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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

un public qui montrait envers lui et son œuvre une indifférence exemplaire 676 . Se<br />

manifestèrent même <strong>de</strong>s voix prétendant que Č<strong>ep</strong>, connaissant l’indifférence glaciale<br />

<strong>de</strong>s éditeurs français <strong>à</strong> l’égard <strong>de</strong>s traductions <strong>de</strong> ses nouvelles, conçut son<br />

autobiographie pour l’entourage le plus proche, pour sa famille, afin qu’elle prenne<br />

conscience <strong>de</strong> ce qu’il était et <strong>de</strong> ce qu’il r<strong>ep</strong>résentait 677 . Or notre explication est plus<br />

prosaïque. A notre avis, Č<strong>ep</strong> poursuivait, en dépit <strong>de</strong> toutes ses expériences négatives,<br />

son effort pour se faire connaître dans sa patrie d’adoption. Incité par Pierre Emmanuel,<br />

encouragé par Gabriel Marcel, il pouvait porter une flamme d’espoir, fût-elle <strong>de</strong>s plus<br />

faibles, pour une publication éventuelle <strong>de</strong> ses mémoires. En effet la matière n’aurait<br />

pas manqué. Les témoignages sont d’ailleurs connus que Ma Sœur l’angoisse avait pour<br />

but <strong>de</strong> soutenir et d’augmenter ses chances <strong>de</strong> pénétrer dans les maisons d’éditions<br />

françaises 678 . N’ayant pas <strong>à</strong> disposition <strong>de</strong>s jugements <strong>de</strong> lecteurs <strong>de</strong>s différentes<br />

maisons d’éditions auxquelles Ma Sœur l’angoisse fut proposée, nous ne pouvons que<br />

<strong>de</strong>viner les raisons <strong>de</strong> l’évi<strong>de</strong>nt échec. Une raison tenait sans doute dans le manque <strong>de</strong><br />

notoriété <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> dans le milieu littéraire français, ceci étant pour le genre<br />

autobiographique rédhibitoire. Comme le rappellent judicieusement Jacques Lecarme et<br />

Eliane Lecarme-Tabone, la notoriété <strong>de</strong> la personne est souhaitée par les éditeurs <strong>de</strong>s<br />

écrits autobiographiques, puisque le public doit être susc<strong>ep</strong>tible <strong>de</strong> bien i<strong>de</strong>ntifier une<br />

référence hors-texte. Elle rend ainsi possible la procédure <strong>de</strong> « vérification publique »,<br />

car « elle apporte la certitu<strong>de</strong> qu’il s’agit d’une personne réelle dotée d’une existence<br />

extratextuelle, et par conséquent elle atteste la nature autobiographique <strong>de</strong> l’écrit » 679 .<br />

Un autre prétexte put être le français trop « ordinaire » <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>, l’éloignant d’un style<br />

littéraire élevé en français. C’est au moins l’impression <strong>de</strong> Václav Č<strong>ep</strong> après la lecture<br />

<strong>de</strong>s mémoires <strong>de</strong> son frère : « Cela me paraissait beau, mais ce serait plus beau en<br />

tchèque. C’est un français ordinaire, ce n’est pas lui. » 680<br />

676 Dans la même lettre <strong>à</strong> M. Trávníček, B. Fučík multiplie les points d’interrogation : « pour qui l’a-t-il<br />

écrit ? Pour les Français ? Pourquoi pour eux, les indifférents ? Et justement chez eux ces généralités<br />

<strong>de</strong>vaient tomber <strong>à</strong> travers puisqu’ils n’y pouvaient pas comprendre les fils qui s’enchaînent et les<br />

correspondances, qui manquent d’autant plus <strong>à</strong> nous qui nous doutons <strong>de</strong>s événements beaucoup plus<br />

importants <strong>de</strong>rrière et que ces précipitations avouent. »<br />

677 Cf. I. Slavík, « Život se sestrou úzkostí » (La vie avec la sœur l’angoisse), Tváře za zrcadlem (Visages<br />

<strong>de</strong>rrière le miroir), Praha, Vyšehrad, 1996, p. 233.<br />

678 Cf. par exemple les souvenirs <strong>de</strong> Leo Gruber (inédits) ou l’article d’Alexandre Heidler, « <strong>Jan</strong> Č<strong>ep</strong><br />

a francouzská literatura » (<strong>Jan</strong> Č<strong>ep</strong> et la littérature française), České slovo, 26, n° 1 (janvier), 1980, p. 6.<br />

679 Cf. J. Lecarme, E. Lecarme-Tabone, L’autobiographie, 2 e éd., Armand Colin, 2004, p. 80.<br />

680 « Připadalo mi to krásné, ale pěknější by to bylo v češtině. Je to obyčejná francouzština, to není on. »,<br />

T. Pěkný, P. Feldstein, « A jsem mu řekl, aby šel… Rozhovor s Václavem Č<strong>ep</strong>em », Stu<strong>de</strong>nt, n° 31,<br />

le 31 juillet 1968, p. 6.<br />

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