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[tel-00462108, v1] L'exil de Jan ?ep : contribution à l ... - HAL-Inria

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<strong>tel</strong>-<strong>00462108</strong>, version 1 - 8 Mar 2010<br />

IV.3.4. L’errance nocturne comme symbole du « double chez soi »<br />

Jusqu’<strong>à</strong> maintenant, nous avons mis en relief le côté ludique et léger du récit, son<br />

aspect humoristique, comique, qui prévaut dans l’exposition. Cete légèreté se traduisait<br />

par une tonalité gaie, joviale, correspondant <strong>à</strong> la rencontre entre amis autour <strong>de</strong> coupes<br />

<strong>de</strong> bon vin, plein <strong>de</strong> plaisanteries (toast <strong>à</strong> la barbe <strong>de</strong> Staline et <strong>à</strong> la Voie lactée), <strong>de</strong><br />

rires, <strong>de</strong> chants. Elle est soutenue par <strong>de</strong>s interventions du narrateur, par son jeu avec le<br />

lecteur, par <strong>de</strong>s paraphrases badines, comme nous l’avons montré. Au fur et <strong>à</strong> mesure<br />

que le vin est consommé, l’ambiance se détend <strong>de</strong> plus en plus jusqu’au point culminant<br />

<strong>de</strong> l’exposition, où, dans un spectacle grotesque, Jiří et « <strong>de</strong>moiselle » dansent la valse<br />

« au milieu d’un champ <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre, au cœur <strong>de</strong> l’obscurité <strong>de</strong> la nuit et au clair<br />

<strong>de</strong>s étoiles tandis que Karel et Antonín chantent : ‘Sur la prairie verte...’ ». Le dialogue<br />

qui met un terme <strong>à</strong> la partie gaillar<strong>de</strong> et qui précè<strong>de</strong> la scène <strong>de</strong> l’errance étrange mérite<br />

d’être r<strong>ep</strong>roduit :<br />

« Tu m’aimes, Jiří ? » <strong>de</strong>manda tout <strong>à</strong> coup Marie […]<br />

« Je t’aime », mentait courageusement Jiří.<br />

« Ne le dis-tu pas, parce que tu es saoul ? »<br />

« Je ne suis pas saoul, » mentait Jiří encore plus courageusement.<br />

Et ainsi, ils se séparèrent. » 466<br />

La scène centrale <strong>de</strong> l’errance nocturne se pose en contraste criant avec l’ambiance<br />

enjouée et la légèreté <strong>de</strong> l’exposition. La tonalité se comble <strong>de</strong> gravité, les champs<br />

lexicaux, les motifs et les thèmes introduits sont tout autres que légers. Ils forment <strong>de</strong>s<br />

isotopies d’obscurité, <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>, d’aliénation, <strong>de</strong> silence, <strong>de</strong> temps arrêté, <strong>de</strong><br />

mort : « obscurité illimitée », « obscurité difforme dans tous les sens », « comme si<br />

l’obscurité et l’insonorité se répondaient », « l’heure <strong>de</strong> l’intemporalité nocturne, au<br />

milieu du paysage sans chemin et sans direction », « silence <strong>de</strong>s ténèbres nocturnes » ;<br />

« le sentiment que le noir pousse <strong>de</strong> la terre, que la terre est une source profon<strong>de</strong><br />

d’obscurité », « abîme » (2 fois), « ce délaissement nocturne, cette intemporalité <strong>de</strong> nuit,<br />

466 « […] uprostřed brambořiště, uprostřed noční tmy a za svitu hvězd, zatímco Karel a Antonín zpívali:<br />

„Na tý louce zelený…“ „Máš mě rád, Jiří?“ z<strong>ep</strong>tala se znenadání Marie […]. „Mám,“ lhal statečně Jiří.<br />

„Neříkáš to, protože jsi opilý?“ „Nejsem opilý,“ lhal Jiří ještě statečněji. A tak se rozloučili. », Œuvres<br />

III, p. 351.<br />

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