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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

les Editions Sokolova publièrent en tout six titres pendant leurs quatre années<br />

d’existence. Ce fut peut-être la toute première maison d’édition qui se donna pour<br />

mission <strong>de</strong> continuer la tradition <strong>de</strong> la création littéraire libre. Le n° 14 <strong>de</strong> Svobodná<br />

země (Pays libre) d’octobre 1952 annonce les <strong>de</strong>ux premiers volumes <strong>à</strong> paraître : les<br />

« Discours <strong>de</strong>stinés <strong>à</strong> la patrie » <strong>de</strong> Ferdinand Peroutka et « Trois nouvelles » <strong>de</strong> <strong>Jan</strong><br />

Č<strong>ep</strong>. Tandis que Peroutka trouva la grâce auprès <strong>de</strong> l’éditrice <strong>de</strong> sorte qu’on lui a même<br />

publié <strong>de</strong>ux ouvrages, le manuscrit <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> fut finalement refusé <strong>à</strong> cause, sans doute,<br />

d’un certain clivage idéologique. Expliquons-nous davantage. Meda Sokolová et le<br />

cercle <strong>de</strong> ses « conseillers » étaient bien plus proches du libéralisme et du pragmatisme<br />

d’un Peroutka que <strong>de</strong> la vision spirituelle <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>. Toute cette histoire désagréable pour<br />

Č<strong>ep</strong> se reflète dans l’échange épistolaire avec Vladimír Peška. C’est lui qui avait été<br />

chargé par Č<strong>ep</strong>, résidant alors <strong>à</strong> Munich, <strong>de</strong> veiller sur la préparation <strong>de</strong> son livre dans<br />

l’édition parisienne. En décembre 1952 Peška écrit <strong>à</strong> Č<strong>ep</strong> qu’ « autour <strong>de</strong> son livre règne<br />

une certaine indécision » 270 . Č<strong>ep</strong> rétorque <strong>de</strong> Munich, visiblement irrité, qu’il<br />

« préférerai[t] qu’elles [les éditrices] le lâcheraient » qu’elles « ont assez <strong>de</strong>s autres » 271 .<br />

Ce qui ne tar<strong>de</strong>ra pas <strong>à</strong> s’accomplir. C’est en mars <strong>de</strong> l’année suivante que Peška, cette<br />

fois c’est lui qui est au comble <strong>de</strong> l’exaspération, décrit <strong>à</strong> Č<strong>ep</strong> comment il s’est laissé<br />

échauffer en récupérant les manuscrits déclinés et éclaire les raisons du refus :<br />

Je voudrais connaître ces « conseillers littéraires » <strong>de</strong> ma<strong>de</strong>moiselle l’éditrice ! […] Des allusions, j’ai<br />

compris […] que vous leur sembliez un peu plus « désespéré » qu’il leur convenait, et peut-être qu’ils<br />

n’appréciaient pas votre « écriture », mais sûrement votre « conc<strong>ep</strong>tion du mon<strong>de</strong> » (pardonnez le<br />

monstre). Alors, sit venia verbo, les imbéciles, ou bien pour être plus décent, les aveugles ou les<br />

malhonnêtes. 272<br />

Certes, le manuscrit ne resta pas longtemps en suspend. Il fut r<strong>ep</strong>ris et publié en<br />

automne <strong>de</strong> la même année sous le titre Les Tziganes par la section culturelle du Comité<br />

<strong>de</strong>s réfugiés politiques tchécoslovaques en Allemagne. L’animateur <strong>de</strong> cette maison<br />

d’édition, laquelle adoptera bientôt le nom <strong>de</strong> l’Armoirie <strong>de</strong> pierre selon le recueil <strong>de</strong>s<br />

poésies <strong>de</strong> Z<strong>de</strong>něk Rotrekl, poète emprisonné en Tchécoslovaquie, était un jeune<br />

critique littéraire, Antonín Kratochvil. Ce fut le même Kratochvil qui eut l’idée d’éditer<br />

270 V. Peška <strong>à</strong> J. Č<strong>ep</strong>, le 9 décembre 1952.<br />

271 J. Č<strong>ep</strong> <strong>à</strong> V. Peška, le 12 décembre 1952.<br />

272 « Chtěl bych znát ty „literární porádce“ slečny naklada<strong>tel</strong>ky! […] Z náznaků […] jsem vyrozuměl, že<br />

jste se jim zdál trochu víc „désespéré“ než jim bylo vhod, and se jim možná nelíbilo Vaše „écriture“, jistě<br />

ovšem Váš „světový názor“ (odpusťte tu obludu!) Tož, sit venia verbo, blbci, nebo abych byl slušnější,<br />

sl<strong>ep</strong>ci nebo n<strong>ep</strong>octivci. », V. Peška <strong>à</strong> J. Č<strong>ep</strong>, le 23 mars 1953.<br />

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