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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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distinguons principalement les dissociations de la voix impliquant une séparation voix / moi,<br />

et les associations impliquant une voix incluant le moi et le non-moi.<br />

3.1. <strong>Le</strong>s dissociations de la voix<br />

Pour qu’il y ait une énonciation, il faut qu’il y ait un énonciateur, et donc en l’absence<br />

de moi il ne peut y avoir de voix. Par ailleurs alors que la communication peut établir un<br />

énonciateur silencieux (l’existence du sujet ne dépend pas de l’existence de l’énonciation), la<br />

spécificité de la poésie fait que si le moi se tait, alors il n’y a plus rien (aucun mot, aucun<br />

vers), c’est-à-dire que le moi n’existe pas. Aussi, puisque la poésie est un monde de mots, il y<br />

a égalité absolue entre moi et voix.<br />

<strong>Le</strong> <strong>paradoxe</strong> le plus fréquent de la poésie talensienne au sujet de la voix est de ne plus<br />

respecter cette égalité absolue, mais au contraire d’affirmer la séparation de l’un avec l’autre.<br />

Dès lors la voix n’appartient plus au domaine d’un moi, quel qu’il soit :<br />

Me despierto con el alba para descansar<br />

y oigo voces de nadie<br />

en la voz que tú escuchas<br />

como si hablara desde mí<br />

esa voz que dio nombre a tu locura. 424<br />

A travers cette citation du premier poème du recueil El hostal del tiempo perdido,<br />

outre le <strong>paradoxe</strong> de la voix singulière et plurielle, nous voyons que la voix n’est plus celle<br />

particulière d’un sujet : elle n’est pas celle du toi, ni celle du moi, et ne semble pas non plus<br />

être celle du lui. Elle n’est la voix d’aucun sujet, elle n’est celle de personne. La dissociation<br />

entre la voix et le porteur attendu de celle-ci amène à la même conséquence que<br />

précédemment, à savoir qu’elle est alors ressentie comme un élément étranger, qui n’est plus<br />

du champ du moi mais de l’autre :<br />

424 LA, p. 31.<br />

425 LA, p. 169.<br />

Así, con la voz ajena que es abrigo y no calla,<br />

hablo para ser tiempo, contra el tiempo,<br />

sin poder explicarlo,<br />

para cruzar la orilla que hace de un cuerpo un rio.<br />

Allí el murmullo dice yo, nosotros 425<br />

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