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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

plus ou moins <strong>à</strong> l’usage passif. Toutefois, il existe une certaine hiérarchie dans les<br />

langues <strong>de</strong> <strong>Jan</strong> Č<strong>ep</strong>. Il y a d’abord <strong>de</strong>s « langues <strong>de</strong> lecture » qui lui permettent <strong>de</strong> lire la<br />

littérature dans la version originale, et <strong>de</strong> ce fait, <strong>de</strong> la traduire en tchèque. Ensuite, il y a<br />

<strong>de</strong>s « langues étudiées » dans sa formation universitaire (l’anglais et le français) ce qui<br />

suppose la connaissance approfondie du système linguistique. Enfin, un rôle privilégié<br />

et tout <strong>à</strong> fait primordial parmi les langues étrangères appartient au français qui est la<br />

seule « langue vécue », dans laquelle il parvient <strong>à</strong> sentir et <strong>à</strong> vivre, <strong>à</strong> l’intérieur <strong>de</strong><br />

laquelle il lui arrive <strong>de</strong> penser et <strong>de</strong> s’exprimer esthétiquement. À notre connaissance, le<br />

français est également le seul co<strong>de</strong> langagier, en <strong>de</strong>hors du tchèque, dans lequel Č<strong>ep</strong><br />

entr<strong>ep</strong>rend une vaste correspondance, <strong>de</strong> même que c’est la seule langue étrangère dans<br />

laquelle lui-même traduisait certaines <strong>de</strong> ses nouvelles. Il reste toutefois vrai que Č<strong>ep</strong> ne<br />

fut pas entièrement bilingue, et que lui-même ne s’est jamais considéré comme <strong>tel</strong>.<br />

Même si certains <strong>de</strong> ses amis français s’inclinaient parfois <strong>de</strong>vant le niveau <strong>de</strong> son<br />

français (même littéraire), lui-même restait beaucoup plus mo<strong>de</strong>ste comme nous le<br />

voyons par exemple dans cette réponse <strong>à</strong> la lettre <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>leine Monzer : « J’ai honte <strong>de</strong><br />

vous entendre louer mon français, il m’arrive d’écrire, <strong>de</strong>-ç<strong>à</strong> <strong>de</strong>-l<strong>à</strong>, une phrase qui sonne<br />

assez bien, mais un moment après, je commets une maladresse tout simplement<br />

ridicule. » 796<br />

L’explication plus générale <strong>de</strong> ce rapport tout <strong>à</strong> fait particulier et affectif <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> <strong>à</strong> la<br />

langue française (<strong>à</strong> la différence <strong>de</strong> l’anglais par exemple) tient notamment <strong>à</strong> son<br />

admiration profon<strong>de</strong> envers le potentiel littéraire et en général culturel et spirituel <strong>de</strong> la<br />

France au cours <strong>de</strong> son histoire.<br />

VII.1.2. L’effet <strong>de</strong> l’exil sur la compétence linguistique <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong><br />

L’écrivain décidant <strong>de</strong> se réfugier dans l’insécurité <strong>de</strong> l’exil subit un triple<br />

isolement : l’isolement <strong>de</strong> son public d’origine, celui du public du pays d’accueil et<br />

celui <strong>de</strong> sa langue maternelle. Presque tous les écrivains émigrés sont d’accord pour dire<br />

que la plus douloureuse est la coupure avec la langue maternelle accompagnée <strong>de</strong><br />

l’impossibilité <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r une autre langue <strong>à</strong> la perfection 797 . L’écrivain exilé se trouve<br />

796 J. Č<strong>ep</strong> <strong>à</strong> M. Monzer, le 2 s<strong>ep</strong>tembre 1946.<br />

797 La possession d’une autre langue que la langue natale n’est certes pas une chose impossible, toutefois<br />

sa maîtrise parfaite, c’est-<strong>à</strong>-dire le fait <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir entièrement bilingue, reste plutôt rare : « ‘Entrer’ dans<br />

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