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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Voici donc trois hendécasyllabes suivis d’un vers de quatorze syllabes qui construisent<br />

le <strong>paradoxe</strong> temporel de la persistance. <strong>Le</strong> schéma accentuel des deux premiers mètres est tout<br />

à fait doxique : 2 – 4 – 8- 10 ; 3 – 6 – 10. <strong>Le</strong> troisième hendécasyllabe en 3 – 6 – 8 – (9) – 10<br />

commence à ne plus respecter à la lettre le canon métrique et fonctionne comme une transition<br />

au dernier vers qui n’est pas un alejandrino malgré ses quatorze syllabes 604 . <strong>Le</strong> dernier vers<br />

exprime le <strong>paradoxe</strong> est l’articule lui aussi autour de la sixième syllabe qui sépare l’idée de<br />

persistance et d’absence entre le début et la fin de la proposition.<br />

En revanche, si les hendécasyllabes peuvent être utilisés de façon traditionnelle, ils<br />

peuvent aussi briser le carcan doxique historique pour accompagner la dimension paradoxale<br />

de la proposition. <strong>Le</strong> poème Maisonneuve en donne un exemple explicite :<br />

<strong>Le</strong>jos del aire donde fui, tendido<br />

junto a la sombra, toco mi espesor,<br />

un cuerpo ajeno que respira, que<br />

2 4 8 10<br />

me da nombre y volumen, no soy yo 605<br />

(2) 3 6 8 (9) 10<br />

Si comme précédemment, les deux premiers hendécasyllabes de cette série proposent<br />

un rythme et une organisation plutôt traditionnels (avec des accents sur 4-8-10 et 4-6-10), les<br />

deux suivant par contre ne respectent plus les conventions métriques. En effet le troisième,<br />

accentué sur 2-4-8-10, reproduit le schéma accentuel de l’hendécasyllabe saphique, mais au<br />

prix d’un enjambement très abrupt de la conjonction de subordination qui, repoussée en bout<br />

de vers et séparé par une pause forte (la virgule) oblige à le considérer comme tonique et<br />

provoque une suite de pauses (syntaxique et métrique) source de grande tension. L’ensemble<br />

de ces écarts de la norme métrique amène à faire de cet hendécasyllabe un vers non-doxique.<br />

<strong>Le</strong> quatrième hendécasyllabe quant à lui ne respecte pas un schéma accentuel<br />

traditionnel. En effet malgré deux premiers accents réguliers sur la troisième et la sixième<br />

syllabe, la fin du vers voit s’accumuler trois monosyllabes toniques. Cependant notre choix<br />

métrique oblige dans un mouvement inverse au cas précédent à considérer le verbe soy<br />

604 <strong>Le</strong> schéma accentuel du dernier vers va en effet à l’encontre du mètre traditionnel puisque malgré les quatorze<br />

syllabes ce n’est pas un alejandrino en ce qu’il n’est pas composé de deux heptasyllabes. Après les trois<br />

hendécasyllabes si réguliers et proches de la doxa métrique, nous pouvons voir dans ce dernier vers comme une<br />

frustration de l’horizon d’attente du lecteur qui s’attendrait à lire un autre hendécasyllabe. Cela correspond à la<br />

frustration du rythme que nous avons étudiée un peu avant.<br />

605 LA, p. 19.<br />

302

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