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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

A l’espace ennemi se superpose encore le temps, lui aussi hostile <strong>à</strong> Kříž. Car l’espace<br />

désert <strong>de</strong> la nuit est rempli <strong>de</strong> temps immobilisé, qui retombe sur le héros par le poids <strong>de</strong><br />

tout son passé et avec qui celui-ci doit se confronter :<br />

D’emblée l’heure vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> nuit s’approfondit autour <strong>de</strong> lui <strong>de</strong> tous côtés, s’affala sur ses épaules par le<br />

poids du temps matérialisé. Il est bon d’éprouver une fois ce qu’est le temps, un écoulement lent et<br />

ininterrompu que l’on ne peut tromper par rien. Tu l’affrontes seul, mon cher, face <strong>à</strong> face, tu affrontes<br />

face <strong>à</strong> face toi-même. 431<br />

L’espace du second récit, l’Ile Ré, implique également l’aspect d’impasse. Par<br />

analogie avec le dédale <strong>de</strong>s rues parisiennes, l’île, <strong>à</strong> son tour, est un lieu d’où ne part<br />

aucune issue, étant enfermé <strong>de</strong> partout par l’océan. C’est un lieu <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong> par<br />

excellence dans lequel est projeté le <strong>de</strong>stin du naufragé. Aucun doute que l’exilé est<br />

aussi, en quelque sorte, un naufragé. A un certain moment le paysage insulaire apparaît<br />

désert et abandonné au narrateur, dépourvu <strong>de</strong> présence humaine dans la mesure où il a<br />

l’impression d’être « le <strong>de</strong>rnier habitant <strong>de</strong> cette terre ». L’espace insulaire est saisi dans<br />

une image quasiment apocalyptique :<br />

Je me suis tourné ; sur la pente du ciel la lune rougeâtre, immense, s’était figée. Des barrières <strong>de</strong><br />

nuages s’élevaient au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l’horizon, <strong>tel</strong>les les décombres du continent ravagé. L’île r<strong>ep</strong>osait<br />

profondément en bas, terriblement silencieuse. Sa surface, maculée <strong>de</strong> tâches d’ombre et <strong>de</strong> lumière<br />

livi<strong>de</strong>, semblait être le reflet d’une planète morte qui planait <strong>à</strong> travers un espace vi<strong>de</strong>. La mer<br />

mugissait dans les oreilles du <strong>de</strong>rnier habitant <strong>de</strong> cette terre. 432<br />

IV.2.4. L’issue du labyrinthe <strong>de</strong> l’exil : interpénétration du « double chez soi »<br />

Il est fréquent que la littérature parle <strong>de</strong> l’exil comme d’une sorte <strong>de</strong> maladie. Les<br />

personnages č<strong>ep</strong>iens sont, eux aussi, contaminés et cherchent parfois un antidote dans<br />

l’évasion, loin <strong>de</strong> l’actualité dangereuse, dans le mon<strong>de</strong> du souvenir. Toutefois cet<br />

antidote implique <strong>de</strong>s effets secondaires sous forme <strong>de</strong> stagnation, <strong>de</strong> pétrification dans<br />

le passé, d’enfermement dans la rêverie nostalgique. Afin que l’exil ne <strong>de</strong>vienne pas une<br />

431 « Prázdná noční hodina se okolo něho rázem prohloubila na všechny strany, lehla mu na ramena tíhou<br />

zhmotnělého času. Je dobré zkusit to jednou, co je to čas, n<strong>ep</strong>řerušované pomalé plynutí, které nelze<br />

ničím ošidit. Stojíš mu, holečku, sám tváří v tvář, stojíš tváří v tvář sobě. », Œuvres III, p. 365.<br />

432 « Otočil jsem se; na svahu oblohy stál ohromný narudlý měsíc. Hráze mraků se zdvíhaly nad obzorem<br />

jako zříceniny zpustošeného kontinentu. Ostrov ležel hluboko dole, strašlivě tichý. Jeho povrch,<br />

rozeklaný skvrnami stínu a sinavého světla, se zdál odrazem mrtvé planety, která se vznášela prázdným<br />

prostorem. Moře hučelo v uších posledního obyva<strong>tel</strong>e této země. », Œuvres III, p. 372.<br />

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