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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

réellement quelqu’un <strong>de</strong> très intime » au point qu’il « le nomme dans [s]es prières […]<br />

tout d’un trait avec [s]es propres chers défunts » 93 ) et Henri Pourrat (avec qui il se sent<br />

« dans une étonnante intimité » 94 ). Rien qu’<strong>à</strong> regar<strong>de</strong>r ses amours littéraires et ses<br />

amitiés personnelles, nous avons une image assez concrète <strong>de</strong> ce que Č<strong>ep</strong> admirait le<br />

plus profondément dans la France, l’essence même dont ce pays fut pour lui doté.<br />

Or, <strong>à</strong> la suite <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, la France vit une mutation profon<strong>de</strong>.<br />

Le pays sort du cataclysme <strong>de</strong> la guerre ravagé et très affaibli au niveau économique.<br />

Au moment où <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> réfugiés <strong>de</strong> l’est tentent d’atteindre ses frontières, la<br />

France reste toujours un pays chancelant, la restauration globale est <strong>à</strong> peine entamée.<br />

Ainsi, en partie s’explique le phénomène <strong>de</strong> xénophobie qui apparaît nouvellement dans<br />

ces années d’après guerre. D’autre part, un sentiment plus fort que la xénophobie voit le<br />

jour notamment au sein <strong>de</strong> l’in<strong>tel</strong>ligentsia française, celui <strong>de</strong> la méfiance a priori, pour<br />

ne pas dire l’hostilité manifeste vis-<strong>à</strong>-vis <strong>de</strong>s émigrés 95 , qui ne peut s’expliquer<br />

entièrement sans mentionner le rôle que joua le communisme en France <strong>de</strong>puis la<br />

Libération.<br />

En effet, la situation politique du pays voit, comme c’est le cas <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> pays,<br />

la croissance imminente <strong>de</strong>s communistes. Le PCF, qui était <strong>à</strong> l’époque le <strong>de</strong>uxième<br />

parti communiste occi<strong>de</strong>ntal après celui <strong>de</strong> l’Italie et l’un <strong>de</strong>s plus staliniens, sortit <strong>de</strong> la<br />

guerre plus fort qu’il n’a jamais été (il se présente comme le « parti <strong>de</strong>s fusillés ») et<br />

<strong>de</strong>vint le premier parti <strong>de</strong> l’électorat du pays.<br />

Ce qui semble plus étrange, c’est la position prise par les in<strong>tel</strong>lectuels français. Si<br />

dans l’article « Paris au cœur du débat Est-Ouest » J.-F. Sirinelli, par une sorte <strong>de</strong><br />

pu<strong>de</strong>ur, n’ose pas parler <strong>de</strong> l’« hégémonie communiste au sein du milieu in<strong>tel</strong>lectuel<br />

français », il assure que les « termes position dominante paraissent bien caractériser,<br />

93 Brouillon <strong>de</strong> la lettre adressée par Č<strong>ep</strong> <strong>à</strong> la sœur d’Alain-Fournier lors <strong>de</strong> son voyage en 1932.<br />

94 J. Č<strong>ep</strong> <strong>à</strong> H. Pourrat, le 3 décembre 1935.<br />

95 A. Marès décrit ainsi la réc<strong>ep</strong>tion en France <strong>de</strong>s réfugiés venus <strong>de</strong> l’Est : « Dans l’atmosphère qui suivit<br />

la libération, les émigrés qui avaient fui les troupes soviétiques et les régimes <strong>de</strong>s démocraties populaires<br />

étaient suspects au même titre que les collaborateurs. Qu’ils viennent du Goulag, <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> la mort,<br />

<strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> prisonniers militaires, les Displaced Persons […] étaient confondues dans la même<br />

opprobre mêlée <strong>de</strong> gêne. Globalement dans le mon<strong>de</strong> in<strong>tel</strong>lectuel français, ils n’étaient pas considérés<br />

comme <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> l’Histoire, et même pas comme <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> cette Histoire, mais plutôt comme<br />

<strong>de</strong>s gêneurs qui troublaient un certain conformisme ambiant. Plus tard, en comparant leurs sociétés aux<br />

sociétés occi<strong>de</strong>ntales, les exilés apportaient un témoignage d’autant plus inacc<strong>ep</strong>table – pour beaucoup –<br />

qu’ils parlaient du concret, dépassant <strong>de</strong> vaines discussions doctrinales ou académiques. […] Les exilés<br />

durent donc sans cesse se défendre <strong>de</strong> ces r<strong>ep</strong>roches souvent injustifiés, entretenus par les appareils <strong>de</strong><br />

propagan<strong>de</strong> <strong>de</strong> leurs Etats d’origine ou le PCF.» A Marès, « Exilés d’Europe centrale <strong>de</strong> 1945-1967 », in :<br />

Le Paris <strong>de</strong>s étrangers <strong>de</strong>puis 1945, op. cit., p. 135-136.<br />

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