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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

la dualité en évoquant le double registre (comique et grave) et le dédoublement du<br />

narrateur (avec les personnages et au-<strong>de</strong>ssus). Toutes ces variantes prennent leur source<br />

dans l’image-mère <strong>de</strong> Č<strong>ep</strong>, son « double chez soi ». En outre, les mots-clés signifiant la<br />

séparation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux entités différentes, <strong>tel</strong>s que « abîme » (propast), « frontière »<br />

(hranice), « borne » (mez), « carrefour » (křižovatka), « limite » sont récurrents. En<br />

même temps, le sentiment <strong>de</strong> l’imbrication <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux réalités, <strong>de</strong> leur coexistence <strong>de</strong> fait,<br />

est très présent pour Jiří.<br />

De même que nous avons pu prononcer l’hypothèse que Les Tziganes sont le<br />

symbole <strong>de</strong> l’humanité en proie au désarroi <strong>de</strong> l’après-guerre, Les Trois Passants<br />

peuvent être interprétés également <strong>de</strong> façon symbolique. Č<strong>ep</strong> lui-même infléchit le sens<br />

<strong>de</strong> l’errance nocturne dans le pays natal, connu jusqu’aux moindres r<strong>ep</strong>lis, en tant que<br />

« mémento éloquent » pour les trois passants « qu’il est possible <strong>de</strong> s’effondrer <strong>de</strong> la<br />

certitu<strong>de</strong> matérielle quotidienne dans un pays sans nom et direction ; dans un mon<strong>de</strong> où<br />

non seulement la distance entre moi et toi, mais aussi la distance entre moi et moi<br />

s’ouvre en abîme infranchissable » 471 . L’errance nocturne étrange ne veut-elle pas<br />

suggérer que même les choses que nous prétendons connaître au plus profond cachent<br />

une partie mystérieuse ? Qu’il n’y a aucune certitu<strong>de</strong> dans l’existence humaine du<br />

mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> passer du paysage que l’on a connu ici-bas<br />

<strong>à</strong> cet autre désigné par Č<strong>ep</strong> comme le « royaume <strong>de</strong> la mort » où la vérité <strong>de</strong> nous et <strong>de</strong>s<br />

autres serait enfin révélée ? Nous sommes prêts <strong>à</strong> admettre une <strong>tel</strong>le interprétation.<br />

IV.3.5. Epilogue auctorial<br />

La partie que nous avons dénommée le dénouement se compose <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux segments <strong>de</strong><br />

nature différente. Le premier continue et parachève l’histoire <strong>de</strong> l’errance. Avec la<br />

retrouvaille <strong>de</strong> l’orientation au lever du jour, la tonalité et la narration retrouvent leur<br />

légèreté originale, interrompue par la sérieuse méditation sur la condition humaine sous<br />

la forme <strong>de</strong> la partie centrale. Plus intéressant est le second segment contenant les <strong>de</strong>ux<br />

<strong>de</strong>rniers paragraphes du récit. Nous pourrions le désigner sous le terme <strong>de</strong> l’épilogue<br />

471 « Dnešní bloudění jim však bylo zároveň výmluvným mementem: že se lze propadnout z každo<strong>de</strong>nní<br />

hmotné jistoty do kraje beze jména, do světa beze směru; do světa, k<strong>de</strong> nejenom vzdálenost mezi mnou a<br />

tebou, ale i vzdálenost mezi mnou a mnou, se rozevře jako n<strong>ep</strong>řekroči<strong>tel</strong>ná propast. », Œuvres III, p. 356.<br />

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