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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

Ailleurs, lorsque le narrateur omniscient, qui domine le fil du récit, rend compte <strong>de</strong> la<br />

relation entre <strong>Jan</strong> Simon et Georgette Vankova, la fin du paragraphe est amputée. C’est<br />

justement la partie au discours indirect libre exprimant le trouble <strong>de</strong> <strong>Jan</strong> :<br />

<strong>Jan</strong> Šimon byl zasažen hloub, než se domníval, ale všecky jeho pokusy, získat ji něžnou pozorností,<br />

odbývala Jiřina výsměchem. […] [<strong>Jan</strong> Šimon nerozuměl ničemu: je to hloupá venkovská koketa, která<br />

si dělá blázny z mužských jenom proto, že si uvědomuje svou moc nad nimi, nebo ji k tomu má něco<br />

jiného?] 840<br />

<strong>Jan</strong> Simon avait été atteint <strong>à</strong> une profon<strong>de</strong>ur qu’il soupçonnait <strong>à</strong> peine ; mais la jeune fille r<strong>ep</strong>oussait<br />

en riant toutes les attentions qu’il avait essayé <strong>de</strong> lui prodiguer. […] [<strong>Jan</strong> Simon ne comprenait rien :<br />

est-elle une coquette paysanne qui se paye la tête <strong>de</strong>s hommes seulement parce qu’elle est consciente<br />

<strong>de</strong> son pouvoir sur eux, ou bien y a-til autre chose ? ] 841<br />

Les amputations <strong>de</strong> cette sorte ne ren<strong>de</strong>nt pas service au texte, puisqu’au lieu <strong>de</strong> le<br />

diversifier, elles l’uniformisent. Elles simplifient également le réseau <strong>de</strong>s relations entre<br />

les différents personnages.<br />

Curieusement, parmi ces passages au discours indirect libre se trouvent aussi <strong>de</strong>s<br />

propos qui expriment sans aucun doute la conviction la plus intime <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> lui-même,<br />

son humanisme et son éthos chrétiens. Ce n’est pas le narrateur omniscient qui aurait la<br />

mission <strong>de</strong> r<strong>ep</strong>endre la philosophie <strong>de</strong> l’auteur, c’est plutôt grâce aux réflexions au style<br />

indirect libre, aux monologues intérieurs ou parfois même dans les dialogues qui sont<br />

distribués entre notamment trois personnages : les <strong>de</strong>ux héros masculins (Procope et<br />

<strong>Jan</strong>) et le curé Stoklas. Dans l’exemple qui suit, il est question <strong>de</strong> la tentation <strong>de</strong><br />

Procope pour la littérature. Une seule phrase est éliminée, et elle est pourtant d’une<br />

portée capitale puisqu’elle résume dans un raccourci lapidaire toute la conc<strong>ep</strong>tion <strong>de</strong> la<br />

littérature <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> :<br />

Začalo ho pokoušet slovo, zatoužil stavět architektury ze slov, tak jako se stavívaly z kamení chrámy.<br />

[Lidský osud ve věčnosti – kéž by to mohl vyjádřit tak, jak se to ještě nikomu n<strong>ep</strong>odařilo.] 842<br />

Le mot commençait <strong>à</strong> le tenter, il rêvait <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s architectures <strong>de</strong> mots comme on avait<br />

construit <strong>de</strong>s cathédrales <strong>de</strong> pierre. [La <strong>de</strong>stinée humaine dans l’éternité – s’il pouvait l’exprimer<br />

comme personne avant lui n’avait encore réussi <strong>à</strong> le faire.] 843<br />

Ou bien, Č<strong>ep</strong> ne laisse pas entrer dans la traduction française le passage sur la charité<br />

chrétienne, peut-être <strong>de</strong> peur d’être pris pour un moralisateur :<br />

840 Œuvres II, p. 65.<br />

841 La Frontière <strong>de</strong> l’ombre, op. cit., p. 101.<br />

842 Œuvres II, p. 26.<br />

843 La Frontière <strong>de</strong> l’ombre, op. cit., p. 34.<br />

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