volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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717 SERMONS. 718<br />
de gloire en nous, et que tout le bien que nous<br />
pouvons apporter [pag. 168] c'est don gratuit de<br />
Dieu, pource que de nous-mesmes nous ne saurions<br />
que pécher: ils confesseront tout cela, et en somme<br />
ils diront que nous sommes iustifiez de pure grace,<br />
que nous sommes iustifiez sans nos oeuvres, qu'il<br />
n'y a rien du nostre, et que Dieu nous donne le.<br />
tout: ont-ils confessé cela? Ils ne laissent pas<br />
toutesfois de se ruyner, et eux, et les autres. Et<br />
comment? Il leur semble qu'ils sont desia parvenus<br />
à une perfection, là où il n'y a rien que redire.<br />
Car qui est-ce qui trouvera à dire en un homme<br />
quand il sera tellement abatu en soy, qu'il sera mesme<br />
du tout aboli, qu'il confessera qu'il n'y a rien que<br />
malediction en soy, et que tout ce qu'il a do bien<br />
Tient de la pure libéralité de Dieu, en sorte que<br />
Dieu seul en est exalté et magnifié, et que<br />
l'homme est anéanti en soy mesmes, à fin de<br />
faire recognoissance et hommage à Dieu, qu'il<br />
tient tout de sa pure bonté? Voire mais nous avons<br />
desia declairé, que si nous doutons, la porte des<br />
cieux nous est fermée. Or il faut bien que nous<br />
doutions, ou que nous soyons enragez du tout,<br />
quand nous regardons en nos oeuvres. Prenons le<br />
cas que Dieu ait régénéré un homme par son sainct<br />
Esprit, et que celuy-la seulement rend graces à<br />
Dieu ainsi que nous avons recité en parlant du<br />
Pharisien, et qu'il dise, non ie tiens tout de Dieu,<br />
cependant si faut-il quand il vient le prier [pag.<br />
169], qu'il viene en confiance. Et comment y<br />
viendra-il? D'autant qu'encores il est imparfait et<br />
debile, il aura beaucoup de vices meslez, parmi les<br />
vertus que Dieu y a mises: et ces vertus-la mesmes<br />
seront encores vicieuses, d'autant, di-ie, qu'il<br />
ne sera point du tout nettoyé des macules de la<br />
chair. Quand un homme se trouvera ainsi au milieu<br />
du chemin, et qu'il sera encores bien loin de<br />
son but, que pourra-il faire sinon douter? Ainsi<br />
donc concluons que ce n'est rien de confesser que<br />
nostre salut prooede de la pure grace de Dieu, entant<br />
que par son S. Esprit il nous gouverne, mais<br />
qu'il faut avoir refuge à la remission de nos péchez.<br />
Et ainsi ceux qui cavillent en cest endroit, et font<br />
des sophistes, disant que nous ne sommes point<br />
iustifiez par nos oeuvres, d'autant que les bonnes<br />
oeuvres ne sont point nostres, mais qu'elles sont<br />
dons du S. Esprit, oublient ce poinct que nous avons<br />
n'agueres touché, c'est assavoir, qu'il faut qu'il y<br />
ait une certitude en nostre foy, et que ceste certitude-la<br />
ne peut estre sinon que Iesus Christ soit<br />
nostre advocat, et que sa mort soit la satisfaction<br />
de nos péchez, tellement que nous ne pouvons faire<br />
sinon que nous confessions, la debte, ainsi que nous<br />
avons allégué l'exemple du Publicain. Or nous<br />
voyons aussi bien que ceste iustice n'est pas seulement<br />
pour un iour, mais [pag. 170] qu'il faut qu'elle<br />
continue tout le temps de nostre vie. Car combien<br />
que nous ayons profité au service de Dieu, si est-ce<br />
qu'encores il y a tousiours des imperfections. Il<br />
faut donc que la foy nous iustifie simplement. Et<br />
ici il nous faut abatre ceste folle opinion et perverse<br />
des Papistes qui cuident en partie estre iustifiez<br />
par leurs oeuvres, et en partie par la remission<br />
qu'ils obtienent de la grace de Dieu: car<br />
il faut qu'en tout et par tout Dieu nous reçoyve<br />
à merci, comme il a esté monstre. Et pourquoy?<br />
La partie de nos oeuvres ne mérite rien: et puis<br />
qu'il n'y a pas une seule oeuvre qui ne soit vicieuse,<br />
quand il seroit question d'en iuger selon la dignité<br />
qu'il y trouve. En tout et par tout donc nous<br />
voila exclus. Ainsi il faut venir à ce poinct, c'est<br />
assavoir, que les plus iustes, quand ils sembleroyent<br />
des Anges, il faut qu'ils soyent acceptez de Dieu<br />
gratuitement. Or ici on pourroit faire une obiection :<br />
car si est-ce que ceux que Dieu a desia appelez<br />
sont bien différons de ceux qui sont du tout aliénez<br />
de luy, et mesmes il y a grande distance et diversité<br />
entre l'homme fidèle quand Dieu l'a remis au<br />
droit chemin, et quand il Pavoit délaissé selon la<br />
corruption de sa nature. Yoila un homme qui aura<br />
veBcu pour quelque espace de temps comme une<br />
brebis esgaree et comme une creature perdue: et<br />
bien, Dieu le vient illuminer [pag. 171] par son<br />
Evangile, il le touche et le reforme en sorte qu'on<br />
verra comme une nouvelle creature, ainsi que<br />
l'Escriture en porte. Et de fait nous ne pouvons<br />
pas estro Chrestiens que nous ne soyons renouvelez<br />
en telle sorte, et que nous ne soyons la facture de<br />
Dieu, créez en nostre Seigneur Iesus Christ: pour<br />
faire les oeuvres que Dieu a préparées, il faut, di-ie,<br />
que tout cela y soit. Or maintenant il semble qu'il<br />
y ait ici de l'absurdité. Dieu iustifie le brigand<br />
qui est pendu pource qu'il recognoist son salut en<br />
Iesus Christ: et quand il est iustifie, n'a-il pas une<br />
autre qualité en soy qu'il n'avoit auparavant? Ouy<br />
bien. Pourquoy donc disons-nous que la iustice<br />
gratuite a son cours et son train toute la vie de<br />
l'homme? Or l'homme fidèle pour le moins aura<br />
bonne affection de se renger à l'obéissance de Dieu,<br />
il se desplaira en ses vices, voire et en gémira, et<br />
son principal désir sera de tousiours conformer sa<br />
vie à la Loy. Quand donc l'homme fidèle est tel,<br />
il ne faut pas dire qu'il est iustifie comme il a esté<br />
du premier coup, pour ce qu'il estoit débauché alors,<br />
et qu'il estoit du tout aliéné de Dieu. Or la response<br />
à ceci est, quand Dieu nous iustifie du commencement,<br />
c'est à dire, qu'il nous reçoit à merci,<br />
nous retirant de la damnation en laquelle nous avons<br />
esté, que là il [pag. 172] use d'un pardon general:<br />
et puis quand il nous iustifie après, ce n'est pas<br />
qu'il ne recognoisse les biens qu'il a mis en nous,<br />
qu'il ne les avoue et les approuve, car il ne se peut