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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

il a la possibilité du retour, ne serait-ce qu’<strong>à</strong> la dérobée, sous la nuit, car « il avait honte<br />

<strong>de</strong> revenir parmi les siens, où il n’y avait plus <strong>de</strong> place pour [lui] » 405 . C’est lui-même<br />

qui s’est exclu, ce n’est pas une conjoncture politique, une dictature qui l’a fait partir et<br />

qui lui interdit <strong>de</strong> revenir. Cet errant-vagabond est aussi et surtout un pèlerin cheminant<br />

les mille chemins qui sont ses seuls vrais amis, au point qu’il s’i<strong>de</strong>ntifie <strong>à</strong> eux :<br />

Je me suis épris <strong>de</strong>s chemins pour eux mêmes, pour leur figure <strong>de</strong> pèlerin, pour leur humilité et leur<br />

patience. Que <strong>de</strong> gens les traversent, que <strong>de</strong> traces les marquent ! Oh, qui voudrait décrypter l’écriture,<br />

gravée sur les chemins par <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> pieds humains ! [...] J’ai marché sur les chemins asservis et<br />

avilis, pelés, écorchés, pleins <strong>de</strong> poussière et <strong>de</strong> plaies impures, traînant au milieu du paysage désert et<br />

ari<strong>de</strong> [...] Ce sont ces chemins que je préférais [...] Nous ressemblions tant, moi dans mes habits roux,<br />

tout couvert <strong>de</strong> leur poussière [...] tout imbibé <strong>de</strong> leur douleur et <strong>de</strong> leur désir pèlerin – et eux si<br />

éreintés, si paisibles [...]. 406<br />

De <strong>tel</strong>s passages, d’une gran<strong>de</strong> beauté poétique, trahissent une sensibilité aiguë et un<br />

amour profond <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> pour le mon<strong>de</strong> ici-bas, pour la terre, pour le pays natal. Un autre<br />

passage-éloge du pays natal fait irrésistiblement penser <strong>à</strong> Mácha. Nous reconnaissons ici<br />

en Č<strong>ep</strong> l’héritier du poète du romantisme tchèque dont les vers glorifiant la terre-mère,<br />

son berceau et sa tombe, sont connus par cœurs <strong>de</strong> tout élève tchèque. Ce passage,<br />

souvent varié par <strong>de</strong>s écrivains tchèques en exil, retentit dans la profession du héros<br />

banni <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> <strong>de</strong> la Vigile :<br />

Ainsi, ce soir, je me dresse encore une fois au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> cette vallée <strong>à</strong> laquelle je suis attaché jusqu’<strong>à</strong><br />

la mort [...] Et je sais pourtant que c’est toi, lieu mystérieux où il m’a été donné <strong>de</strong> naître, vers lequel<br />

je reviens dans mes rêves et auquel j’associe tous les contes <strong>de</strong> ma vie ; lieu qui ne peut être remplacé<br />

ni échangé par aucun autre, lieu unique au mon<strong>de</strong>, mon pays ! 407<br />

Il nous fallut cette digression pour souligner une fois <strong>de</strong> plus sous une lumière un peu<br />

différente la vision du <strong>de</strong>stin humain chez Č<strong>ep</strong>, qui est dans le mon<strong>de</strong> quasi peregrini et<br />

pour lequel, en conséquence naturelle, la vie n’est qu’une forme <strong>de</strong> l’exil. Il nous la<br />

fallut aussi pour démontrer que l’exclusion, le bannissement, l’exil, sont corrélatifs avec<br />

405 Œuvres I, p. 77.<br />

406 « Cesty jsem si zamiloval pro ně samy, pro jejich poutnickou podobu, pro jejich pokoru a trpělivost.<br />

Co lidí po nich přej<strong>de</strong>, co šlépějí je poznamená! Oh, kdo by chtěl luštit písmo, vyryté do cest šlépějemi<br />

lidských nohou! […] Šel jsem po cestách porobených a zneuctěných, lysých, odřených, plných prachu a<br />

nečistých ran, vlekoucích se uprostřed krajiny pusté a vyprahlé […] Tyto cesty jsem měl vlastně nejraději<br />

[…] Byli jsme si tak podobni, já v svých rezavých šatech, všecek pokrytý jejich prachem […], všecek<br />

prosáklý jejich bolestí a jejich poutnickou touhou – a ony tak utýrané, tak pokojné […] », Œuvres I,<br />

p. 79-80.<br />

407 « A tak dnes večer stojím zase nad touto dolinou, k níž jsem připoután nadosmrti. […] A přece vím,<br />

že jsi to ty, místo tajemné, ke mi bylo souzeno, abych se narodil, k němuž se vracím v snách a s nímž si<br />

sdružuji všechny pohádky svého života; místo, které nemůže být nahrazeno ani vyměněno žádným jiným,<br />

místo na světě jediné, můj domove! », Œuvres I, p. 81.<br />

Les célèbres vers <strong>de</strong> Mácha sont magnifiquement variés par exemple <strong>à</strong> la fin <strong>de</strong> la nouvelle d’Egon<br />

Hostovský Zápisky Bedřicha Davida o velké nevěře (Les notes <strong>de</strong> Bedřich David sur la gran<strong>de</strong> trahison)<br />

incluse dans le recueil Listy z vyhnanství (Lettres <strong>de</strong> l’exil).<br />

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