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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

La première signification est source <strong>de</strong>s souvenirs et <strong>de</strong> la nostalgie (et <strong>de</strong> la création<br />

artistique), la secon<strong>de</strong> entraîne <strong>de</strong>s conséquences dans le domaine existentiel et éthique<br />

puisque toute la vie <strong>de</strong> la personne est toisée par rapport <strong>à</strong> cette enfance. L’enfance est<br />

pour Č<strong>ep</strong> aussi le symbole d’une vie idéale, d’une vie <strong>de</strong> plénitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> pureté et <strong>de</strong><br />

bonheur que l’homme, corrompu par le péché, ne peut jamais atteindre au cours <strong>de</strong> son<br />

existence terrestre. C’est pour cela qu’il peut dire que son enfance est <strong>de</strong>rrière lui tout<br />

autant qu’elle est encore <strong>de</strong>vant lui. Et d’ajouter : « Mon enfance – c’est moi, c’est déj<strong>à</strong><br />

moi. » 530 Paradoxalement, sa présence conditionne la vraie maturité ; il faut développer<br />

l’enfance en soi par le fait <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une personne adulte et responsable. Il faut renouer<br />

avec l’enfance pour gar<strong>de</strong>r l’intégrité <strong>de</strong> la personne. Il faut gar<strong>de</strong>r, comme le dit encore<br />

Č<strong>ep</strong>, l’ « esprit <strong>de</strong> l’enfance » qui est « l’esprit <strong>de</strong> générosité et d’amour, d’honnêteté et<br />

d’ouverture, <strong>de</strong> joie et <strong>de</strong> plénitu<strong>de</strong> » 531 .<br />

L’enfance est liée <strong>à</strong> la mort, puisqu’elle n’est pas seulement le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la<br />

vie humaine mais aussi son horizon. L’enfance première doit retrouver la secon<strong>de</strong><br />

enfance, l’enfance mûre <strong>de</strong> la vieillesse afin que nous n’ayons pas honte « <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r<br />

dans les yeux <strong>de</strong> l’être que nous étions dans notre enfance » 532 . La ressemblance avec la<br />

fidélité <strong>à</strong> l’esprit <strong>de</strong> l’enfance chez Bernanos, qui lui aussi souhaitait passer <strong>à</strong> travers la<br />

mort guidé par le garçon qu’il était, est frappante 533 .<br />

Nous avons insisté, déj<strong>à</strong> <strong>à</strong> plusieurs r<strong>ep</strong>rises, sur le fait que la mort, « l’aventure<br />

suprême et grandissime » 534 , est un sujet central dans toute œuvre <strong>de</strong> <strong>Jan</strong> Č<strong>ep</strong>.<br />

Souvenons-nous que F. X. Šalda désigna Č<strong>ep</strong> dès ses premiers livres comme « le poète<br />

<strong>de</strong> la mort ». La fascination <strong>de</strong> la mort nous a été confirmée encore dans ses <strong>de</strong>rniers<br />

récits d’exil comme l’a démontré notre analyse. Dans la fiction il s’agit toutefois<br />

toujours <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong>s autres, <strong>de</strong> la mort imaginée <strong>de</strong>s autres. Dans les essais, il est<br />

530<br />

« Moje dětství – to jsem já, to jsem už já. », Œuvres VI, p. 10.<br />

531<br />

Œuvres V, p. 214.<br />

532<br />

Ibid., p. 155.<br />

533<br />

Cf. par exemple les <strong>de</strong>ux citations suivantes, parmi une quantité d’autres <strong>de</strong> Bernanos tiré <strong>de</strong>s Grands<br />

cimetières sous la lune : « Qu’importe ma vie ? Je veux seulement qu’elle reste fidèle <strong>à</strong> l’enfant que je<br />

fus. Oui, ce que j’ai d’honneur et ce peu <strong>de</strong> courage, je le tiens […] <strong>de</strong> l’enfant que je fus et qui est <strong>à</strong><br />

présent pour moi comme un aïeul. » – « Certes ma vie est déj<strong>à</strong> pleine <strong>de</strong> morts. Mais le plus mort <strong>de</strong>s<br />

morts est le petit garçon que je fus. Et pourtant, l’heure venue, c’est lui qui r<strong>ep</strong>rendra sa place <strong>à</strong> la tête <strong>de</strong><br />

ma vie, rassemblera mes pauvres années jusqu’<strong>à</strong> la <strong>de</strong>rnière, et comme un jeune chef ses vétérans, ralliant<br />

la troupe en désordre, entrera le premier dans la maison du père. », G. Bernanos, Romans, Paris, Plon,<br />

1994, respectivement p. 1290 et 1251.<br />

534<br />

Œuvres VI, p. 44.<br />

201

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