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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

<strong>de</strong>s sentiers, <strong>de</strong>s routes, <strong>de</strong>s voyages et <strong>de</strong>s pèlerinages dans les récits <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>. D’où<br />

également l’importance sémantique capitale du topos du chemin.<br />

Pour illustrer notre propos, le prototype <strong>de</strong> ces « blooming pilgrims », ces amateurs<br />

<strong>de</strong> la vie, serait Tomáš Suchomel <strong>de</strong> L’Herbe <strong>de</strong>s champs qui, en parcourant les contrées<br />

<strong>de</strong> sa patrie savoure toutes ses beautés. Pour lui et ses semblables le chemin est une<br />

métaphore <strong>de</strong> la liberté. Ou bien pensons <strong>à</strong> un autre type <strong>de</strong> personnage č<strong>ep</strong>ien, incarné<br />

par Prokop Randa, protagoniste du roman La Frontière <strong>de</strong> l’ombre, qui après avoir<br />

parcouru le mon<strong>de</strong>, revient en « naufragé » dans le pays <strong>de</strong> ses aïeux pour y retrouver<br />

son i<strong>de</strong>ntité et sa vocation profon<strong>de</strong>. C’est d’ailleurs l’une <strong>de</strong>s situations modèles <strong>de</strong><br />

l’univers romanesque č<strong>ep</strong>ien, ce retour du héros <strong>de</strong>s pays lointains dans son village natal<br />

afin <strong>de</strong> s’y retrouver, <strong>de</strong> renouer avec ses racines. C’est parce que le pays natal,<br />

l’intimité <strong>de</strong> l’enfance, l’espace saturé <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong>s ancêtres, r<strong>ep</strong>résente pour Č<strong>ep</strong><br />

un lieu tout <strong>à</strong> fait privilégié où les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>meures <strong>de</strong> l’homme, terrestre et<br />

métaphysique, peuvent mieux s’entrelacer et s’entrecroiser. Et nous voil<strong>à</strong> au point nodal<br />

<strong>de</strong> la vision <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> qui est « le double chez soi », alpha et oméga <strong>de</strong> toute la création <strong>de</strong><br />

Č<strong>ep</strong>.<br />

Certes, on trouve <strong>de</strong>s exc<strong>ep</strong>tions, plutôt rares, <strong>de</strong>s personnages qui sont comme<br />

dépourvus <strong>de</strong> la magie qu’exerce sur les personnages č<strong>ep</strong>iens le pays natal. On se<br />

souvient d’un Artur Stein <strong>de</strong> La Frontière <strong>de</strong> l’ombre, ce cosmopolite inassouvi, qui ne<br />

veut pas se fixer, ne peut tenir en place, ou <strong>de</strong> <strong>Jan</strong> Šimon du dit roman, poussé par une<br />

inquiétu<strong>de</strong> métaphysique <strong>à</strong> quitter son village pour essayer sa quête <strong>de</strong> bonheur ailleurs.<br />

Avec Les Tziganes entre en scène un nouveau type <strong>de</strong> personnage dans lequel<br />

l’aspect d’étrangeté se radicalise et s’intensifie parce qu’il se double <strong>de</strong> l’exclusion.<br />

Prokop Randa ou Tomáš Suchomel sont tous <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s errants : Prokop, recherchant sa<br />

propre voie, est avant tout étranger <strong>à</strong> lui-même ; Tomáš Suchomel, le « amateur » <strong>de</strong> la<br />

vie, peut aux yeux <strong>de</strong>s autres faire figure <strong>de</strong> vagabond en marge <strong>de</strong> la société ou <strong>de</strong> doux<br />

rêveur. C<strong>ep</strong>endant tous <strong>de</strong>ux ils leur chez-soi où ils sont libres <strong>de</strong> revenir. Ils ont en<br />

réserve leur village natal qui reste le point stable et sûr <strong>de</strong> leurs vies agitées. Or, les<br />

tziganes sont <strong>de</strong>s noma<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> vrais apatri<strong>de</strong>s, sans domicile fixe. En raison <strong>de</strong> leur<br />

nomadisme, ils se distinguent radicalement <strong>de</strong>s autres et cette étrangeté constitue une<br />

désigne comme « Pilgrim » et « Wan<strong>de</strong>rer ». Le premier r<strong>ep</strong>résente un « archétype d’un pèlerin médiéval<br />

cheminant sur un lieu déterminé d’avance », le second fait cas d’un « pèlerin romantique rôdant sans but<br />

dans le paysage, d’un lieu <strong>à</strong> un autre ». Cf. J. Trávníček, « Dvojí domov, je<strong>de</strong>n vypravěč a jeho trojhlas »<br />

(Double chez soi, un narrateur et ses trois voix), Česká literatura, n° 2, 1997, p. 204.<br />

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