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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

Ce qui retient le mourant ici bas, c’est le sentiment <strong>de</strong> ne pas avoir achevé le travail<br />

dans « ce pauvre mon<strong>de</strong> », <strong>de</strong> ne pas l’avoir accompli <strong>de</strong> manière suffisante, <strong>de</strong> l’avoir<br />

parfois trahi. C’est enfin le côté serein qui prévaut, la sérénité venant du fait que le<br />

Christ, lui aussi, avait subi la mort. Ce qui suit dans le monologue du prêtre pourrait être<br />

pris pour une vulgarisation du sens <strong>de</strong> la mort chrétienne sans pour autant donner<br />

l’impression d’un ajout artificiel au récit :<br />

Ça ne m’amuse pas non plus <strong>de</strong> passer par l<strong>à</strong>... j’aimerais mieux sauter par-<strong>de</strong>ssus, pour me retrouver<br />

d’un seul coup <strong>de</strong> l’autre côté... Mais le Bon Dieu veut cela <strong>de</strong> nous, que nous souffrions <strong>de</strong> cette<br />

misère, <strong>de</strong> cette humiliation... Lui-même, Il ne s’y est pas dérobé... Mais mon ami, ça vient toujours<br />

un peu trop tôt, nous ne savons pas nous y prendre. On s’aperçoit toujours quand on est au bout qu’on<br />

a négligé tant <strong>de</strong> choses, qu’on les a mal faites... Et puis quitter ce pauvre mon<strong>de</strong> quand tout y est sens<br />

<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>ssous, rien que ténèbres partout, et du sang et <strong>de</strong> l’horreur... 384<br />

La mort chez Č<strong>ep</strong> est enveloppée d’un mystère impénétrable pour les vivants. Si<br />

l’auteur se hasar<strong>de</strong> <strong>à</strong> saisir le moment <strong>de</strong> la mort (ou tout simplement le moment <strong>de</strong> la<br />

perte <strong>de</strong> conscience), il n’a d’autre moyen que <strong>de</strong> recourir au vocabulaire très flou, aux<br />

vocables sémantiquement imprécis et indéterminés comme « quelque chose », « quelque<br />

part », « étrange » pour frôler ce qui reste pour chaque humain inimaginable et indicible<br />

dans le langage humain. C’est ainsi que Č<strong>ep</strong> saisit le moment même <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong><br />

conscience <strong>de</strong> Klára Bendová, y ajoutant encore le jeu sémantiquement significatif <strong>de</strong><br />

l’obscurité et <strong>de</strong> la lumière :<br />

Elle [Klára] entendit encore un rire d’enfant, le chant du coucou ; puis tout <strong>à</strong> coup quelque chose<br />

s’effaça <strong>de</strong>vant elle, et quelque part au bout du couloir obscur et long se révéla une lumière étrange,<br />

qui s’approchait <strong>de</strong> plus en plus. 385<br />

Quelque chose <strong>de</strong> la mort, <strong>de</strong> son mystère, s’encroûte sur les mourants et <strong>à</strong> plus forte<br />

raison sur les morts dont l’expression du visage reflète qu’ils savent déj<strong>à</strong>. Si le regard du<br />

curé agonisant semble seulement entrevoir « une vision plus qu’humaine », le corps <strong>de</strong><br />

Claire trahit manifestement sa « connaissance incommunicable » : « Son front rayonnait<br />

d’une blancheur paisible, ses paupières étaient enfermées sur une connaissance<br />

incommunicable. » 386 La mort chez Č<strong>ep</strong> revêt en général une auréole <strong>de</strong> solennité, <strong>de</strong><br />

gravité, <strong>de</strong> sublime.<br />

384 Ibid., p. 92.<br />

385 « Zaslechla ještě dětský smích, volání kukačky ; potom se před ní naráz něco uhnulo, a k<strong>de</strong>si na konci<br />

dlouhé tmavé chodby se ukázalo podivné světlo, přicházelo blíž a blíž. », Œuvres III, p. 343.<br />

386 « Její čelo zářilo bělostí a kli<strong>de</strong>m, její víčka byla přimknuta nad poznáním nesděli<strong>tel</strong>ným. », Œuvres<br />

III, p. 343.<br />

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