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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

Sa bouche [<strong>de</strong> la mère] tremblait, mais aussitôt ses lèvres se détachèrent et commencèrent <strong>à</strong> articuler<br />

<strong>de</strong>s mots insonores. « Je vous salue..., » disait Pavel Kříž en même temps avec elle, envisageant,<br />

émerveillé, les tours trapues <strong>de</strong> la cathédrale. 441<br />

Un double entrecroisement semblable se déroule également en conclusion <strong>de</strong> l’Ile <strong>de</strong><br />

Ré. Le narrateur visitant une église locale aperçoit <strong>de</strong>s peintures dans sa chapelle<br />

latérale qui r<strong>ep</strong>résentent <strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> prêtres voués <strong>à</strong> la persécution au temps <strong>de</strong> la<br />

révolution française. Cette scène fonctionne pour le visiteur en déclencheur d’une autre<br />

vision, celle <strong>de</strong>s procès politiques se tenant dans sa patrie. Ce court moment d’évocation<br />

donne un sens profond <strong>à</strong> tout le séjour vacancier du narrateur qui, encore une fois ébahi,<br />

va se prosterner <strong>de</strong>vant le tabernacle (prière, communion) :<br />

Au lieu <strong>de</strong>s visages peints malhabilement sur le mur <strong>de</strong> l’église, je vis soudainement les faces <strong>de</strong> tant<br />

<strong>de</strong> personnes connues, dont la voix, méconnaissable, bégayait <strong>à</strong> la radio <strong>de</strong>s aveux étranges. Je suis<br />

revenu auprès <strong>de</strong> l’au<strong>tel</strong> principal. J’avais l’impression que je ne m’étais pas fourvoyé par hasard et en<br />

vain sur l’île <strong>de</strong> Ré. 442<br />

Si aux <strong>de</strong>ux récits le thème <strong>de</strong> la solitu<strong>de</strong> et du déracinement est commun, il y a tout<br />

<strong>de</strong> même une certaine différence ou plutôt une évolution. Nous observons cette<br />

différence avant tout dans la tonalité et partiellement aussi dans l’investissement <strong>de</strong><br />

certains procédés formels. Tandis que la tonalité du premier récit est caractérisée par <strong>de</strong>s<br />

champs sémantiques <strong>de</strong> la nuit, <strong>de</strong> l’obscurité, du désert et du froid et comme l’image<br />

centrale domine le cliquetis fou <strong>de</strong> la sonnerie dans l’absence <strong>de</strong> la nuit – l’abandon<br />

semble absolu –, le second récit fait part <strong>de</strong>s isotopies sémantiques plus « gaies » <strong>de</strong>s<br />

éléments <strong>de</strong> la nature (mer, soleil, champs, arbres, fleurs). De même la forme dialogique<br />

(quoique virtuelle) <strong>de</strong> la lettre contribue <strong>à</strong> la perturbation, ou du moins <strong>à</strong> l’atténuation <strong>de</strong><br />

la solitu<strong>de</strong> dans l’Ile <strong>de</strong> Ré. Enfin, la tonalité du second récit est moins morne et sombre<br />

<strong>à</strong> force d’utiliser l’humour, l’ironie et l’auto-ironie fines qui sont déployées dans une<br />

plus large mesure que dans l’œuvre antérieure et qui sont susc<strong>ep</strong>tibles <strong>de</strong> contrebalancer<br />

la solitu<strong>de</strong> du sujet exilé 443 .<br />

441 « Její ústa se třásla, ale pak se její rty rozdělily a začaly článkovat nezvučná slova. ‚Zdrávas…,‘ říkal<br />

Pavel Kříž zároveň s ní, hledě užaslý k zavalitým věžím katedrály. », Œuvres III, p. 368.<br />

442 « Místo tváří namalovaných neuměle na zdi tohoto kos<strong>tel</strong>a jsem najednou uviděl tváře tolika známých,<br />

jejichž hlas, k n<strong>ep</strong>oznání změněný, koktal do rádia podivná přiznání. Vrátil jsem se opět k hlavnímu<br />

oltáři. Zdálo se mi, že jsem nezabloudil náhodou a nadarmo na ostrov Ré. », Œuvres III, p. 375.<br />

443 C’est probablement dans cette distance ironique – <strong>à</strong> côté <strong>de</strong> la forme épistolaire inhabituelle chez Č<strong>ep</strong><br />

– que M. Trávníček observait les signes du possible renouveau dans la création <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> comme il le<br />

signale <strong>à</strong> propos du récit L’Ile <strong>de</strong> Ré. L’extrait suivant, où le narrateur voulait prendre un bain dans la<br />

mer, illustre bien la tonalité humoristique du récit : « Je voulais justement obéir <strong>à</strong> votre conseil et aller <strong>à</strong> la<br />

mer […] Mais… la mer ne daigne pas être l<strong>à</strong>. Elle a laissé dérrière elle une large étendue <strong>de</strong> boue <strong>de</strong><br />

laquelle se dresse les parcs <strong>à</strong> huîtres et que les autochtones traversent <strong>à</strong> gué. J’ai oublié que ce n’était pas<br />

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