03.07.2013 Views

[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

s’agit d’un vieux curé mala<strong>de</strong> « qui sentait que ses forces le désertaient » 374 et pour qui<br />

« la distance <strong>de</strong> l’église au presbytère s’allongeait […] d’un jour <strong>à</strong> l’autre » 375 . La<br />

<strong>de</strong>scription physique du prêtre n’est pas offerte au lecteur, <strong>à</strong> l’exc<strong>ep</strong>tion <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong><br />

cette décrépitu<strong>de</strong>. Le prêtre lui même se rend compte <strong>de</strong> son état et le glose avec une<br />

pointe d’ironie fine, se caractérisant comme « une pauvre vieille carcasse qui est près <strong>de</strong><br />

ses <strong>de</strong>rnières convulsions » 376 ou se plaignant <strong>de</strong> « ce pauvre corps qui [lui] joue <strong>de</strong><br />

drôle <strong>de</strong> tours » 377 . Seul son regard « juvénile » comme s’il restait toujours jeune et<br />

résistait <strong>à</strong> la déchéance corporelle. C’est <strong>à</strong> lui que le narrateur porte une attention<br />

accrue. Le regard, les yeux sont avec les mains (« sèches et brûlantes », « moites et<br />

fiévreuses ») la seule partie qui est décrite d’une manière concrète dans le récit. Deux<br />

fois il s’agit du regard au sens propre : « son regard merveilleusement bleu et<br />

tendre » 378 , « ses beaux yeux juvéniles, agrandis » 379 . Ce sont les yeux du curé qui sont<br />

décrits par leur couleur, leur lustre, nuance, etc. en donnant en même temps par le<br />

procédé métonymique, les qualités <strong>de</strong> caractère du personnage comme la tendresse, la<br />

jeunesse d’esprit. Pour la troisième fois, la caractérisation du regard du prêtre est<br />

beaucoup plus lour<strong>de</strong> <strong>de</strong> sens, car ce regard « naïf et solennel » n’est plus la <strong>de</strong>scription<br />

du physique ; il est signe <strong>de</strong> la mort proche et renvoie <strong>à</strong> la réalité <strong>de</strong> l’au-<strong>de</strong>l<strong>à</strong>. C’est le<br />

regard qui trouble le héros-narrateur, celui-ci ne trouvant pas <strong>de</strong> sujet <strong>de</strong> conversation<br />

« <strong>de</strong>vant ce grand regard naïf et solennel qui commence déj<strong>à</strong> <strong>à</strong> subir l’attraction d’une<br />

vision plus qu’humaine » 380 .<br />

Le profil du caractère du prêtre est donné en <strong>de</strong>ux traits seulement : l’ascèse et la<br />

charité. Le premier est révélé par une focalisation sur sa <strong>de</strong>meure mo<strong>de</strong>ste, voire pauvre<br />

(« Le presbytère était vieux [...] <strong>de</strong> dimensions mal appropriées <strong>à</strong> notre temps<br />

d’économie hygiénique, et il était difficile d’y trouver un coin un peu accueillant. » 381 ),<br />

sur sa pu<strong>de</strong>ur vis-<strong>à</strong>-vis <strong>de</strong>s soins que les autres prennent pour lui, sur son refus <strong>de</strong><br />

s’aliter sur un lit plus confortable. Le second se manifeste non seulement dans la<br />

tendresse <strong>de</strong> son regard mais surtout dans sa compassion et son engagement pour les<br />

374<br />

Les Tziganes, p. 86.<br />

375<br />

Ibid.<br />

376<br />

Ibid., p. 92.<br />

377<br />

Ibid.<br />

378<br />

Ibid., p. 87.<br />

379<br />

Ibid., p. 92.<br />

380<br />

Ibid.<br />

381<br />

Ibid., p. 86.<br />

139

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!