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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

parcours passé. Du reste, la réponse assume une fonction indispensable au genre<br />

autobiographique : elle i<strong>de</strong>ntifie l’auteur (« oui, c’est toi »), le pourvoit d’un nom et<br />

d’un âge (« tu t’appelles <strong>Jan</strong> ; tu viens d’avoir cinquante-s<strong>ep</strong>t ans »), précise sa<br />

situation familiale (« tu as une femme et <strong>de</strong>ux enfants ») et même géographique (« Tu<br />

es en France <strong>de</strong>puis douze ans, avec un intervalle <strong>de</strong> trois ans <strong>à</strong> Munich. »). Or,<br />

l’apaisement, le retour <strong>à</strong> la terre n’est que partiel, puisque le sentiment d’étrangeté<br />

persiste. L’auteur se savait « soi-même » mais<br />

en même temps un autre, un autre transparent, qui pouvait être traversé par les rayons du soleil, qui<br />

aurait même pu traverser les murs ; qui est l<strong>à</strong>, ici et maintenant, mais vient d’ailleurs. Comme un<br />

voyageur <strong>de</strong> passage, un pèlerin. 701<br />

Nous nous souvenons <strong>de</strong> l’importance du symbole du « passant », du « pèlerin »,<br />

nous l’avons traité précé<strong>de</strong>mment en analysant les récits d’exil, <strong>de</strong> même que la<br />

philosophie ressortant <strong>de</strong>s méditations <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>.<br />

La <strong>de</strong>scription d’une expérience peu commune, <strong>de</strong> cette prise <strong>de</strong> conscience<br />

existentielle, annonce <strong>de</strong> quoi il s’agira au fil du livre entier : d’une quête <strong>de</strong> soi, d’une<br />

appréciation du parcours <strong>de</strong> sa vie. Le souvenir d’un rêve ancien dont l’auteur fait croire<br />

qu’il lui est venu par hasard (« Je ne sais pas pourquoi m’est revenu le souvenir <strong>de</strong> ce<br />

rêve… » 702 ), mais qui se situe en réalité dans la même logique d’interrogation<br />

existentielle, révèle d’une manière dissimulée la même chose. Le rêve raconte le chemin<br />

banal du narrateur <strong>à</strong> la messe matinale. D’emblée les contours familiers bien réalistes du<br />

trajet mille fois répété se voient tordus par l’apparition fantomatique <strong>de</strong> son père décédé.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier, doté dans le rêve <strong>de</strong> traits étranges (« Il avait l’air égaré, comme un petit<br />

garçon qui se serait perdu. » 703 ), avant <strong>de</strong> disparaître <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au narrateur « d’un ton<br />

angoissé » son nom qu’il prétend avoir oublié. S’interroger sur son nom, qu’est-ce autre<br />

que s’interroger sur sa propre i<strong>de</strong>ntité, sur la quintessence même <strong>de</strong> sa personne ?<br />

Venons-en au quatrième point qui fait en quelque sorte une synthèse <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux points<br />

précé<strong>de</strong>nts.<br />

L’évocation <strong>de</strong> l’âge du père au moment <strong>de</strong> sa mort est mise en rapport avec son<br />

propre âge, qui dépassait celui du père déj<strong>à</strong> <strong>de</strong> trois ans. C’est cette fois le tour du fils <strong>à</strong><br />

s’interroger comme le faisait jadis dans le rêve son père égaré. Puisqu’au moment<br />

701 Ma Sœur l’angoisse, op. cit., p. 1.<br />

702 Ibid.<br />

703 Ibid., p. 2.<br />

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