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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

A. J. Liehm 54 ? Nous n’avons pas <strong>de</strong> réponse. Quoi qu’il en soit, la vie <strong>de</strong> n’importe<br />

quel exilé, peu importe sa nationalité, est toujours vécue comme une fracture, un<br />

bouleversement, un choc. Et <strong>de</strong>puis toujours l’exil porte les connotations <strong>de</strong> privation,<br />

détresse, solitu<strong>de</strong>, comme nous le rappelle déj<strong>à</strong> le psalmiste <strong>de</strong> l’Ancien Testament :<br />

« Malheur <strong>à</strong> moi : je dois vivre en exil, et camper dans un désert ! » 55 Si le psalmiste<br />

compare l’existence <strong>de</strong> l’exilé aux conditions extrêmes <strong>de</strong> la vie dans le désert, faisant<br />

penser <strong>à</strong> la chaleur et <strong>à</strong> l’aridité, Béatrice Kasbarian-Bricout, dans son essai, la compare<br />

<strong>à</strong> un élément beaucoup plus dynamique, <strong>à</strong> un « fleuve indomptable, avec <strong>de</strong>s<br />

soubresauts et <strong>de</strong>s moments d’accalmie, si courts soient-ils » 56 . Les soubresauts qui se<br />

font sentir les premiers sont sans doute d’ordre matériel.<br />

Tout émigré doit, tout d’abord, se mettre en règle avec les autorités du pays<br />

d’accueil, se procurer les moyens matériels pour vivre, <strong>à</strong> savoir un abri et <strong>de</strong> la<br />

nourriture et, le plus tôt possible, trouver un emploi quelconque. Toutes ces difficultés<br />

matérielles, voire existentielles, relevant du nouveau statut <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>, laissent <strong>de</strong>s traces<br />

dans sa correspondance et dans son journal : problèmes administratifs (« je passe tout<br />

mon temps <strong>à</strong> courir après les papiers » ; «Que c’est triste, cette salle <strong>de</strong> la Préfecture où<br />

tout un troupeau <strong>de</strong> désemparés cherche <strong>à</strong> retrouver quelque semblant d’i<strong>de</strong>ntité ! » 57 ),<br />

soucis <strong>de</strong> logement (« Je suis logé provisoirement chez <strong>de</strong>s amis <strong>à</strong> Versailles » ;<br />

« J’habite pour le moment l’hô<strong>tel</strong> St. Pierre » 58 ; « dans mon trou d’hô<strong>tel</strong>, je suis obligé<br />

d’allumer l’électricité <strong>à</strong> toute heure, <strong>à</strong> moins qu’il n’y ait <strong>de</strong> coupure » 59 ), manque<br />

d’argent (« c’est cher, la vie <strong>à</strong> Paris, et ma petite réserve s’épuise vite » ; « les petites<br />

réserves s’amincissent [...] Ce qui me manque terriblement, c’est <strong>de</strong> ne pas pouvoir<br />

m’acheter <strong>de</strong> livres » 60 ), et ainsi <strong>de</strong> suite. Si nous voulions faire un résumé <strong>de</strong> toutes les<br />

citations similaires, la formule suivante nous viendrait <strong>à</strong> l’esprit, qui synthétise ainsi<br />

l’existence toute première <strong>de</strong> l’émigré : passer son temps dans l’incertitu<strong>de</strong> et le<br />

provisoire, entre le « trou » gris <strong>de</strong> l’hô<strong>tel</strong> et les guichets sinistres <strong>de</strong>s organes<br />

administratifs.<br />

54<br />

Cf. M. Grygar, « Les Métamorphoses <strong>de</strong> l’écrivain en exil », in : Emigration et exil dans les cultures<br />

tchèque et polonaise, op. cit., 1987, p. 199 ; A. J. Liehm « Discuss after <strong>contribution</strong> of J. Vladislav », in :<br />

Literature in Exile, J. Glad (éd.), Durham-London, Duke University Press, 1990, p. 22.<br />

55<br />

Psaume 119, 5. On ne se serait pas trompé en utilisant le terme générique <strong>de</strong> « psaume » ou<br />

« jérémia<strong>de</strong> » pour les écrits intimes <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>, tant l’élément <strong>de</strong> la plainte, du chagrin, <strong>de</strong> larme, comme<br />

l’apostrophe <strong>de</strong> Dieu y sont présents. (« Tristesse <strong>à</strong> en mourir », « triste <strong>à</strong> pleurer »…).<br />

56<br />

B. Kasbarian-Bricout, Exil : La vie en suspens. Essais, op. cit., p. 37.<br />

57<br />

J. Č<strong>ep</strong> <strong>à</strong> H. Pourrat, respectivement le 5 et le 16 s<strong>ep</strong>tembre 1948.<br />

58<br />

Termes soulignés par J. Z.<br />

59<br />

J. Č<strong>ep</strong> <strong>à</strong> H. Pourrat, respectivement le 5 s<strong>ep</strong>tembre 1948, le 16 s<strong>ep</strong>tembre 1948 ; le 15 janvier 1949.<br />

60<br />

J. Č<strong>ep</strong> <strong>à</strong> H. Pourrat, respectivement le 16 et le 29 s<strong>ep</strong>tembre 1948.<br />

29

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