole de Dieu, nous serons endormis en nostre<br />
hypocrisie et serons sans souci: et ceste nonchalance-la<br />
sera cause, que nous mespriserons la grace<br />
de Dieu et en serons quant et quant exclus. Or Dieu<br />
nous a proposé nostre condamnation en la Loy<br />
notamment: il est vray que toute l'Escriture en est<br />
pleine: et quand il est dit qu'elle est utile, entre les<br />
autres choses, il admene les reprehensions. Et puis<br />
nous savons que porte l'Evangile, Repentez-vous<br />
[pag. 136], le Royaume de Dieu est prochain. Voila<br />
comme Dieu dispose ses esleus pour recevoir la<br />
Justice gratuite qui leur est donnée par le moyen de<br />
•son Fils, c'est que noue soyons repentans. Et<br />
qu'emporte cela? une tristesse que nous soyons<br />
faschez, et contristez pour nous condamner en<br />
nostre mal et nous vengeans de nous-mesmes<br />
comme sainct Paul en parle: car il ne met pas<br />
seulement le mot de tristesse, et d'effroy, mais il<br />
dit qu'il nous faut avoir un tel zèle que nous<br />
soyons là comme pour prendre vengeance de nousmesmes,<br />
d'autant que nous sommes ainsi ennemis<br />
de Dieu. Or combien que ceste doctrine se rencontre<br />
en toute l'Escriture saincte: neantmoins<br />
Dieu a spécialement ordonné sa Loy à cela, et<br />
c'est pourquoy sainct Paul dit qu'elle n'apporte<br />
qu'ire. Quand on aura bien regardé à ce qui est<br />
là dit, on trouvera que Dieu nous est contraire, et<br />
que nous ne pouvons approcher de luy sinon qu'il<br />
soit armé pour foudroyer contre nous, et pour nous<br />
abysmer pleinement. Vray est que la Loy nouB<br />
monstre bien que c'est de iuetement vivre, et d'acquérir<br />
iustice si nous en estions capables, comme<br />
nous traitterons plus au long ici après. Il est<br />
escrit au dixhuitieme chapitre du Levitique: Qui<br />
fera ces choses, il vivra en icelle: mais cependant<br />
regardons si nous approchons mesmes de' ce que<br />
Dieu nous commande? [pag. 137]. Il est vray<br />
qu'encores les hommes sont si outrecuidez que la<br />
Loy, iusques à ce qu'elle soit bien entendue, ne<br />
suffit point pour les mater et pour les despouiller<br />
de toute folle présomption. Car voila sainct Paul<br />
qui avoit esté enseigné des sa ieunesse en la Loy,<br />
il estoit du rang des docteurs: il dit neantmoins<br />
qu'il n'a pas laissé de présumer de ses vertus, et<br />
cuidoit estre bien iuste, il avoit la Loy à laquelle<br />
il s'arrestoit, mesprisant la grace de nostre Seigneur<br />
Iesus Christ. Et pourquoy? Il ne regardoit qu'à<br />
l'apparence, comme quand il est dit : Tu ne tueras<br />
point: et bien il n'estoit pas meurtrier: Apres, Tu<br />
ne paillarderas point, on ne void paB aussi qu'il<br />
fust un putier ou un paillard: Tu ne desroberas<br />
point, il n'estoit point larron. Il pensoit donc<br />
estre quitte du tout devant Dieu. Et voila comme<br />
il estoit endormi en ses vaines flateries. Mais<br />
depuis Dieu l'a reveillé et l'a amené plus loin, et<br />
le fait entrer iusques au plus profond de ses pensées.<br />
Et quant il est dit, Tu ne convoiteras point, alors<br />
il voit qu'il est convaincu et condamné tellement<br />
qu'il n'y a plus d'absolution. Car il sent qu'il a<br />
beaucoup de vanitez en soy qui le chatouillent, sa<br />
fragilité luy fait concevoir beaucoup de tentations,<br />
il cognoit qu'il ne s'est point aquitté de la centiesme<br />
partie de l'amour de Dieu [p. 138], qui doit estre<br />
en tous fidèles. Sainct Paul cognoit cela: ainsi le<br />
voila comme un povre trespassé, il oublie sa vie,<br />
de laquelle il avoit esté trompé et deceu, et cognoit<br />
qu'il est du tout comme une povre charougne pourrie<br />
devant Dieu. La loy l'occit tellement qu'il n'a<br />
plus dequoy présumer en soy. Et voila pourquoy<br />
i'ay dit, qu'il y a une raison speciale contenue en<br />
la Loy de Dieu, pour nous monstrer ,qu'il n'y a en<br />
nous que condamnation: car il nous faut ici arrester<br />
premièrement à chacun précepte. Nous devons<br />
avoir un seul Dieu. Et quel est-il? comment<br />
est-ce qu'il est servi et honoré de nous? Quand<br />
nous serons du tout attachez à luy, que nous ne<br />
cercherons autre bien, ni autre félicité, ni resiouissance<br />
que de le glorifier, qu'on n'orra que<br />
louanges et actions de graces de nos bouches,<br />
qu'en toutes sortes on appercevra que nouB aspirons<br />
du tout à luy, ayans renoncé au monde, que son