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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

semble révéler quelque chose <strong>de</strong> pathologique (masochisme moral). Tels les flagellants<br />

du Moyen-Age, Č<strong>ep</strong> semble trouver une part <strong>de</strong> joie dans le dévoilement <strong>de</strong> ses fautes et<br />

faiblesses, réelles ou prétendues. Ainsi, il lui arrive <strong>de</strong> mettre en question son rapport<br />

avec ses parents dans la petite enfance, se <strong>de</strong>mandant s’il les a aimés suffisamment. Il<br />

ressent une culpabilité indéfinissable <strong>à</strong> ne pas bien servir la messe, <strong>à</strong> « ne pas y arriver<br />

toujours au même <strong>de</strong>gré » et cherche la faute en lui, même l<strong>à</strong> où il n’y en avait pas :<br />

[J]e cherchais souvent le reflet <strong>de</strong> mes sentiments sur le visage et dans la voix <strong>de</strong> ceux <strong>à</strong> qui j’avais <strong>à</strong><br />

faire. Si le prêtre dont je servais la messe avait l’air plus distant, plus fermé que d’habitu<strong>de</strong>, j’en<br />

cherchais les causes en moi-même, je me croyais coupable, sans pouvoir dire pourquoi. 715<br />

Plusieurs fois, il expose ses transgressions <strong>de</strong>s lois morales, qui sont pour lui<br />

i<strong>de</strong>ntiques aux normes <strong>de</strong> l’Eglise, dans le domaine <strong>de</strong> la sexualité, en racontant son<br />

avilissement, sa « mise en contradiction avec soi-même », avec le noyau pur et<br />

authentique <strong>de</strong> son être. En effet, ce sont pour la plupart <strong>de</strong>s transgressions <strong>de</strong>s lois<br />

implicites <strong>de</strong> la morale (sexualité) et <strong>de</strong> la religion (doute, manque <strong>de</strong> foi) qui sont la<br />

source <strong>de</strong> nombreuses manifestations du sentiment <strong>de</strong> culpabilité. A l’intérieur <strong>de</strong><br />

l’homme, la lutte déferle entre l’idéal et la réalité, entre ce qu’il appelle « mon vrai<br />

moi », sa « partie authentique » (qui voudrait être obéissante aux lois) et le moi <strong>de</strong><br />

« surface », la vie « en marge ou même en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> moi-même » 716 (qui transgresse ces<br />

lois par un assentiment <strong>à</strong> la nature).<br />

Si l’affinité avec les Confessions <strong>de</strong> Saint Augustin est probante, il est tout aussi<br />

apparent que la fonction apologétique propre aux Confessions <strong>de</strong> Jean-Jacques est<br />

totalement antinomique <strong>à</strong> l’intention <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>. Le projet <strong>de</strong> Jean-Jacques fut en quelque<br />

sorte un projet d’autodéfense (et <strong>de</strong> camouflage) pour justifier son passé, sa conduite, sa<br />

vie antérieure. Il cherchait <strong>à</strong> construire « l’image-<strong>de</strong>-soi-pour-l’autre », c’est-<strong>à</strong>-dire <strong>tel</strong>le<br />

qu’il voulait que le lecteur la perçoive. Or Č<strong>ep</strong> cherche <strong>à</strong> se dévoiler, <strong>à</strong> se mettre <strong>à</strong> nu<br />

entièrement pour saisir non l’image embellie et apologétique, et <strong>de</strong> ce fait fausse et<br />

mensongère, mais la vérité profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> soi, l’authenticité <strong>de</strong> son être. Il ne dissimule<br />

rien, ne fait pas semblant d’être sincère, il l’est réellement. Il construit l’ « image-<strong>de</strong>-<br />

soi-pour-soi-<strong>de</strong>vant-Dieu ». Comme nous l’avons vu, la sincérité maximale, sa<br />

« transparence désarmante », <strong>à</strong> r<strong>ep</strong>rendre les termes <strong>de</strong> Maurice Nédoncelle, ne fut pas<br />

715 Ma Sœur l’angoisse, op. cit., p. 62.<br />

716 Ibid., p. 163.<br />

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