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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

Dans cette perspective on peut pour ainsi dire utiliser les « lacunes » – <strong>à</strong> condition<br />

qu’on les reconnaisse sincèrement – comme matière édifiante dans le processus <strong>de</strong><br />

l’épanouissement <strong>de</strong> la personne.<br />

Dans sa réflexion Č<strong>ep</strong> ne peut pas ne pas effleurer l’enjeu proustien <strong>de</strong> l’immortalité<br />

personnelle. Č<strong>ep</strong> se rend compte que tout artiste aspire par sa création <strong>à</strong> une forme<br />

d’immortalité, que la base <strong>de</strong> toute création n’est en effet rien d’autre que le « besoin <strong>de</strong><br />

prolonger la vie <strong>de</strong> l’instant, <strong>de</strong> l’allumer parmi tous les autres, d’en faire une image<br />

d’éternité » 586 . N’empêche que Č<strong>ep</strong> conteste, ou au moins met en question, la capacité<br />

<strong>de</strong> l’auteur d’A la recherche <strong>de</strong> temps perdu <strong>de</strong> racheter le temps grâce <strong>à</strong> son art. Son<br />

« effort désespéré <strong>de</strong> fuire la vanité, l’oubli et le néant » 587 , sa « tentative <strong>de</strong> surpasser<br />

par ses propres forces l’abîme tragique entre le temps et l’éternité » 588 ne peut abolir la<br />

fuite du temps, et instaurer l’éternité. Il s’agit, selon Č<strong>ep</strong> d’un effort purement humain<br />

qui manque la jonction <strong>à</strong> la transcendance. R<strong>ep</strong>renons davantage son argumentation :<br />

La mémoire <strong>de</strong> Proust est une mémoire tout <strong>à</strong> fait humaine : il n’y a dans son pouvoir rien <strong>de</strong> plus que<br />

<strong>de</strong> renouveler, dans un certain sens, le passé avec ses rares particularités, avec ses lacunes et ses<br />

diérèses. Même s’il parvient parfois, dans un moment esthétique fort, presque <strong>à</strong> toucher l’éternité, il<br />

ne peut empêcher que même cette expérience particulière ne soit la proie du temps, qu’un vi<strong>de</strong><br />

insaturé ne reste après elle. Manifestement, on n’entre pas dans l’éternité <strong>de</strong> la sorte. Même le temps<br />

ainsi retrouvé a une dimension seulement horizontale, il n’est que la durée. Afin qu’il <strong>de</strong>vienne<br />

vraiment une sorte d’éternité, son affluent, il <strong>de</strong>vrait être complété par une dimension verticale, par<br />

une relation personnelle <strong>à</strong> Dieu. 589<br />

La question proustienne instaure le problème <strong>de</strong> la mémoire humaine. C’est<br />

également une <strong>de</strong>s préoccupations primordiales <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>. La mémoire est le fon<strong>de</strong>ment<br />

<strong>de</strong> la personne humaine, elle constitue son i<strong>de</strong>ntité. La mémoire n’absorbe pas tous les<br />

moments <strong>de</strong> notre vie ; Č<strong>ep</strong> compare le passé individuel <strong>à</strong> « la surface <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong><br />

laquelle ressortent, ç<strong>à</strong> et l<strong>à</strong>, les îles et les îlots » 590 . Ailleurs encore, il fait une analogie<br />

avec le « crible troué, d’où fuient plus <strong>de</strong> choses qu’il n’en reste » 591 . Cela veut dire que<br />

586<br />

Œuvres V, p. 195.<br />

587<br />

Ibid.<br />

588<br />

Ibid., p. 176.<br />

589<br />

« Proustova paměť je však pamětí zcela lidskou. Není v její moci nic víc než obnovit v jistém smyslu<br />

minulost s jejími vzácnými jednotlivostmi, s jejími mezerami a přerývkami. I když se mu někdy podaří<br />

dotknout se v jediném silném estetickém okamžiku takřka věčnosti, nemůže zabránit, aby se i tato<br />

výjimečná zkušenost nestala opět kořistí času, aby po ní nezůstalo nenasycené prázdno. Do věčnosti se<br />

zřejmě nevstupuje takto. I čas takto nalezený má jenom rozměr horizontální, je jenom trváním. Aby se<br />

opravdu stal jakousi formou věčnosti, jejím přítokem, musil by být doplněn rozměrem vertikálním,<br />

osobním vztahem k Bohu. », Œuvres V, p. 176.<br />

590<br />

Œuvres V, p. 175.<br />

591 Ibid., p. 212.<br />

217

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