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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

« oscillation entre le présent, souillé <strong>de</strong> péché, et la promesse » pour r<strong>ep</strong>rendre les mots<br />

du grand théologien allemand Hans Urs von Balthasar 786 .<br />

Les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la plénitu<strong>de</strong> varient avec celles, plus fréquentes et plus longues sans<br />

doute, <strong>de</strong> la sécheresse. Le dédoublement initialement connu <strong>à</strong> la première communion<br />

ne se laisse pas oublier, le manque <strong>de</strong> confiance en soi, le sentiment <strong>de</strong> « ne pas être <strong>à</strong> la<br />

hauteur », les « rechutes » toujours renouvelées et les « dégringola<strong>de</strong>s » sur le plan<br />

moral sans cesse répétées, assaillent la stabilité et ne permettent pas une foi d’une sûreté<br />

infaillible. C’est pourquoi il y a cette prédilection chez Č<strong>ep</strong> pour les personnages<br />

bibliques défaillants en quelque sorte, comme Nicodème ou le bon larron, qu’il invoque<br />

comme ses « frères » précisément <strong>à</strong> cause <strong>de</strong> leurs efforts <strong>à</strong> « refaire la vie manquée,<br />

rattraper le temps perdu, se retrouver eux-mêmes, se retrouver tout entier dans Celui qui<br />

est la source <strong>de</strong> la Vie, <strong>de</strong> toute vie » 787 . C’est pourquoi il n’aime pas les souverains<br />

dans tous les sens du terme, y compris dans la foi ; l’attitu<strong>de</strong> pleine d’assurance d’un<br />

Clau<strong>de</strong>l lui est étrangère.<br />

Il est <strong>à</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il n’y a pas quelque chose d’étrange dans une <strong>tel</strong>le lutte<br />

intérieure entre l’angoisse et l’espérance, entre le doute et le jaillissement <strong>de</strong> la foi. Si<br />

les <strong>de</strong>ux pôles sont réconciliables ou bien s’il s’agit plutôt d’un signe d’une foi trop<br />

faible, mala<strong>de</strong>. C’est, semble-t-il, le parti pris <strong>de</strong> Hans Urs von Balthasar déj<strong>à</strong> cité, qui<br />

considère l’angoisse comme un manque <strong>de</strong> foi et comme <strong>tel</strong>le, elle est défendue au<br />

chrétien croyant 788 . Le théologien argumente <strong>de</strong> la sorte :<br />

La mauvaise conscience <strong>de</strong> nombreux chrétiens, et l’angoisse engendrée par celle-ci, ne viennent pas<br />

<strong>de</strong> ce qu’ils pèchent et recommencent <strong>à</strong> pécher, mais <strong>de</strong> ce qu’ils ont cessé <strong>de</strong> croire <strong>à</strong> la vérité et <strong>à</strong><br />

l’efficacité <strong>de</strong> leur foi ; ils mesurent la force <strong>de</strong> la foi <strong>à</strong> leur propre impuissance, ils projettent le<br />

mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu dans leur propre psychologie, au lieu <strong>de</strong> se laisser mesurer par Dieu. Ils font ce qui, en<br />

tant que chrétiens, leur est défendu : ils considèrent la foi <strong>de</strong> l’extérieur, ils doutent <strong>de</strong> la force <strong>de</strong><br />

l’espérance, ils s’installent dans le gouffre qui sépare l’exigence chrétienne <strong>de</strong> leur impuissance, dans<br />

un gouffre qui, chrétiennement, n’est pas un lieu. Rien d’étonnant alors que l’angoisse les saisisse ! 789<br />

En revanche, Tomáš Halík, théologien tchèque contemporain, perçoit le doute, et<br />

l’angoisse qui en est la source ou la conséquence, comme partie intégrante <strong>de</strong> la foi 790 .<br />

786 H. Urs von Balthasar, Le Chrétien et l’angoisse, Desclée <strong>de</strong> Brouwer, 1954, p. 87.<br />

787 Ma Sœur l’angoisse, op. cit., p. 175.<br />

788 Cf. Le Chrétien et l’angoisse notamment le chapitre du même titre. Précisons c<strong>ep</strong>endant que Balthasar<br />

distingue <strong>de</strong>ux types d’angoisse, « angoisse du péché », stérile et interdite et « angoisse <strong>de</strong> la croix »,<br />

caractérisée entre autres comme une « véritable participation […] <strong>à</strong> la nuit du Crucifié », admissible et<br />

même « salvatrice ».<br />

789 H. Urs von Balthasar, Le Chrétien et l’angoisse, op. cit., p. 90.<br />

790 Cf. son livre Co je bez chvění není pevné. Labyrintem světa s vírou a pochybností (Ce qui ne tremble<br />

pas n’est pas soli<strong>de</strong>. À travers le labyrinthe du mon<strong>de</strong> avec la foi et le doute), Praha, Lidové noviny, 2002.<br />

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