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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

années d’après-guerre (p. 144). Puis, dans un <strong>de</strong>s fragments formant la <strong>de</strong>rnière section<br />

du livre titrée « Ici et l<strong>à</strong>-bas » où Č<strong>ep</strong> fait l’éloge <strong>de</strong> son pays, la première partie<br />

soulignée <strong>de</strong> la phrase suivante ne se trouve pas dans les traductions tchèques : « Pour<br />

répondre au défi <strong>de</strong> Danton, jeté <strong>à</strong> la face <strong>de</strong>s émigrés français, je porte toujours son sol<br />

[celui du pays natal] collé <strong>à</strong> mes semelles. » 692 Il est probable que ces <strong>de</strong>ux passages<br />

finalement éliminés furent jugés par les éditeurs sans intérêt particulier pour le lecteur<br />

tchèque.<br />

Le cas <strong>de</strong> la troisième suppression est plus compliqué puisque la personne d’un <strong>de</strong>s<br />

traducteurs, Bedřich Fučík en l’occurrence, y est directement impliquée. Sur l’étendue<br />

<strong>de</strong> plusieurs pages Č<strong>ep</strong> raconte son amour pour Jitka, la fiancée et future femme <strong>de</strong> son<br />

ami Bedřich. Une conjecture assez naturelle s’impose : Fučík, considérant certains<br />

épiso<strong>de</strong>s du récit <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong> comme une atteinte indiscrète <strong>à</strong> sa vie et <strong>à</strong> celle <strong>de</strong> sa famille<br />

les a censurés tout simplement. Du reste les <strong>de</strong>ux extraits, qui ne renvoyaient pas <strong>de</strong> lui<br />

une image très flatteuse (ils font allusion <strong>à</strong> sa nature impulsive, brutale), ont pu<br />

provoquer un mouvement <strong>de</strong> jalousie ou d’irritation. Et comme c’est lui qui avait, en<br />

tant que personne prioritaire (l’un <strong>de</strong>s plus proches amis <strong>de</strong> l’auteur <strong>de</strong> l’auteur décédé<br />

et l’un <strong>de</strong>s traducteurs <strong>de</strong> l’ouvrage) sinon le <strong>de</strong>rnier mot, du moins une voix<br />

importante, il lui était certainement facile <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>ux petites excisions au cours <strong>de</strong><br />

l’établissement <strong>de</strong> la version définitive du texte. Faisons-nous donc l’honneur <strong>de</strong> publier<br />

pour la première fois ces <strong>de</strong>ux inédits, le premier décrivant une entrevue <strong>de</strong> l’auteur<br />

avec la tante <strong>de</strong> la fiancée :<br />

Quelques jours seulement avant le mariage, je suis allé voir la tante, pour ramener les <strong>de</strong>ux fiancés<br />

chez nous. Elle me dit tout <strong>à</strong> coup, en présence <strong>de</strong> sa nièce, <strong>à</strong> peu près ceci : « Vous savez, elle vous<br />

aime beaucoup, elle vous préfèrerait peut-être <strong>à</strong> lui ; mais vous le connaissez, il serait capable <strong>de</strong> la<br />

tuer… » Cela fut dit sur un ton mi-sérieux, mi-plaisant, et nous avons fini par en rire tous les trois ;<br />

mais j’en ai été profondément troublé. Lui, le fiancé, mon ami, arriva <strong>à</strong> ce moment même. –<br />

Ce fut peut-être la <strong>de</strong>rnière fois que je vis la tante, avant <strong>de</strong> sentir le poids mort <strong>de</strong> son corps, la<br />

soutenant sous les genoux pour la transporter <strong>de</strong> son lit <strong>à</strong> la petite salle. 693<br />

Le second marque une sorte <strong>de</strong> refroidissement <strong>de</strong> ses rapports avec le couple <strong>de</strong><br />

jeunes mariés dans les années suivant le mariage :<br />

Chaque fois d’ailleurs que je montrai un certain intérêt pour une autre [que Jitka], je sentais chez mon<br />

amie – et même chez son mari – comme un mouvement <strong>de</strong> jalousie et d’amertume, marqué par une<br />

légère moquerie. 694<br />

692 Ma Sœur l’angoisse, op. cit., p. 184.<br />

693 Ibid., p. 126-127.<br />

694 Ibid., p. 127-128.<br />

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