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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

société vivant en Tchécoslovaquie dans la république démocratique d’avant la Secon<strong>de</strong><br />

Guerre mondiale. Toutefois, si nous sommes désireux <strong>de</strong> voir ce qu’était cette<br />

émigration <strong>de</strong> 1948, ses traits particuliers se révèlent mieux dans la comparaison avec<br />

l’émigration suivant le Printemps <strong>de</strong> Prague en 1968.<br />

Le premier constat est que l’émigration <strong>de</strong> 1948 reste toujours incomparablement<br />

moins connue que celle <strong>de</strong> 1968. Elle se montre confuse, chaotique et obscure, comme<br />

si elle r<strong>ep</strong>oussait par sa matière même, mystérieuse, plus abstraite et plus anonyme, que<br />

son homologue <strong>de</strong> 1968. Ainsi, Egon Hostovský, écrivain tchèque qui a connu les trois<br />

vagues d’émigration – les <strong>de</strong>ux premières par sa propre expérience, la troisième en tant<br />

qu’exilé déj<strong>à</strong> « expérimenté », observant les nouveaux arrivants – a pu déclarer que<br />

l’émigration d’après Février 1948 lui paraît « la plus confuse » : « Tant <strong>de</strong> choses se<br />

passèrent, Munich, l’Occupation, la guerre, Février… Ils [émigrés] savaient qu’ils<br />

<strong>de</strong>vaient fuir, la peur <strong>de</strong> l’inconnu, <strong>de</strong> l’inexprimable les a poussés, mais peu <strong>de</strong> gens<br />

savaient clairement <strong>à</strong> quel endroit, au juste, ils appartenaient. » 15 Et parmi les savants,<br />

Antoine Marès, l’historien <strong>de</strong> l’Europe médiane, atteste qu’<strong>à</strong> la différence <strong>de</strong><br />

l’émigration <strong>de</strong> 68, celle d’après la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale « <strong>de</strong>meure méconnue,<br />

mystérieuse, secrète » 16 .<br />

Dans la réalisation du départ même <strong>de</strong>s émigrés, il n’y avait pas <strong>de</strong> comparaison<br />

possible entre les <strong>de</strong>ux vagues d’émigration. Dès le début <strong>de</strong>s années 1950, il ne fut plus<br />

du tout possible <strong>de</strong> s’éva<strong>de</strong>r, tant la clôture <strong>de</strong>s frontières était hermétique. Par contre,<br />

les émigrés <strong>de</strong> 1968 partaient plus facilement et les migrations purent continuer même<br />

dans la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Normalisation au cours <strong>de</strong>s années 1970 et 1980.<br />

Si les émigrés <strong>de</strong> 1948 ne pouvaient emporter presque rien <strong>à</strong> cause <strong>de</strong> la difficulté du<br />

passage <strong>de</strong> la frontière (« Nombreux sont partis presque nus, avec un bagage chargé <strong>de</strong><br />

soucis », comme dit le poète 17 ), et croyaient leur exil provisoire, ceux <strong>de</strong> 1968 quittaient<br />

le pays bien équipés, sachant et souhaitant <strong>à</strong> la fois, que le départ soit définitif 18 . Les<br />

premiers souffraient incomparablement plus du mal du pays, l’éloignement <strong>de</strong> la patrie<br />

15<br />

« Tolik se toho událo, Mnichov, okupace, válka, Únor… Věděli, že mají utíkat, hnal je strach<br />

z neznámého, n<strong>ep</strong>opsa<strong>tel</strong>ného, ale málokdo si ujasnil, kam vlastně patří. », E. Hostovský, Literární<br />

dobrodružství českého spisova<strong>tel</strong>e v cizině (aneb o ctihodném povolání kouzla zbaveném) (Aventures<br />

littéraires d’un écrivain tchèque <strong>à</strong> l’étranger (ou d’un respectable métier sans attrait)), Spisy Egona<br />

Hostovského, vol. 12, Praha, ERM, 1995, p. 176.<br />

16<br />

A. Marès, « Exilés d’Europe centrale <strong>de</strong> 1945-1967 », in : Le Paris <strong>de</strong>s étrangers <strong>de</strong>puis 1945, op. cit.,<br />

p. 129.<br />

17<br />

« Mnozí odcházeli málem nazí, se zavazadlem nabitým starostmi […] », J. Palivec, Prózy, dopisy<br />

z vězení, pozdravy přá<strong>tel</strong> (Proses, lettres <strong>de</strong> prison, salutations aux amis), Praha, Torst, 1996, p. 133.<br />

18<br />

Cf. A. J. Liehm, Minulost v přítomnosti (Le passé dans le présent), Brno, Host, 2002, p. 75.<br />

19

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