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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Alors que la doxa pour affirmer l’adéquation réel/perception s’appuyait sur la<br />

confusion entre le réel / les sens de la perception / l’analyse de ces sens / la traduction de<br />

cette analyse par le langage / la connaissance de ces sens / la connaissance du réel, les<br />

<strong>paradoxe</strong>s relevés insistent pour leur part sur la distinction de toutes ces étapes de la<br />

perception. Ainsi la sensation est-elle tout à fait séparée du phénomène réel comme dans cet<br />

exemple extrait du poème En el curso del tiempo :<br />

Lo que siento caer sobre sus hombros no es el agua (porque<br />

no la hay), sino un cúmulo de sensaciones, lluvia quieta de estío<br />

recuperada a fuerza de imaginación, de olvido, el olor de los<br />

bosques que atravesara antaño, montado en una grupa que jamás<br />

usó. Fue su oficio mentir, hacer camino. 203<br />

Outre le décalage des personnes (le sujet qui a la sensation n’est pas le même que<br />

celui dont les épaules reçoivent la sensation) qui constitue un <strong>paradoxe</strong> du moi que nous<br />

étudierons dans une autre section, nous voyons clairement la scission entre la sensation de<br />

l’eau et la présence même de l’eau : la sensation n’est pas provoquée par l’eau, mais par le<br />

jeu de la mémoire, à laquelle la voix poématique associe le mensonge, puisque c’est une<br />

façon de récréer quelque chose qui n’existe plus en tant que tel, c’est-à-dire quelque chose de<br />

faux.<br />

La même séparation est affirmée entre le réel et le langage dans le processus de la<br />

perception :<br />

vivo donde no accede mi lenguaje<br />

ese sentido corporal que es mi muerte y mi doble<br />

que mira en mí que oye<br />

por mí que oculta bajo broza insensible<br />

la sensibilidad donde me reproduce<br />

sus trazos ofrecen el perfume de una flor que no existe 204<br />

<strong>Le</strong> langage est exclu du réel en ce qu’il nie toute possibilité de sensibilité : le langage<br />

est coupé de la perception, n’est qu’un élément interne à l’esprit du sujet. En cela il ne fait<br />

que reproduire quelque chose qui est senti comme le contraire de la vie, donc la mort.<br />

Néanmoins le langage permet une recréation de la sensation du parfum, sans que ce ne soit<br />

un élément du réel perçu 205 .<br />

203 LA, p. 241.<br />

204 LA, p. 280.<br />

205 Nous développons la relation entre le réel et le langage dans le chapitre suivant.<br />

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