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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

caractérisé par Č<strong>ep</strong> comme « l’organe <strong>de</strong> la connaissance plus parfait que la psychologie<br />

la plus raffinée » 567 . Pour aimer les autres, il faut d’abord être ami avec soi ; celui qui se<br />

tient en dégoût et qui considère sa propre vie comme un far<strong>de</strong>au est dépourvu <strong>de</strong> la<br />

capacité d’ouverture relationnelle envers les autres :<br />

Ne peut aimer les autres celui qui dans un sens ne s’aime pas soi-même, qui n’a pas <strong>de</strong> compassion<br />

pour son âme, qui reste indifférent <strong>à</strong> son <strong>de</strong>stin éternel. Notre amour pour les autres, les mots <strong>de</strong><br />

consolation que nous leur apportons dans la douleur et le malheur, peuvent être vrais uniquement s’ils<br />

jaillissent du profond sentiment que tout ce que nous avons et par quoi nous vivons est un don ; si<br />

nous sommes prêts <strong>à</strong> nous ouvrir au mon<strong>de</strong> et aux autres, mais aussi <strong>à</strong> nous-mêmes. 568<br />

Même si l’amour (ou la haine) fait réduire les distances entre Moi et l’Autre, celles-ci<br />

ne sont pas supprimées pour autant. L’amour ne procè<strong>de</strong> pas <strong>à</strong> une fusion <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sujets<br />

en un seul, le Je et le Tu ne se fon<strong>de</strong>nt pas dans un Nous ; l’i<strong>de</strong>ntification entière et<br />

complète avec l’autre ne s’avère pas possible. Du reste, les frontières et les distances<br />

séparant le sujet <strong>de</strong> l’autre peuvent être éprouvées avec encore plus d’acuité puisque<br />

dans la relation d’amour ou d’amitié authentique il y a un vrai engagement en faveur <strong>de</strong><br />

l’autre. C’est avant tout dans les situations limites où se révèlent les insuffisances <strong>de</strong><br />

l’amour, celui-ci ne possédant pas le moyen d’enlever la souffrance ou la mort <strong>à</strong> l’être<br />

aimé. Č<strong>ep</strong> développe l’idée :<br />

Même cet amour [véritable] ne suffit pas afin que <strong>de</strong>ux personnes qu’il lie soient l’une <strong>à</strong> l’autre<br />

entièrement transparentes, que je sois toujours tu. Je ne peux pas me mettre tout <strong>à</strong> fait <strong>à</strong> la place <strong>de</strong><br />

celui que j’aime, et même si dans une certaine mesure je souffre avec lui, je ne peux pas souffrir au<br />

lieu <strong>de</strong> lui – je ne peux pas faire en sorte qu’il ne souffre pas ; je ne peux pas faire en sorte qu’il ne<br />

meurt pas et que moi je reste en vie. C’est justement l’amour ou l’amitié qui <strong>de</strong>vient parmi les<br />

hommes une source <strong>de</strong> souffrance dont l’indifférence mutuelle se trouve épargnée. 569<br />

Selon Č<strong>ep</strong>, l’amour absolu qui ferait tomber les murs <strong>de</strong> Je et <strong>de</strong> Tu n’est possible<br />

qu’en une rencontre dans « quelque chose tierce ».<br />

L’amour, dit Č<strong>ep</strong>, ce n’est pas plus <strong>de</strong> moi ou plus <strong>de</strong> toi ; c’est une rencontre dans quelque chose<br />

tierce ou plutôt dans une réalité qui n’est pas non plus tout <strong>à</strong> fait moi et toi, mais dans laquelle nous<br />

sommes tous <strong>de</strong>ux davantage nous-mêmes que si nous nous sauvions chacun pour soi, ou si nous<br />

tentions une fusion impossible l’un dans l’autre. 570<br />

567 Œuvres V, p. 119.<br />

568 Ibid., p. 223.<br />

569 « Ale ani taková láska nestačí ovšem na to, aby dvě lidské bytosti, které k sobě poutá, byly jedna druhé<br />

naprosto průhledné, aby já bylo vždycky ty. Nemohu se nikdy úplně postavit na místo toho, koho miluji,<br />

a i když do jakési míry trpím s ním, nemohu trpět místo něho – nemohu způsobit, aby on sám netrpěl;<br />

nemohu způsobit, aby on sám neumřel, a já abych zůstal živ. Právě láska nebo přá<strong>tel</strong>ství bývá mezi lidmi<br />

zdrojem utrpení, kterého je ušetřena vzájemná lhostejnost. », Œuvres V, p. 161-162.<br />

570 « Láska neznamená více já nebo více ty; znamená setkání v něčem třetím, nebo spíše vytvoření nějaké<br />

skutečnosti, která není ani docela ty a já, ale v které jsme oba více sami sebou, než kdybychom se<br />

zachraňovali každý sám pro sebe nebo snad usilovali o nemožné splynutí jednoho v druhém. », Œuvres V,<br />

p. 162.<br />

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