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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

évi<strong>de</strong>mment plus près du <strong>de</strong>uxième pôle, comme s’il confirmait, sans le vouloir, cette<br />

sentence <strong>de</strong> Julia Kristeva : « Entre <strong>de</strong>ux langues, votre élément est-il le silence. » 869<br />

La part non insignifiante dans le silence <strong>de</strong> l’écrivain tchèque en France consistait en<br />

ce que la particularité <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>, résidant dans son travail du langage, dans la<br />

richesse du vocabulaire, dans l’intensité poétique <strong>de</strong> son expression, ne se prête que très<br />

difficilement <strong>à</strong> la traduction dans <strong>de</strong>s langues étrangères. Ses récits, peu épiques,<br />

per<strong>de</strong>nt par la traduction la majorité <strong>de</strong> leur qualité verbale, <strong>de</strong> leur beauté poétique, <strong>de</strong><br />

leur mélodie secrète et apparaissent d’emblée statiques, <strong>de</strong>scriptifs et monotones. C’est<br />

la raison principale pour laquelle l’œuvre <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>, mais aussi celle <strong>de</strong> V. Vančura par<br />

exemple, ne suscitent que très rarement l’intérêt <strong>de</strong>s traducteurs étrangers.<br />

D’autre part, pour concevoir son œuvre directement en français, non seulement il a<br />

manqué <strong>de</strong> conditions externes favorables, mais encore il aurait dû changer<br />

fondamentalement la façon d’écrire qui était la sienne. Il en était lui-même conscient<br />

lorsqu’il a noté <strong>à</strong> propos d’un roman d’action rocambolesque d’un émigré roumain qui<br />

eut beacoup <strong>de</strong> lecteurs dans la France <strong>de</strong> l’époque :<br />

Pour avoir du succès ici, pour trouver un éditeur, il faudrait écrire quelque chose <strong>à</strong> la manière <strong>de</strong> la<br />

Vingt-cinquième heure du Roumain Gheorgiu – genre pour lequel je ne vaux rien. 870<br />

Il reste <strong>à</strong> espérer qu’il y aura un jour quelqu’un parmi les Français tchécophones qui<br />

trouvera, d’une manière ou d’une autre, un chemin vers l’art discret du poète morave et<br />

se laissera ensorceler <strong>à</strong> <strong>tel</strong> point qu’il aura l’audace <strong>de</strong> relever le défi et s’investira dans<br />

la tâche <strong>de</strong> Sisyphe qu’est la traduction <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>.<br />

*<br />

Ainsi, nous avons épuisé la matière <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong> qui était celle <strong>de</strong> l’exil <strong>de</strong> <strong>Jan</strong> Č<strong>ep</strong>.<br />

Ce qu’il reste <strong>à</strong> faire – et dans la thèse présente nous avons entr<strong>ep</strong>ris quelques premiers<br />

pas dans ce sens – c’est surtout un travail comparatif approfondi. Il est indéniable que<br />

Č<strong>ep</strong> fut dans son œuvre influencé par certains auteurs français ou mieux que sa vision et<br />

sa façon d’écrire trahissent <strong>de</strong>s analogies frappantes avec certains d’entre eux. Nous<br />

avons fait remarquer plusieurs parallèles <strong>de</strong> la sorte : le personnage du prêtre et le sacré<br />

869 Etranger <strong>à</strong> nous-mêmes, cité par L. Tourn, op. cit., p. 110.<br />

870 J. Č<strong>ep</strong> <strong>à</strong> H. Pourrat, le 7 janvier 1950.<br />

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