03.07.2013 Views

[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

sans écueils pour la vie <strong>de</strong> l’ouvrage. On pourrait même aller jusqu’<strong>à</strong> suggérer qu’il<br />

s’agit l<strong>à</strong> d’un livre constitué d’une succession d’échecs. Il y en a qui se situent sur le<br />

plan <strong>de</strong>s amours (les filles « se moquent » <strong>de</strong> sa « gaucherie », l’amour impossible pour<br />

la femme <strong>de</strong> son ami), d’autres se trouvent sur le plan <strong>de</strong>s relations avec les autres<br />

(« moqueries » et « chicanes » <strong>à</strong> l’école, caractère soumis envers les autres), d’autres<br />

encore, et plus lourds <strong>de</strong> conséquences, dans le domaine <strong>de</strong> la morale et <strong>de</strong> la religion<br />

(contradiction entre la religion et la sensualité, impureté). Sans parler davantage <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

débâcles vitales, <strong>de</strong>venues tragédies personnelles <strong>de</strong> l’auteur, mais qui furent au début<br />

paradoxalement conçues par Č<strong>ep</strong> pour sortir <strong>de</strong> la misère et renouer avec une vie<br />

meilleure. Il s’agit bien sûr <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fuites situées aux carrefours importants <strong>de</strong> sa vie : la<br />

fuite peu glorieuse <strong>de</strong> Stará Ríše (il se dit revenu <strong>à</strong> Prague « comme un naufragé ») et<br />

huit ans après, la fugue encore plus piteuse <strong>de</strong> Palma <strong>de</strong> chez Bernanos (il se souvient d’<br />

« une séparation encore plus déchirante que la première, un sentiment d’échec,<br />

d’abandon, <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong> »).<br />

En revanche, Č<strong>ep</strong> passe quasiment sous silence les succès <strong>de</strong> sa vie et les honneurs<br />

dont il fut objet en tant qu’écrivain. Et s’il en parle tout <strong>de</strong> même, il le fait presque<br />

contre son gré, les considérant presque comme quelque chose dont il <strong>de</strong>vrait avoir<br />

honte. On est l<strong>à</strong> vraiment <strong>à</strong> l’antipo<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’apologie. C<strong>ep</strong>endant il y a une chose qui<br />

sauve l’auteur <strong>de</strong> la débâcle, <strong>de</strong> l’échec total <strong>de</strong> sa vie. C’est la dimension <strong>de</strong> la foi<br />

chrétienne. En effet, selon la formule <strong>de</strong> Saint Paul « C’est dans la faiblesse que la force<br />

se manifeste tout entière » (2 Cor., XII, 9), elle sait transformer la faiblesse en force.<br />

Les déconvenues ne sont pas définitives, les chutes ne sont pas irréparables, puisque<br />

l’auteur les soumet <strong>à</strong> la logique <strong>de</strong> la foi, <strong>à</strong> la perspective d’une ré<strong>de</strong>mption. Ces <strong>de</strong>ux<br />

niveaux s’entrelacent au fil du récit et font son équilibre. Si le niveau <strong>de</strong> la vie concrète<br />

est composé majoritairement <strong>de</strong>s pertes et <strong>de</strong>s échecs, le niveau <strong>de</strong> la foi, qui lui est<br />

hiérarchiquement supérieur, contrebalance le ton défaitiste du texte, remet cette vie-<br />

échec en valeur, lui adjuge un prix et une dignité. Ma Sœur l’angoisse est une<br />

préparation <strong>à</strong> la <strong>de</strong>rnière bataille <strong>de</strong> l’auteur, qui sera celle avec la mort ; c’est un effort<br />

presque surhumain pour transformer tous les échecs en victoire finale. Comme l’auteur<br />

s’en rend compte vers la fin <strong>de</strong> sa vie et <strong>de</strong> son livre, le résultat reste ouvert :<br />

Maintenant, je me trouve face <strong>à</strong> face avec moi-même <strong>tel</strong> que je suis, <strong>tel</strong> que j’ai laissé au temps <strong>de</strong> me<br />

faire, avec toutes mes lacunes, tous mes vi<strong>de</strong>s, tout ce qui défigure ma figure. Le temps <strong>de</strong>s ‘<strong>à</strong> plus<br />

tard’, <strong>de</strong>s ‘pas encore’ est définitivement passé. Il me reste un seul espoir, ma <strong>de</strong>rnière chance :<br />

d’essayer <strong>de</strong> faire quelque chose, au <strong>de</strong>rnier moment, avec mes manquements mêmes, mes<br />

294

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!