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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

vieillards, mais surtout l’importance qu’il attribue aux <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s. L’enfance – le<br />

paradis perdu <strong>de</strong> l’innocence première –, la vieillesse – le temps du bilan <strong>de</strong> la vie avant<br />

la mort. Il est d’ailleurs assez commun dans la littérature <strong>de</strong> mettre en relief ces phases<br />

cruciales <strong>de</strong> l’existence humaine. Il suffit <strong>de</strong> rappeler, parmi beaucoup d’autres, les<br />

romans <strong>de</strong> Mauriac, <strong>de</strong> Bernanos, d’Alain-Fournier, pour estimer l’enjeu capital <strong>de</strong><br />

l’enfance dans leurs œuvres respectives. Dans ses essais Č<strong>ep</strong> décèle davantage, sans<br />

voile <strong>de</strong> l’intrigue et <strong>de</strong> la fiction, quel sens il donne <strong>à</strong> l’enfance dans sa perc<strong>ep</strong>tion <strong>de</strong><br />

l’homme, <strong>de</strong> la personne humaine.<br />

En 1965, âgé alors <strong>de</strong> soixante-trois ans, Č<strong>ep</strong> écrivit dans la préface d’Un Pèlerin sur<br />

la terre ces phrases :<br />

L’homme vieillissant perçoit son enfance autrement qu’au moment où il l’a réellement vécue, bien<br />

qu’il aille, dans un certain sens, toujours <strong>à</strong> son encontre. Il sait qu’il rencontrera le garçon qu’il était<br />

jadis dans la <strong>de</strong>rnière rencontre <strong>à</strong> laquelle il pense <strong>de</strong> plus en plus et avec un vertige toujours<br />

grandissant. 528<br />

L’enfance ce n’est pas pour Č<strong>ep</strong> simplement une étape lointaine <strong>de</strong> la vie,<br />

définitivement révolue, ni un souvenir sentimental, source <strong>de</strong> nostalgie après l’état <strong>de</strong><br />

grâce et <strong>de</strong> l’innocence. C’est quelque chose <strong>de</strong> plus qui se prolonge dans la vie adulte,<br />

ou, en tout cas, qui <strong>de</strong>vrait se prolonger, qui <strong>de</strong>vrait persister. Pour Č<strong>ep</strong> l’enfance est un<br />

symbole. Le symbole <strong>de</strong> l’authenticité <strong>de</strong> l’être, le noyau secret le plus profond, <strong>de</strong> la<br />

personne humaine, le ressort grâce auquel celle-ci se renouvelle sans cesse. C’est<br />

l’enfance qui constitue la vraie i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> la personne <strong>de</strong> sorte que Č<strong>ep</strong> doute que les<br />

personnes ne l’ayant pas connu <strong>de</strong>puis l’enfance soient en mesure <strong>de</strong> comprendre qui il<br />

est vraiment, profondément. En outre, la notion <strong>de</strong> l’enfance se confond, correspond <strong>de</strong><br />

manière métonymique avec le pays <strong>de</strong> l’enfance. L’enfance est ancrée <strong>à</strong> la fois dans le<br />

temps et dans l’espace : « C’est un lieu dans le temps – et en même temps souvent un<br />

lieu concret sur la terre – que je porte sans cesse avec moi, qui est en quelque sorte un<br />

noyau et une source <strong>de</strong> mon être. » 529 Au sens plus ou moins traditionnel du mot<br />

« enfance » – la première étape <strong>de</strong> la vie où s’édifie la personne humaine qui est donc<br />

une catégorie physique ou biologique, se superpose dans l’idée <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>, une catégorie<br />

« ontologique » – le noyau authentique et organique <strong>de</strong> la personne humaine.<br />

528 « Stárnoucí člověk vidí jinak svoje dětství, než když je doopravdy prožíval, ačkoli mu j<strong>de</strong> v jistém<br />

smyslu stále vstříc. Ví, že se setká s chlapcem, kterým byl kdysi, v onom posledním setkání, na které<br />

myslí čím dál tím víc, a s rostoucí závratí. », Œuvres VI, p. 9.<br />

529 « Je to místo v čase – a zároveň často určité místo na zemi – které nosím ustavičně s sebou, které je<br />

jaksi jádrem a zdrojem mé bytosti. », Œuvres VI, p. 10.<br />

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