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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Alors que le premier vers, un hendécasyllabe saphique, se relie syntaxiquement au<br />

deuxième vers, un heptasyllabe, celui-ci en revanche a une pause à la quatrième syllabe et<br />

une pause plus forte en fin de vers avec le point. Si l'on considère la phrase constituant les<br />

deux premiers vers, on obtient un rythme de quatre groupes décroissants :esa silueta frágil (6<br />

syllabes) sobre el muro (3 syllabes) no hace nada (3 syllabes) discurre (trois syllabes), ce qui<br />

provoque comme un ralentissement, voire une immobilité : no hace nada.<br />

<strong>Le</strong>s trois premiers vers ne présentent pas de véritable tension avec le rythme de la<br />

syntaxe. En effet, la première phrase correspond aux deux vers d’ouverture et la deuxième<br />

phrase à l’hendécasyllabe suivant. <strong>Le</strong> schéma accentuel est lui aussi parfaitement doxique<br />

puisque les deux hendécasyllabes saphiques entourent un heptasyllabe très stable accentué en<br />

3-6. Sur la base de ce rythme régulier s’énoncent le début d’un sentiment de malaise,<br />

d’incompréhension où les termes majeur de la proposition paradoxale sont anoncés : le mur et<br />

le moi poématique.<br />

<strong>Le</strong>s 4 vers suivants forment une seule phrase et sont liés par deux enjambements puis<br />

sont ensuite clairement détachés par la virgule en fin de vers qui fait correspondre pause<br />

métrique et pause syntaxique. <strong>Le</strong> vers 4, una neblina espesa, par la rupture établie en fin de<br />

vers, donne toute son importance à cette brume, reprise de sombra, d'où va surgir avec peine<br />

le moi poématique. Alors que le premier alejandrino boiteux vient rompre la régularité<br />

rythmique, le sentiment paradoxal commence à être créé avec le nom inexistant du parfum qui<br />

cependant résonne : aunque suene en mi oído.<br />

<strong>Le</strong>s quatre derniers vers du poème explicitent alors ce que les premiers avaient mis en<br />

scène : la contradiction. <strong>Le</strong> vers 8, un alejandrino, est le plus important du poème, puisqu'il<br />

introduit une révélation. Ce vers est constitué de deux hémistiches liés par un enjambement<br />

interne ; le deuxième hémistiche fait porter le deuxième accent sur mí, en finale, ce qui est<br />

évidemment le pôle essentiel. Dans le vers, il s'oppose au mot muro, premier terme accentué.<br />

En effet là réside la contradiction, le sujet, je, en sait moins sur lui-même que le mur, objet<br />

inanimé qui garde la mémoire : le moi poématique est « parlé » par le réel qui l'entoure. La<br />

conséquence est que la parole est discréditée à travers une inversion totale entre l'animé et<br />

l'inanimé.<br />

<strong>Le</strong> vers 9, un alejandrino, développe cette contradiction dans le premier hémistiche où<br />

les deux accents (4-6) mettent en valeur les deux pôles : viví et supo alors que ce qui serait<br />

normal serait l'inverse (lo que vivió, lo supe). La conclusion est très dévalorisante pour la<br />

voix poématique, masque nié par la lumière : nous sommes face au même phénomène<br />

d'inversion voix/éléments extérieurs qui trouve son apogée dans le dernier vers : un<br />

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