03.07.2013 Views

[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

et suscitent d’autres présences » 165 . Un paragraphe <strong>de</strong> l’autobiographie <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> « en<br />

témoignage <strong>de</strong> cette amitié exigeante qu’était la sienne » 166 est mis en conclusion <strong>de</strong> la<br />

nécrologie.<br />

Nous sommes bien tentés <strong>de</strong> r<strong>ep</strong>roduire ici en totalité le bel hommage rendu <strong>à</strong> <strong>Jan</strong><br />

Č<strong>ep</strong> par Henri Queffélec, tant son témoignage est humain et personnel, affectueux et<br />

émouvant. Citons-en au moins quelques alinéas. L’article portant le titre « En souvenir<br />

<strong>de</strong> <strong>Jan</strong> C<strong>ep</strong> [sic] écrivain catholique tchèque » parut dans La Croix du 17-18 février<br />

1974. Son début fait le point sur la longue souffrance <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières<br />

années <strong>de</strong> sa vie, tout en le mettant <strong>à</strong> la lumière <strong>de</strong>s Béatitu<strong>de</strong>s en le plaçant au même<br />

niveau que les victimes <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> concentration :<br />

Certains êtres, par la lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s croix qui les frappent, semblent avoir reçu mission <strong>de</strong> r<strong>ep</strong>résenter<br />

dans la Communion <strong>de</strong>s Saints le déchirant mystère <strong>de</strong> la souffrance innocente. Le chrétien, <strong>de</strong>vant<br />

eux, songe <strong>à</strong> la promesse paradoxale <strong>de</strong>s Béatitu<strong>de</strong>s. Heureux ceux qui pleurent, heureux les<br />

persécutés. Le noble écrivain tchèque <strong>Jan</strong> C<strong>ep</strong> [sic] [...] fut <strong>de</strong> ceux-l<strong>à</strong>, au même titre que les martyrs<br />

<strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> concentration.<br />

[...]<br />

Une atroce maladie avait peu <strong>à</strong> peu détruit l’homme. Bien qu’il habitât au cœur <strong>de</strong> Paris et qu’il fût<br />

entouré <strong>de</strong>s plus chères affections, il vivait ou il survivait <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> longues années, enfermé, enfoncé<br />

dans sa nuit. Le regard, seul, évoquait par moments la profon<strong>de</strong>ur intuitive <strong>de</strong> l’ancienne in<strong>tel</strong>ligence –<br />

tout <strong>de</strong> suite il se chargeait <strong>de</strong> navrance, d’interrogation. 167<br />

D’emblée Queffélec remonte dans ses souvenirs <strong>à</strong> leur première rencontre dans les<br />

années d’après-guerre, quand Č<strong>ep</strong>, invité par Mounier <strong>à</strong> la rédaction d’Esprit, parlait <strong>de</strong><br />

l’évolution politique en Tchécoslovaquie :<br />

Nous nous étions entretenus plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures sur les pelouses et le long <strong>de</strong>s petites allées,<br />

immédiatement liés d’affection, comme <strong>de</strong>ux hommes simples aimant les êtres et les choses. Sa parole<br />

avait un grand charme. Connaissant admirablement la langue française, il veillait <strong>à</strong> prononcer toujours<br />

le mot juste, mais soudain, une flamme passait, le débit se précipitait, le propos se chargeait d’une<br />

intense poésie… 168<br />

Queffélec évoque ensuite l’évasion <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> et sa situation d’exilé en France, ce pays<br />

pour laquelle Č<strong>ep</strong> avait une réelle affection :<br />

Il aurait pu trouver un poste dans une Université américaine, mais il aimait trop notre pays auquel,<br />

malgré Munich, il était <strong>de</strong>meuré fidèle. Il était l’ami <strong>de</strong> Balzac, <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>l, <strong>de</strong> Bernanos, <strong>de</strong> Pourrat,<br />

d’autres encore, dont il avait publié <strong>de</strong> nombreuses traductions avant son exil et puis, peut-être même<br />

« et surtout », la France r<strong>ep</strong>résentait le sol <strong>de</strong> la vieille Europe. Il pouvait même s’y tenir aux écoutes<br />

165<br />

Esprit, 42, n° 4, avril 1974, p. 768.<br />

166<br />

Ibid.<br />

167<br />

H. Queffélec, « En souvenir <strong>de</strong> <strong>Jan</strong> C<strong>ep</strong> [sic] écrivain catholique tchèque », La Croix, le 16-17 février<br />

1974, p. 9.<br />

168 Ibid.<br />

63

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!