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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

catholique Č<strong>ep</strong> la forme suprême d’une <strong>tel</strong>le communion spirituelle, c’est la prière.<br />

Poursuivons dans la métaphore végétale :<br />

Les racines se rencontrent dans le noir sous la terre, communient ensemble sans paroles. Les âmes se<br />

cherchent dans l’espace <strong>de</strong> la liberté sur <strong>de</strong>s trajectoires invisibles, perçant avec angoisse leur solitu<strong>de</strong><br />

par laquelle elles sont séparées comme une étoile d’une autre étoile, un univers d’un autre univers. 435<br />

Or, cette interprétation religieuse (métaphysique) en implique encore une, moins<br />

abstraite. Dans les récits d’exil <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>, on peut observer un phénomène paradoxal. La<br />

métaphore centrale du « double chez soi », c’est-<strong>à</strong>-dire la coexistence du mon<strong>de</strong> naturel<br />

et transcendant qui est <strong>à</strong> la base <strong>de</strong> toute son œuvre, revêt ici une concrétisation<br />

poignante. Elle se redistribue entre le pays natal, le pays d’enfance qui <strong>de</strong>vient le<br />

premier chez-soi, et la France, le pays adoptif, le second chez-soi. Le premier est la<br />

certitu<strong>de</strong> immuable, le second, quoique aimé, reste vacillant, caduque et dangereux 436 .<br />

Le héros <strong>de</strong> Devant la porte fermée s’avère un francophile sincère, débordant<br />

d’affection pour la France, connaissant ce pays <strong>de</strong> manière plus que familière :<br />

Pavel Kříž connaissait l’histoire <strong>de</strong> ce pays comme <strong>de</strong> son propre pays ; il prêtait souvent la parole <strong>de</strong><br />

sa langue natale <strong>à</strong> ses écrivains, <strong>de</strong> sorte qu’elle sonnait dans sa patrie le plus naturellement possible.<br />

Il y avait <strong>de</strong>s amis avec lesquels il parlait comme leur égal sans hiatus aucun dans les pensées et les<br />

sentiments. 437<br />

En se retrouvant sur le sol français il ressent d’emblée « un soulagement énorme » ;<br />

« pour un moment tout était couvert d’un voile <strong>de</strong> lumière suave, d’un bruissement<br />

silencieux du vent, d’une paume douce <strong>de</strong> l’amitié » 438 . N’empêche que cette affection<br />

profon<strong>de</strong> ne peut retenir une vague d’ambiguïté, voire un germe d’hostilité qui monte <strong>de</strong><br />

cette France aimée dès qu’il s’y trouve en émigré :<br />

435 « Kořeny se setkávají ve tmě pod zemí, obcují spolu beze slov. Duše se hledají v prostoru svobody po<br />

nevidi<strong>tel</strong>ných drahách, prolamujíce s úzkostí svou samotu, kterou jsou odděleny jako hvězda od hvězdy,<br />

vesmír od vesmíru. », Œuvres III, p. 373.<br />

436 C’est dans son autobiographie que Č<strong>ep</strong> se prononce sur le rapport <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays : « Maintenant, la<br />

relation entre mes <strong>de</strong>ux patries, celle où je suis né et celle que j’ai adoptée, est renversée ; c’est la<br />

première qui est <strong>de</strong>venue un pays <strong>de</strong> rêve, mais en même temps un refuge inaliénable. Je porte toujours<br />

son sol collé <strong>à</strong> mes semelles. Ceux que j’y ai laissés, me sont plus proches que jamais. C’est que ce pays<br />

inaccessible et présent partout, rejoint peu <strong>à</strong> peu l’ultime patrie <strong>de</strong> tous, séjour hors <strong>de</strong> tout lieu et <strong>de</strong> tout<br />

temps… », Œuvres VI, p. 224.<br />

437 « Pavel Kříž znal historii této země vlastní; propůjčoval často slovo svého rodného jazyka jejím<br />

spisova<strong>tel</strong>ům, tak aby znělo v jeho vlastní zemi co možná nejpřirozeněji. Měl v ní své přá<strong>tel</strong>e, s kterými<br />

mluvíval jako rovný s rovným, bez jakéhokoli hiátu v myšlenkách a v citech. », Œuvres III, p. 366-367.<br />

438 « Na okamžik […] ležel na všem hojivý závoj líbezného světla, tiché šumění větru, měkká dlaň<br />

přá<strong>tel</strong>ství. », Œuvres III, p. 365.<br />

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