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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

littérature doivent être prises en compte et doivent être mises en relation avec les essais<br />

fondamentaux, portant sur la littérature <strong>de</strong>puis Les Rayons dispersés, pour en former un<br />

pendant précieux.<br />

Il ne rentre pas dans le cadre <strong>de</strong> notre travail d’illustrer, comme il le faudrait, cet art<br />

critique <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>. Il n’y a qu’<strong>à</strong> espérer qu’un volume r<strong>ep</strong>résentatif <strong>de</strong>s « livres <strong>de</strong> la<br />

semaine » verra bientôt le jour. C<strong>ep</strong>endant, glissons au moins un exemple en choisissant<br />

un extrait où, en introduction d’un nouveau roman <strong>de</strong> Bruce Marshall, Č<strong>ep</strong> compare le<br />

génie et les traits caractéristiques <strong>de</strong> la poétique <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier avec ceux <strong>de</strong> Bernanos :<br />

Bruce Marshall est écossais catholique d’origine, et dans l’Entre-<strong>de</strong>ux-guerres il a vécu vingt ans en<br />

France. Dans tous ses livres, il est attiré par le problème religieux ; les personnages principaux <strong>de</strong> ses<br />

histoires sont <strong>de</strong>s prêtres, comme par exemple chez Georges Bernanos. Entre le Français Bernanos et<br />

l’Ecossais Marshall, il y a pourtant une gran<strong>de</strong> différence : Bernanos voit avant tout le tragique <strong>de</strong> la<br />

situation du chrétien, et encore plus celui du prêtre, dans le mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, le conflit entre l’amour et<br />

le mal, la grâce et le péché. Sa voix est pathétique, sa métho<strong>de</strong> littéraire est foncièrement<br />

psychologique. Il voit et peint ses personnages <strong>de</strong> l’intérieur, du cœur même <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>stin spirituel.<br />

Bruce Marshall est naturellement, lui aussi, conscient du tragique constitutif <strong>de</strong> l’univers spirituel<br />

chrétien ; ses prêtres sont dans leurs fors intérieurs crucifiés par l’amour, ils assument la misère et la<br />

douleur du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> leurs prochains. C<strong>ep</strong>endant, l’Ecossais Marshall a tendance <strong>à</strong> voir plutôt le<br />

côté humoristique <strong>de</strong>s situations, qui tirent leurs sources dans le conflit entre les faiblesses <strong>de</strong><br />

l’homme et le but élevé qu’il vise. La grâce <strong>de</strong> Dieu semble souvent être réduite aux instruments<br />

humains si démesurément insuffisants.<br />

Les histoires <strong>de</strong> Marshall ne sont pas non plus construites – <strong>à</strong> la différence <strong>de</strong> Bernanos – avec un<br />

ordre intérieur rigoureux. L’auteur approche ses personnages davantage <strong>de</strong> l’extérieur, les <strong>de</strong>ssine par<br />

leurs actes ou leurs paroles ou par <strong>de</strong>s situations externes. Or, en même temps, il parvient <strong>à</strong> les rendre<br />

très vivants et convaincants. Sa phrase est, en principe, lyrique, et ce lyrisme se mêle étrangement<br />

avec son inclination <strong>à</strong> l’humour et <strong>à</strong> l’ironie. Cela rajoute <strong>à</strong> son récit un accent profondément humain,<br />

comme si le rire s’interpénétrait avec les larmes. 638<br />

638 « Bruce Marsall je půvo<strong>de</strong>m katolický Skot, a mezi dvěma válkami žil dvacet let ve Francii. Ve všech<br />

svých knihách je přitahován problémem náboženským; hlavními postavami jeho příběhů bývají kněží,<br />

jako na příklad u Georgese Bernanose. Mezi Francouzem Bernanosem a Skotem Marshallem je však<br />

je<strong>de</strong>n veliký rozdíl: Bernanos vidí pře<strong>de</strong>vším tragičnost situace křesťana a tím více kněze v mo<strong>de</strong>rním<br />

světě, konflikt mezi láskou a zlem, milostí a hříchem. Jeho hlas zní patheticky, jeho literární metoda je<br />

v podstatě psychologická. Vidí a líčí své postavy zevnitř, ze samého středu jejich duchovního osudu.<br />

Bruce Marshall si je ovšem také vědom základní tragičnosti duchovního vesmíru; jeho kněží jsou v hloubi<br />

srdce křižováni láskou, berou na sebe bídu a bolest světa a svých bližních. Skot Marshall má však sklon<br />

k tomu, aby viděl spíše humornou stránku situací, které vznikají tím, že se v člověku střetávají jeho<br />

slabosti s vysokým cílem, ke kterému míří. Boží milost se zdá často odkázána na lidské nástroje tak<br />

neúměrně nedostatečné.<br />

Příběhy Marshallovy nebývají také stavěny – na rozdíl od Bernanose – s přísnou vnitřní zákonitostí.<br />

Autor se přibližuje k svým postavám více z vnějšku, kreslí je jejich gesty nebo jejich slovy, nebo vnějšími<br />

situacemi. Přitom však dosahuje toho, že jsou velmi živé a přesvědčující. Jeho věta je v podstatě lyrická, a<br />

tento lyrismus se podivní mísí s jeho sklonem k humoru a k ironii. Dodává to jeho příběhu hluboce<br />

lidského přízvuku, jako když je smích prostoupen slzami. » J. Č<strong>ep</strong>, « B. Marshall : Každému po<br />

<strong>de</strong>náru », Livre <strong>de</strong> la semaine, 1954, p. 1-2.<br />

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